CRITIQUE / AVIS FILM - "Bad Education", porté par Hugh Jackman, met en images le plus grand détournement de fond d’une école publique aux Etats-Unis. Une histoire passionnante racontée dans un téléfilm en apparence chic.
Une folle histoire de détournement
En 2017 Cory Finley réalisait son premier long-métrage, Pur-sang (Thoroughbreds), une comédie noire dans laquelle Olivia Cooke et Anya Taylor-Joy mettaient en place le meurtre du beau-père de la seconde. Pour son nouveau film, Bad Education, le cinéaste s’intéresse cette fois à une histoire vraie. Celle du plus grand détournement de fonds d’une école publique aux Etats-Unis. En 2002, l’école de Roslyn à Long Island atteint la quatrième place au classement des meilleurs établissements du pays. Une réussite qui revient à Frank Tassone, directeur des écoles qui en une décennie a redéfini tout un système, de la maternelle au lycée, pour permettre aux élèves un meilleur épanouissement et des résultats en forte progression.
Pourtant, dès les premières scènes, on sent bien que quelque chose cloche au sein de cet établissement. Frank arrive sourire aux lèvres et dans un costume impeccable. Malgré sa position et ses responsabilités, il connaît chaque élève, se souvient des noms, de leur parcours et de leur situation familiale. Et même quand une mère d’élève vient se plaindre pour la énième fois du traitement de son fils, il sait rester calme et donner de son temps. Une image trop parfaite qui commence à s'égratigner au moment où est découverte la “petite fraude” de Pam, sa collègue à l’administration. 250 000 dollars (au moins) détournés pour ses dépenses personnelles. Vient alors le choix de la dénoncer ou non aux autorités. Car Frank voit large et pense aux conséquences d’une telle affaire. Si cela se sait, c’est toute l’école qui sera pénalisée, puisque son budget pour l’année ne sera plus validé, les enseignants s’en iront, Roslyn chutera au classement et le quartier perdra de son cachet. Dès lors, chacun au sein de l’administration et du conseil de l’école sent bien que ses privilèges seront touchés si l’affaire sort.
Bad Education laisse alors un temps face à un questionnement moral. Un acte illégal doit-il être dénoncée au risque de détruire les vies de tout un quartier ? L’enquête menée par Rachel, simple étudiante qui écrit un article pour le journal du lycée et découvre des révélations bien plus graves, se chargera finalement de répondre à cette question. Mais si l’histoire racontée dans Bad Education est évidemment passionnante, on ne peut pas en dire autant du long-métrage en lui-même. A part une répétition de plans face caméra, Cory Finley ne propose aucune originalité et se contente du minimum visuellement. Le réalisateur offre une mise en images des plus basiques du récit qui se déroule comme on lirait une page Wikipédia.
Certes, le ton dramatique et réaliste de Bad Education ne permet pas des propositions visuelles virtuoses, mais cela n’excuse pas une telle absence de personnalité. Dès lors le film ne fait que s’appuyer sur son casting solide sans être mémorable. Hugh Jackman est fidèle à lui-même dans le rôle de Frank Tassone, capable de laisser entrevoir une certaine ambivalence dans ce personnage que le réalisateur se refuse d’accabler totalement. A ses côtés Allison Janney est efficace dans le rôle de Pam tandis que la courte présence de Ray Romano n’est pas négligeable. Un minimum qui ne permet pas à Bad Education de se montrer indispensable, loin de là. D'ailleurs, le film ayant été acheté par HBO (pour une diffusion en France sur OCS), doit donc se contenter de passer directement par la case télé. Ce n'est pas plus mal.
Bad Education de Cory Finley, sur OCS le 13 septembre 2020. Ci-dessus la bande-annonce. Retrouvez ici toutes nos bandes-annonces. Le film était présenté au 46e festival de Deauville