CRITIQUE AVIS/FILM - Que se passe-t-il lorsque des beaux-parents refusent de couper les ponts avec leur gendre ? Voilà le pitch que Bénabar a soufflé à l’oreille d’Héctor Cabello Reyes pour composer la comédie « Beaux-parents ». Malgré un scénario trop alambiqué et prévisible, elle parvient à faire rire, portée par l’association plus que réussie de Josiane Balasko et Didier Bourdon.
Il y a dix ans de cela, alors que Bénabar peine à enregistrer son titre sur la séparation d’un couple vue par des beaux-parents accro à leur gendre, un ami scénariste lui rétorque : « T’es con, tu galères pour rien : ce que tu as écrit, ce n’est pas une chanson, c’est le pitch d’un film ». Voilà le point de départ de l’écriture à quatre mains de Beaux-parents, nouvelle comédie d’Héctor Cabello Reyes (Retour chez ma mère, 7 jours pas plus). Fervent admirateur de Feydeau et Labiche, ancien metteur en scène au théâtre, le réalisateur s'est nourri de son expérience pour composer un film cocasse et léger aux allures de vaudeville.
La nostalgie du vaudeville
Lorsque Garance se sépare d'Harold, c'est le drame. Pour Coline et André, attachés à leur gendre comme à un fils, il est impensable de le laisser partir. Si bien que lorsque Garance ordonne à ses parents de ne plus jamais le voir, ces derniers mettent en place une stratégie pour contrer cette règle. Désormais, ils verront Harold en cachette, au risque de se mettre leur fille à dos .
Une des réussites du film tient à sa composition. Construit comme un vaudeville, il dépoussière le genre et transforme le gendre en amant dans le placard. Les quiproquos fusent et offrent des comiques de situation remarquables, tels que la scène du restaurant, du petit-déjeuner ou encore du camping car, qui figurent parmi les meilleures. C'est gros, mais ça passe. Le spectateur se languit de voir arriver le prochain malentendu et savoure son omniscience. On a de la compassion pour chaque personnage. A la fois pour Garance, qui croit avoir été trahie, mais aussi pour Harold, victime d'une fâcheuse méprise, et pour ces beaux-parents/parents, incapables d'abandonner leur gendre.
Intergénérationnel, Beaux-Parents devrait amuser les trentenaires autant que les sexagénaires. Le choix d'un quarantenaire pour le personnage d'Harold n'est d'ailleurs pas anodin. Il était important pour le réalisateur et son co-scénariste de ne pas faire appel à un acteur trop jeune. Pour avoir ce lien amical et fraternel avec la famille, il fallait que ce personnage, comme celui de Garance, ait déjà eu des relations auparavant. Pas question pour eux de tomber dans l'écueil du gendre qui pique la fille de son papa.
Un bon divertissement, mais pas plus
La force comique du film tient principalement au duo Didier Bourdon/Josiane Balasko, absolument parfaits dans la posture du couple de retraités, dépassé par les événements. Le tandem apparaît comme une évidence et déclenche systématiquement le rire, là où Charlie Bruneau et Bruno Bénabar prennent davantage en charge la dimension émotionnelle. Tout ce qui tend à émouvoir est vite rattrapé par le rire. Au final, l'équilibre se tient, même si le personnage d'Harold manque parfois de crédibilité. Son chagrin est à peine palpable et le jeu de Bénabar aurait mérité une plus grande subtilité.
Ne vous attendez cependant pas à une comédie désopilante et mémorable. Beaux-parents amuse, distrait, mais ne laisse pas de trace indélébile. En dépit de rebondissements loufoques et de scènes grisantes, la trame reste totalement prévisible. Le final est attendu voire bâclé et certaines péripéties - ne trouvant pas de point de chute -, font tâche (Chloé dans la chambre d'hôtel, le malaise de Coline).
Beaux-parents d’Héctor Cabello Reyes, en salle le 19 juin 2019. Ci-dessus la bande-annonce. Retrouvez ici toutes nos bandes-annonces.