CRITIQUE / AVIS FILM - Adam Driver est de retour dans "65 – La Terre d'avant", un blockbuster de science-fiction où il affronte ndes dinosaures et tente de s'en sortir aux côtés d'une jeune enfant.
65 : un divertissement efficace
Après être apparu dans Le Dernier duel (2021) et House of Gucci (2021) de Ridley Scott, Annette (2021) de Leos Carax et White Noise (2022) de Noah Baumbach, Adam Driver revient au grand spectacle (il était dans la nouvelle trilogie Star Was). Il se lance cette fois dans une aventure préhistorique devant la caméra de Scott Beck et Bryan Woods, les deux scénaristes de la saga Sans un bruit. 65 – La Terre d'avant raconte comment le pilote Mills s'échoue sur la planète Terre, il y a 65 millions d'années, après le terrible crash de son vaisseau spatial.
Il est le seul survivant, avec une petite fille, Koa (Ariana Greenblatt), qui ne parle pas la même langue que lui. Les deux individus vont devoir affronter des dinosaures et parcourir 15 km en milieu hostile pour espérer atteindre la navette de sauvetage et rentrer chez eux.
La grande force de 65 – La Terre d'avant, c'est son efficacité sans prétention. Scott Beck et Bryan Woods ont l'intelligence de resserrer leur récit sur 90 minutes. Avec un laps de temps aussi court, les deux cinéastes vont à l'essentiel. Ils ne perdent pas leur temps en pérégrinations annexes inutiles, et les promesses de divertissement sont globalement tenues.
Adam Driver face à des dinosaures
Le public assiste ainsi à un survival plutôt joli, où Adam Driver dézingue du dinosaure avec une technologie avancée. Les réalisateurs proposent d'ailleurs des séquences d'action réussies. Point fort du long-métrage, l’esthétique des décors et des créatures, et la fluidité de l'action permettent d'offrir quelques scènes rythmées d'une violence (soft) impactante. Mention spéciale à la scène dans les cavernes très soignée.
Les deux metteurs en scène parviennent de plus à imposer une certaine tension grâce à des dinosaures qui n'ont pas grand chose à envier aux monstres de la saga Jurassic World. Les cinéastes enchaînent les références, plus ou moins réussies. De Jurassic Park à Le Sixième continent, en passant même par La Route et Interstellar, ils citent leurs aînés, parfois un peu gratuitement, tant 65 – La Terre d'avant reste un film calibré, avec un cahier des charges simpliste et une ambition mesurée.
Une relation père/fille lourdingue
Si 65 – La Terre d'avant réussit sa partie action, il se plante totalement sur sa dimension émotionnelle. Scott Beck et Bryan Woods plombent leur récit avec non pas une, mais deux relations père/fille caricaturales et poussives. Dès les premiers instants du film, qui présentent Mills et sa fille mourante, on sait que le long-métrage va s'enfermer dans le pathos autour des thématiques familiales. Puis, vient la fille de substitution, le courage et la foi retrouvés du héros désabusé, l'opposition des deux individus pour une connexion en fin de film... Tous les clichés y sont, et les deux pieds dans le plat s'il vous plaît.
Ponctué de quelques traits d'humour bas de gamme, 65 – La Terre d'avant est donc surtout embarrassé par Koa. Un personnage agaçant, figure de soutien pour Mills, qui se la joue E.T. L'Extraterrestre pendant toute la première partie du film. Surfant sur The Mandalorian (on peut penser aussi à The Last of Us bien que trop récent pour influencer le film), qui met en scène Pedro Pascal avec un enfant dans les pattes, 65 – La Terre d'avant s'encombre d'une obligation qui aurait été facilement évitable.
À cause de cela, 65 – La Terre d'avant passe à côté de son plein potentiel. Cette production Sony Pictures aurait gagné en profondeur à préférer opter pour une approche plus sombre, plus adulte et surtout plus horrifique. Scott Beck et Bryan Woods auraient dû s'écarter du chemin grand public et de cette relation poussive entre les deux personnages, pour insuffler une dimension survival immersive et horrifique nécessaire.
65 - La Terre d'avant de Scott Beck et Bryan Woods, en salles le 15 mars 2023. Ci-dessus la bande-annonce. Retrouvez ici toutes nos bandes-annonces.