Bienvenue à Marwen : Steve Carell contre des poupées nazies

Bienvenue à Marwen : Steve Carell contre des poupées nazies

CRITIQUE FILM - Robert Zemeckis est de retour avec une nouvelle aventure humaine passionnante : Bienvenue à Marwen. Pour l'occasion Steve Carell interprète Mark Hogancamp, un génie visuel qui s'est adapté après une violente agression en créant un monde fictif peuplé de poupées. Une manière de se débarrasser de ses démons.

Après Alliés, Robert Zemeckis est de retour avec une nouvelle aventure humaine forte adaptée d'une histoire vraie : Bienvenue à Marwen. Porté par Steve Carell, le film raconte l'histoire de Mark Hogancamp, victime d'une amnésie totale après avoir été sauvagement agressé, et qui, en guise de thérapie, se lance dans la construction de la réplique d'un village belge durant la Seconde Guerre mondiale, mettant en scène les figurines des habitants en les identifiant à ses proches, ses agresseurs ou lui-même. Avec son village de poupées, il va tenter de remonter la pente et vaincre son traumatisme issu de cette violente agression.

Une superbe réalité alternative

La motion capture est devenue la meilleure amie des cinéastes. Encore une fois, cette technologie est utilisée au sein de Bienvenue à Marwen. Steve Carell et comparse emploient leur visage pour donner vie aux poupées. Comme dans le Mowgli d'Andy Serkis ce sont les yeux qui ressortent d'avantage de cet exercice technique. La peau des différentes figurines est lisse, très réaliste, tandis que les yeux mouillés d'être humain créent un véritable contraste entre ce qui réel et ce qui ne l'est pas. Il s'agit d'un petit détail vivant au milieu d'une nature morte mais animée par les effets spéciaux. C'est ce genre de détail qui permet de donner vie à des objets immobiles. Les poupées sont donc ultra réalistes, notamment grâce aux regards, avec lesquels toutes les émotions peuvent ainsi être transmises. Ces miroirs de l'âme collent parfaitement au sujet puisque Mark Hogancamp fait tout pour donner vie à ses figurines et fini même par ne plus reconnaître la réalité de la fiction. Ces figurines sont le ciment de son existence, et la motion capture était la technique la plus adaptée pour ces figurines.

Mark Hogancamp crée un véritable univers visuel. Devenu photographe après son agression, il raconte des histoires à travers ses figurines et la photographie. Une biographie puissante, pleine de générosité et surtout d'espoir. Zemeckis parvient bien à mettre en lumière la relation entre le réel et ce monde illusoire dans lequel il s'enferme. Deux mondes qu'il confond, qu'il mélange, et qu'il doit apprendre à distinguer pour affronter la réalité. Dans ce monde illusoire il est le roi, un soldat fort et séduisant, un chef de guerre invincible. Cela lui permet de déverser tous ses démons, toutes ses peurs, et de les écraser, dans un univers où il a le total contrôle. Sa mémoire est endommagée, il ne se souvient plus de certains éléments datant d'avant son agression. Son esprit est embrumé et il doit apprendre à vivre tel quel.

Une histoire touchante qui revient au grand cinéma de Zemeckis

Robert Zemeckis sait raconter des histoires humaines. Il suffit de se remémorer Seul au Monde et Forrest Gump pour s'en convaincre. Il est encore de retour avec un film très humaniste, cette fois adapté de faits réels. Après The Walk il se focalise encore sur une personnalité réelle au destin extraordinaire. Pourtant Mark Hogancamp n'est pas un individu mondialement célèbre. Et c'est cette faculté à se concentrer sur cet inconnu qui est intéressant. Dépeindre finalement le portrait d'un homme "normal", qui possède des névroses importantes. Un individu qui n'a pas révolutionné le monde, mais qui a simplement tenté de trouver un remède à sa dépression. Un moyen cocasse qui a fait le bonheur de certains curieux et a permis à Mark Hogancamp de finalement devenir quelqu'un. Il met en place une relation complexe avec ses figurines, autant néfaste que positive. Elles l'aident à affronter le monde mais l'enferment dans un mutisme illusoire. Zemeckis parvient bien à mettre en lumière ce mode de vie solitaire. Mark Hogancamp est simplement un mec qui a des problèmes mais qui parvient à les combattre avec énormément d'imagination et de productivité à la différence des individus lambda. C'est en ça que Mark Hogancamp est particulier. En son caractère timide mais inventif, facilement impressionnable et souffrant de violentes crises d'angoisses. Il doit affronter le monde par le prisme de ses poupées, malgré le jugement d'autrui et une solitude maladive.

Une histoire touchante, prenante, qui met en avant la névrose maladive que peut entraîner une agression. Bienvenue à Marwen raconte comment se relever d'un phénomène post-traumatique. C'est une œuvre passionnante sur la condition psychologique d'un être humain brisé. Une œuvre qui permet de relater les déviances psychologiques occasionnées par une forme de pression physique. Cela démontre comment ces deux fonctions motrices du corps humain sont indissociables l'une de l'autre. Quant à Steve Carell il est impressionnant de précision. Il incarne à la perfection ce personnage fragile, avec une subtilité intéressante, et énormément de spontanéité. Entre My Beautiful Boy et Bienvenue à Marwen c'est une belle année pour  Steve Carell. 

Bienvenue à Marwen de Robert Zemeckis avec Steve Carell, en salles le 2 janvier 2019. Ci-dessus la bande annonce. 

Conclusion

Bilan très positif

Robert Zemeckis dépeint le portrait d’un homme dépassé par les événements, qui se réfugie dans une réalité alternative dans laquelle il est le roi et où il peut tout contrôler. Visuellement superbe, Bienvenue a Marwen est surtout une touchante et intelligente explication de réactions post-traumatique.

Note spectateur : Sois le premier