CRITIQUE FILM - Le réalisateur Joe Cornish est aux commandes d’une grosse production, calibrée pour être le blockbuster de ce printemps. Avec un casting réunissant de très jeunes talents, une star internationale et un grand comédien en devenir, "Alex, le destin d’un roi" adapte la légende du roi Arthur dans l’Angleterre d’aujourd’hui, à hauteur d’enfant.
L’Angleterre, sa grisaille, son humour, et forcément ses légendes, la plus grande, celle du roi Arthur et de l'épée Excalibur. Véritable bien commun de la mythologie occidentale, cette légende médiévale a été maintes fois représentée au cinéma. Encore en 2017 Le roi Arthur : la légende d'Excalibur de Guy Ritchie remettait le couvert. En 2004, Clive Owen endossait aussi le rôle légendaire, dirigé par Antoine Fuqa.
Cette fois-ci, c’est tout à l’opposé d’une ambiance brutale que Joe Cornish (Attack the block) livre sa propre légende. Alex, le destin d’un roi est destiné à un public familial. Il offre les premiers rôles à Louis Serkis et Dean Chaumoo, Alex et Bedders, ainsi qu’à leurs deux harceleurs à l’école, qui deviendront vite leurs alliés. C’est ensemble qu’ils découvriront la solidarité, l’honneur, l’aide aux démunis, en somme le code de chevalerie cher au réalisateur, auteur d’un scénario très personnel. Des rues de la ville aux terres embrumées de Cornouailles, le voyage d’Alex est aussi un conte moral aux accents unificateurs. En plein Brexit, la résonance est particulière…
Des personnages très réussis qui portent le film
Face à ces enfants, il fallait un ennemi à l’opposé de leur innocence, et un Merlin capable d’assumer le fantastique style anglais, à la fois flegmatique et ferme, digne dans le second degré. Deux très solides performances donc, et d'abord celle de Rebecca Ferguson en maléfique Morgana, particulièrement bien réussie, sous un maquillage et des effets spéciaux spectaculaires. Elle est autant méchante qu’Alex et ses chevaliers sont de bonne volonté, et Merlin, Angus Imrie, est lui le parfait pendant comique et magique de cet affrontement.
Ce comédien, très actif au théâtre, fascine dans chacun de ses plans. Il partage par ailleurs ce rôle avec des apparitions de Patrick Stewart en Merlin âgé. Une des bonnes idées du film, et un clin d’œil au Excalibur de John Boorman dans lequel l’acteur jouait déjà l’enchanteur.
C'est qu'Alex, le destin d'un roi a dans son ADN les mythologies britanniques, et certaines séquences frôlent parfois une absurdité réjouissante. Lorsque les enfants, à Tintagel, s'équipent de reproductions touristiques d'armures, le jeu de Merlin nous emmènerait presque dans une scène des Monty Pythons. Et c'est probablement involontaire, tant le film se développe de plus en plus en roue libre.
Alex, le destin d’un roi, prix de l’enthousiasme
L’ambition du film est d’allier trois univers, presque trois cinémas, dans son interprétation de la légende : une dimension horrifique avec Morgana, une épopée pré-adolescente avec le jeune Alex, enfin une comédie fantastique et décalée avec Merlin. Malheureusement, cette grande ambition livre un récit imparfait, et le film manque d’harmonie et de cohérence.
La bataille finale par exemple, dans l’école d’Alex, fait suite à une union sacrée de tous les élèves, et on ne peut s’empêcher de ressentir une vague ambiance Poudlard-like. L’idée est bonne, mais elle arrive tardivement pour fonctionner entièrement. Il y a une profonde générosité et bonté dans Alex, le destin d’un roi. Ca part dans tous les sens, ça donne envie de pop-corn, au risque de parfois perdre un peu pied.
Mais même délié, Alex, le destin d'un roi ne souffre d’aucun temps mort. La touchante naïveté et les instants comiques succèdent à l’action de scènes fantastiques, parfois sans transition, mais sont assez réussies chacune pour conduire le spectateur au bout d’un film tout à fait plaisant et plein d’énergie.
Alex, le destin d'un roi de Joe Cornish, en salle le 10 avril 2019. Ci-dessus la bande annonce. Retrouvez ici toutes nos bandes-annonces.