Blue Beetle : le Spider-Man du pauvre

Blue Beetle : le Spider-Man du pauvre

CRITIQUE / AVIS FILM - Après "The Flash", Warner Bros. et DC mettent en scène un nouveau super-héros avec "Blue Beetle", sorte de version hispanique et cheap de Spider-Man.

Blue Beetle : le film de super-héros que personne n'attend

C'est peu dire que l'attente autour de Blue Beetle était au plus bas. D'abord parce que ce nouveau super-héros issu des comics DC n'est pas le plus connu - bien qu'il soit apparu dans des œuvres papier dès la fin 1930, mais sous la houlette de Fox Feature Syndicate. Ensuite parce que l'univers DC au cinéma est clairement dans le mal depuis plusieurs années. Avec des changements de direction (James Gunn et Peter Safran désormais à la tête de DC Studio), des projets abandonnés (Batgirl), et surtout un enchaînement de films ratés.

C'est bien simple, depuis les excellents The Suicide Squad (2021) et The Batman (2022), Warner Bros. et DC ont connu trois échecs. Black Adam (2022), Shazam! La Rage des Dieux (2023) et The Flash (2023) ont été des échecs importants. Et alors que l'univers DC est en pleine refonte, Blue Beetle apparaît, comme ses prédécesseurs, comme une production perdue d'avance. L'absence de promotion autour est d'ailleurs révélatrice du peu d'espoir que doit avoir Warner Bros. à son sujet.

Xolo Mariduena - Blue Beetle ©Warner Bros.
Xolo Mariduena - Blue Beetle ©Warner Bros.

Dès lors, étant si peu engagé par cette réalisation de l'illustre inconnu Angel Manuel Soto, on se disait que Blue Beetle ne pouvait finalement que nous surprendre positivement. Dans un sens, c'est le cas. Car on peut dire d'emblée que le long-métrage n'est au moins pas aussi désastreux que les dernières productions DC. Ce qui n'en fait pas pour autant un bon film ni une proposition intéressante. Loin de là !

D'homme-araignée à homme-scarabée

Blue Beetle est en effet une origin story des plus classiques. On y suit Jaime Reyes (introduit dans les comics en 2006), un jeune garçon d'origine mexicaine qui revient à Palmera City après avoir été diplômé. Accueilli par sa famille, il revient déjà en héros, étant le premier Reyes à être allé à l'université. Mais la fête est de courte durée puisque sa famille (ses parents, sa sœur, son oncle Rudi et sa grand-mère) risquent de perdre leur maison dans les prochains mois.

À cause du développement de l'entreprise Kord, les loyers ont explosé dans leur quartier et il devient impossible pour ceux en bas de l'échelle sociale de s'en sortir. Évidemment, tout va changer lorsque Jaime (Xolo Mariduena) rencontre Jenny Kord (Adriana Barraza), qui lui confit un mystérieux scarabée que sa tante Victoria Kord (Susan Sarandon en roue libre) souhaite utiliser pour créer des armes. La création d'origine extraterrestre choisi alors Jaime et fusionne avec lui, lui offrant une sorte d'armure à la Iron Man.

Blue Beetle ©Warner Bros.
Blue Beetle ©Warner Bros.

Outre l'ironie de voir une immense entreprise comme Warner Bros. interroger sur les conditions de vie des immigrés mexicains (Marvel avait de son côté évoqué la question des réfugiés dans Ant-Man 3), Blue Beetle apparaît surtout comme une relecture du Spider-Man (2002) de Sam Raimi, en version hispanique et sans en avoir les qualités. Comme Peter Parker avant lui, Jaime Reyes va découvrir ses pouvoirs de manière bien maladroite, et passer par des étapes similaires. Notamment la perte d'un être cher, ponctuée par une dernière conversation rappelant fortement la séquence de Spider-Man 2 entre Peter et son oncle Ben.

La famille, c'est sacré !

Rien de bien original donc, ce qui donne le sentiment que Blue Beetle aurait probablement eut plus d'intérêt s'il était sorti il y a 20 ans. Sauf qu'à cela s'ajoute un personnage aussi peu mature et encore moins dégourdi que le Spider-Man de Tom Holland (dans le Marvel Cinematic Universe). Interprété par le peu charismatique Xolo Maridueña, Jaime devrait au mieux amuser un très jeune public. Car Blue Beetle se révèle extrêmement enfantin, particulièrement dans son dernier acte.

Mettant de côté toute crédibilité, le film voit la famille du héros lui venir en aide en investissant avec une facilité déconcertante une base ennemie remplie de soldats armés. Le simple fait d'avoir une famille soudée et quelques gadgets (dont un vaisseau en forme de scarabée capable de lâcher un gaz lorsqu'il se met en "mode flatulences") suffisant à affronter des tueurs sur-entraînés.

Blue Beetle ©Warner Bros.
Blue Beetle ©Warner Bros.

Quitte à sembler ridicule, Blue Beetle va au moins jusqu'au bout de sa démarche absurde dans le but d'insister sur les valeurs familiales, le soutien et l'amour de ses proches pour soutenir le héros. Et bien que la mise en scène d'Angel Manuel Soto soit anecdotique, le réalisateur se montre au moins raisonnable dans ses scènes d'action. Ce qui permet à Blue Beetle de ne pas sombrer dans la laideur visuelle la plus totale. Dès lors, le film a peut-être pour lui la chance de sortir après The Flash (notre critique), à côté duquel il n'est pas difficile d'être à son avantage.

Blue Beetle d'Angel Manuel Soto, en salles le 16 août 2023. Ci-dessus la bande-annonce. Retrouvez ici toutes nos bandes-annonces.

Conclusion

Note de la rédaction

Même s'il est moins raté que des films comme "The Flash" ou "Black Adam", "Blue Beetle" reste une proposition anecdotique. Un film peu intéressant, qui reprend beaucoup de la trame scénaristique de "Spider-Man" (2002) mais de manière plus enfantine et peu inspirée. La seule intention de vouloir mettre en avant un super-héros hispanique est clairement insuffisante.

Note spectateur : 3.33 (3 notes)