CRITIQUE / AVIS FILM - 17 ans après "Bad Boys II", le nouveau film de la franchise créée par Jerry Bruckheimer débarque sur nos écrans le 22 janvier, porté par le duo Will Smith - Martin Lawrence. Le film fait le choix salutaire d'appuyer sur l'humour plus que sur l'action façon Michael Bay, dont l'absence à la réalisation n'est pas préjudiciable, bien au contraire.
Que pouvait-on attendre d’un troisième Bad Boys ? Concrètement, pas grand chose. Après un second opus halluciné jusqu'à la migraine et éreinté par la critique, sorti en 2003 - un autre temps, Bad Boys for Life ne pouvait cependant pas sortir à un meilleur moment pour faire un sort à la saga. L’extension des franchises par tous les moyens étant à la mode, c’est le moment ou jamais pour que les bad boys Will Smith et Martin Lawrence reviennent. Une dernière fois ?
25 ans plus tard, presque rien n'a changé
Le scénario repose sur les mêmes bases depuis le premier film, Bad Boys, sorti en 1995. Mike Lowery (Will Smith) et Marcus Burnett (Martin Lawrence) sont deux agents des Stups de Miami. Le premier est flambeur, le second est père de famille, tout oppose ces deux collègues et amis, et c’est ce qui rend les situations amusantes et explosives. 25 ans plus tard, on retrouve cette même composition, parfaitement ouverte avec une excellente première scène d’action urbaine qui condense ce qui fait la signature de la franchise : de l’action survoltée, de l’humour, et du cool.
Bad Boys for Life se déroule de nos jours, le temps est passé, et Marcus est devenu grand-père. Mike conduit toujours une Porsche, et il se teint le bouc pour paraître plus jeune. Le film semble déjà prêt à tourner la page que Mike est attaqué par un cartel mexicain, des mains d’un jeune assassin sans pitié. Alors que Marcus venait tout juste de se mettre à la retraite, ils vont devoir reformer leur légendaire duo pour stopper les projets sanguinaires du cartel, dirigé par Isabel (Kate del Castillo). D’abord opposé à leur retour, leur capitaine, Joe Pantoliano, fidèle à lui-même, va accepter à la condition qu’ils travaillent avec une nouvelle équipe de choc, l’AMMO. De nouveaux personnages sont introduits, notamment Rita (Paola Nuñez) et Kelley (Vanessa Hudgens).
Le choc des méthodes et des caractères est un classique du genre, et Bad Boys for Life en joue dès qu’il peut. L’histoire n’a pas vocation à clore la saga, puisqu’elle exploite un peu plus les relations entre les personnages, dans une vaste taquinerie qui sert à constituer une équipe, une famille.
Bad Boys for Life, l’âge de raison
Mais en réalité, si Bad Boys for Life est un film globalement réussi, c’est parce qu’il a quelque chose en moins. Créée par Jerry Bruckheimer et réalisée jusque-là par Michael Bay, l'histoire se poursuit avec deux jeunes réalisateurs belges : Adil El Arbi et Bilall Fallah. L’absence du Bayhem (le style très chaotique de Michael Bay) dans ce film est une respiration bienvenue après le carnage de Bad Boys II. Plutôt que d’aller vers le style propre au réalisateur, ils ont joué la simplicité. De l’action compréhensible, un tempo vif mais serein et du temps pour laisser le duo comique Smith - Lawrence s’épanouir. C’est ainsi souvent drôle, et les deux acteurs jouent leur partition avec naturel.
C’est d’ailleurs les séquences comiques qu’on retiendra le plus, celles d’action pure étant souvent convenues et se reposant beaucoup sur le vaste armement disponible, sans la magie avec laquelle la franchise John Wick, par exemple, le fait. Il n’empêche que l’action proposée est un spectacle satisfaisant, avec une dose de violence équilibrée par une pointe de ridicule, enchaînant les fusillades où se croisent indifféremment tous les types de véhicules, hélicoptères compris.
C’est ainsi une situation étrange, parce que Bad Boys for Life n’apporte presque rien, il ne cherche pas à se renouveler à tout prix, et c’est sans doute la meilleure chose qui pouvait arriver à une franchise qui n’a pas les moyens de Fast & Furious ou Mission : Impossible. C’est un bon film d’action avec sa propre identité, il respecte toute la charte Bad Boys mais le fait sans insister, sans lourdeur, en assumant ce qu’il est. Un film d’action enthousiasmant mais oubliable et, paradoxalement, un troisième Bad Boys qui vaut le détour.
Bad Boys for Life, au cinéma le 22 janvier 2020. La bande-annonce ci-dessus. Retrouvez ici toutes nos bandes-annonces.