CRITIQUE FILM - Moins de trois mois après la sortie de son mastodonte « Infinity War », Marvel revient déjà avec la suite de l’homme fourmis : « Ant-Man et la Guêpe », un film à teneur bien plus légère, véritable contre-pied du dernier Avengers.
Si certains espéraient avec Ant-Man et la Guêpe des réponses au final d’Infinity War – qui voyait la moitié de la galaxie réduite en cendres -, il n’en est rien. Le film se déroulant deux ans après les événements de Civil War, dans lequel Ant-Man venait en aide à Captain America. Appréhendé par le FBI sur le sol allemand, le revoilà à San Francisco, assigné à résidence par un bracelet électronique au pied. Mais à seulement trois jours de la fin de sa probation, Scott (Paul Rudd) voit resurgir ses anciens acolytes, Hope (Evangeline Lilly) et Henry Pym (Michael Douglas). Ces derniers désirant utiliser son expérience dans le vide quantique (premier film) pour tenter de ramener Janet (Michelle Pfeiffer), la mère d’Hope, qui a disparu dans ce même vide quantique il y a trente ans.
Du sombre Thanos au joyeux Ant-Man
Assez vite, le ton est donné avec Ant-Man et la Guêpe. À voir Scott jouer avec sa fille dans un labyrinthe en carton, il n’en faut pas davantage pour comprendre que le film sera, encore plus que d’habitude, porté sur l’humour et la légèreté pour se présenter comme une comédie familiale à tendance enfantine. Usant de nombreuses blagues pour entrecouper les scènes d’action, et ayant pour thème principal la réunion de la famille – celle de Scott lorsqu’il sera totalement libre, et celle de Hope qui espère sa mère.
Ant-Man 2 ne cherche donc pas à développer des enjeux dramatiques comme Infinity War, mais bien à être un simple divertissement sympathique. Ainsi, le plus jeune public devrait y trouver son compte. Déjà par l’humour général, dynamisé par le très bon Michael Peña en roue libre. Mais aussi par les scènes d’action qui, bien qu’inoffensives, jouent judicieusement sur les variations de taille - doit-on rappeler qu’Ant Man est capable de rapetisser et de grandir ?
Un manque de Ghost, mais une héroïne surprenante
Pour un public plus ambitieux, par contre, Ant-Man et la Guêpe peut laisser un sentiment d’inachevé. Principalement par rapport au personnage de Ghost (Hannah John-Kamen), la supposée vilaine qui tente de dérober le laboratoire de Pym pour soigner sa condition. Si visuellement elle offre des possibilités fascinantes, par sa capacité à disparaître et à traverser la matière, il est dommage de ne pas voir le film se centrer davantage sur elle pour en faire une ennemie aussi pertinente que Killmonger dans Black Panther. Elle reste néanmoins, comme dans ce précédent Marvel, le personnage le plus empathique, bataillant pour sa survie et à bout après des années de souffrance. Ses actes sont donc condamnables, d’autant que sa quête pour guérir impliquera une possible mort, mais sa volonté est compréhensible.
Il est alors dommage que le film n’aille pas plus loin en posant la question : une vie vaut-elle la peine d’être sauvée plutôt qu’une autre ? À l’inverse, Ant-Man 2 met malgré-lui les héros dans une position assez égoïste – un reproche qu’on peut faire à beaucoup des supers-héros actuels.
Enfin, même si Ant-Man et la Guêpe est loin d’être très surprenant dans son évolution du récit et ses retournements de situation, c’est peut-être moins le cas dans sa mise en place du personnage principal. En effet, ici il ne s’agit plus tellement de l’histoire de Scott, mais davantage de celle d’Hope, véritable héroïne de cet opus – qu’on aurait pu titrer La Guêpe et Ant-Man. Elle est ainsi construite intelligemment et portée à la même enseigne que ses acolytes masculins. Finalement, qu’un studio comme Marvel la présente avec autant de naturel, sans s’en servir comme outil marketing (Wonder Woman, Black Panther), elle est peut-être là la vraie surprise.
Ant-Man et la Guêpe de Peyton Reed, en salle le 18 juillet 2018. Ci-dessus la bande-annonce.