Vendue comme une "digne suite" nouvelle génération de la saga "50 nuances de Grey", cette adaptation pour adolescents du best-seller d'Anna Todd, "After - Chapitre 1", n'effleure jamais ses prétentions érotiques.
On vous voit arriver : critiquer un film de ce genre est-il devenu trop facile ? Depuis les (douloureuses) sortie des trois films qui composent aujourd'hui la saga 50 nuances de Grey, on craignait la démocratisation de produits filmiques trop formatés, voire mensongers quant à leur propos de base : l'érotisme. Puisque l'aventure d'Anastasia Steele et Christian Grey a tout de même été, il faut bien l'avouer, assez frustrante, du début à la fin.
Pour beaucoup de fans, l'adaptation cinématographique a toujours été plus pudique, plus frileuse, que son support originel - le bouquin. Ici, on part du même constat, avec une tranche d'âge un tantinet plus basse. Avec After - Chapitre 1, les producteurs (et l'auteure elle-même, très impliquée dans l'adaptation) ont pensé pouvoir relancer au cinéma une saga dans l'ombre du précédent mastodonte du même genre... Mais non, il n'y a ici (presque) rien à retenir. Toujours plus édulcoré, toujours plus absurde, le film n'est pas ce qu'il promettait (à supposer qu'il y ait eu des promesses ?). Et alors qu'il pourrait être un long métrage honnête envers le public visé, il se perd dans l'exposition, comme si ses suites au cinéma étaient déjà prévues, comme si ses arrières étaient assurés.
Bad trip poétique
Sur le papier,
After - Chapitre 1 commence sur un mystère - et à cela on dit "pourquoi pas ?" : la vie bien rangée de Tessa (
Josephine Langford) est tout d'un coup chamboulée lorsqu'elle croise le regard de Hardin (
Hero Fiennes-Tiffin, oui, c'est le neveu de Ralph Fiennes).
Intimidant, provocateur et violent, c’est le garçon ténébreux parfait pour briser une innocence - littéralement. Mais de toute cette histoire (qui même si on essaie de ne pas penser à
50 nuances, nous ramène constamment à
50 nuances), en découle uniquement de belles paroles, parfois trop écrites pour paraître crédibles, accompagnées d'actes invraisemblables. Surtout, lorsqu'il s'agit de croquer en plein dans son sujet - c'est-à-dire la découverte des corps, l'érotisme - le film ne semble pas arriver à la cheville de son roman. Les moindres scènes de sexe sont à la fois expédiées et gênantes, tout cela pour pouvoir s'ouvrir à un public plus large encore.
On ne peut pas prétendre vouloir parler de sujets aussi importants et qui font indéniablement partie de la vie - entre autres, la vie au lycée, le sexe - sans en vouloir y ajouter une once de réalisme.
Malgré tout, si After propose l'émancipation sexuelle d'une femme (ce qui est rare en général, donc à saluer) dans une dimension se voulant poétique, l'exécution est largement discutable. Ces images, ce propos, tout cela s'évapore une fois sorti de la salle de cinéma. Et c'est là que ça pose problème, puisque le film est sensé avoir des suites. Même si sur le papier, cela fonctionne (le livre est traduit dans plus de trente langues) pas sûr que le public trouve son bonheur sur grand écran.