CRITIQUE / AVIS FILM - "Black Panther : Wakanda Forever" vient conclure la phase IV du Marvel Cinematic Universe (MCU) avec pour mission première de rendre hommage au regretté Chadwick Boseman.
La perte de Chadwick Boseman
Black Panther : Wakanda Forever arrive dans le Marvel Cinematic Universe (MCU) après Doctor Strange in the Multiverse of Madness, plutôt convaincant grâce à ses tentatives horrifiques, et le médiocre Thor : Love and Thunder, marqué par de l'humour et une image bas de gamme. De plus, ce Black Panther 2 se présente comme le trentième long-métrage du MCU et la conclusion de la phase IV.
Mais c'est surtout un film qu'aurait dû porter Chadwick Boseman, qui incarnait T’Challa, le personnage principal - depuis 2016 avec Captain America: Civil War, et avec une première aventure solo en 2018 avec Black Panther. Le décès de l'acteur en 2020 fut une tragédie pour ses proches et a obligé Marvel à revoir ses plans. Ne souhaitant pas "simplement" remplacer l'acteur, Ryan Coogler et les scénaristes ont préféré inclure la mort du personnage.
Ainsi, Black Panther : Wakanda Forever devrait, à plus d'un titre, être un film majeur et mémorable au sein du MCU. Seulement, si ce n'est pour son hommage attendu à l'acteur, le film n'a de grand que sa durée (environ 2h40), et se révèle bien plus modeste dans son fond comme sa forme. Ce qui, avec Marvel, peut être autant une qualité qu'un défaut.
Une Black Panther émouvante avec Shuri
En effet, les dernières productions Marvel se sont parfois voulues trop grandioses et faussement complexes. Ici, Black Panther : Wakanda Forever revient au basique, à une échelle humaine, avec une origin story somme toute classique. Celle de Shuri (Letitia Wright), déjà introduite auparavant, mais qui, ici, devient l'héroïne.
Une héroïne marquée par le décès de son frère et qui, un an après, ne parvient toujours pas à faire son deuil. Les premières minutes rendent alors un vibrant hommage à Chadwick Boseman tout en étant assez justes sur le caractère de Shuri.
On ressent une véritable empathie pour elle et la culpabilité qui l'accompagne lui donne une profondeur nécessaire. Il y a parfois l'impression que le film pourrait virer totalement au drame, tant on sent poindre ici et là le fantôme de T'Challa. Mais passée cette première partie, Black Panther: Wakanda Forever offre une histoire déjà vue. Tout un tas de banalités prévisibles et une critique peu subtil des pays colonisateurs (à commencer par les Etats-Unis, pour le moins ironique).
Wakanda Forever, pas à la hauteur de son héritage
On sent l'œuvre tiraillée entre une volonté d'être plus intimiste (peu d'humour, ce qui est appréciable) et une obligation d'offrir le spectacle d'une superproduction. Mais sans jamais convaincre à ce niveau. Pour cette énième aventure du MCU, Shuri devra accepter de prendre le flambeau de T'Challa pour faire face à un nouvel ennemi, Namor (Tenoch Huerta), dont les raisons d'entrer en conflit avec le Wakanda sont particulièrement bâclées.
Outre l'introduction d'un univers aquatique qui offre un semblant de merveilleux (et encore, on est loin d'Avatar), la confrontation entre Namor et Shuri se fait surtout avec une succession de scènes d'action anecdotiques et imperceptibles dès qu'elles se déroulent la nuit, qui alternent avec des séquences dialoguées interminables autour de l'idée que la vengeance, c'est mal.
Bien sûr, on n'attendait pas de Black Panther : Wakanda Forever (ou tout autre film du genre) qu'il pose de grandes questions existentielles. Mais il y a le sentiment que bien plus aurait pu être fait. À partir de cette thématique, et de la question du deuil, Marvel a par exemple fait des choses intéressantes avec le personnage de Wanda. Le film préfère lui rester en surface et Ryan Coogler ne parvient même pas à donner un peu de personnalité à son œuvre, tout le contraire de son premier Black Panther.
Black Panther: Wakanda Forever de Ryan Coogler, en salles le 9 novembre 2022. Ci-dessus la bande-annonce. Retrouvez ici toutes nos bandes-annonces.