CRITIQUE / AVIS FILM - Après "Burn Out" Yann Gozlan revient avec "Boîte noire". Porté par Pierre Niney, ce thriller paranoïaque plonge dans le quotidien du BEA et l'étude d'une boîte noire après le crash mystérieux d'un avion.
Pierre Niney face au mystère d'un crash d'avion
En 2010 Yann Gozlan surprenait avec son premier long-métrage Captifs. Dedans, les membres d'une équipe humanitaire dans un pays de l'Est étaient enlevés et séquestrés. Un film efficace et particulièrement tendu à la limite du gore. Par la suite, il aura fallu attendre cinq ans avant de retrouver le réalisateur avec Un homme idéal (2015) dans lequel Pierre Niney joue un auteur raté qui profite d'un manuscrit trouvé pour signer le texte de son nom. Un résultat inégal malgré un bon pitch de départ et une capacité toujours à faire monter le suspense. Enfin, en 2018, Yann Gozlan revenait à quelque chose de plus brut. C'était avec Burn Out, porté par un François Civil nerveux. Pour Boîte noire, il retrouve Pierre Niney et poursuit son intérêt pour le thriller psychologique mais dans un décor inédit, celui du BEA (Bureau d'enquêtes et d'analyses pour la sécurité de l'aviation civile).
Après le crash d'un avion, le BEA doit mener une enquête sur la boîte noire de l'appareil. Est-ce un acte terroriste ou dû à un problème mécanique ? Difficile à dire. Même pour le spectateur qui assiste pourtant aux événements lors d'une très bon plan séquence. Reculant du cockpit jusqu'à la fameuse boîte noire et en passant par les zones des passagers, tout est fait pour qu'on se fasse une opinion, tout en laissant planer un certain doute.
L'importance du son
Ainsi, il en sera de même pour Mathieu Vasseur (Pierre Niney). D'abord mis de côté par son supérieur, il devra finalement prendre la suite de l'enquête et étudier la boîte noire. Yann Gozlan présente là un personnage extrêmement rigoureux et qui excelle dans son domaine. Un technicien attentif au moindre son qui lui permet de déceler les défaillances des appareils. Le film se positionne donc du point de vue d'un "anti-héros" ambigu (type de personnage récurrent chez le cinéaste) parfois à la limite de l'autisme. Pour nous placer à ses côtés, Yann Gozlan joue parfaitement sur le son et le ressenti de Mathieu face au bruit extérieur.
Un effet déjà utilisé dans ses précédents films. Notamment Burn Out, qui créait une sensation d'étouffement en nous plaçant dans la bulle du motard qui roule à grande vitesse. Évidemment l'effet est démultiplié ici par le personnage pour qui le son est primordial. Le résultat crée ainsi une tension perpétuelle et fait de Boîte noire un vrai film à voir en salle. Et ce, en dépit d'une absence de spectacle visuel à proprement parler.
Boîte noire évolue au fil des minutes pour passer d'un film d'enquête réaliste à un thriller paranoïaque sous fond de complot. Car après avoir estimé que l'accident était d'ordre terroriste, Mathieu commence à hésiter. En cherchant à revenir sur les événements, on commence alors nous-même à douter de ce dernier. Est-il finalement victime d'un complot ou bien simplement en train d'imaginer un coup monté ? Yann Gozlan n'a pas besoin de se lancer dans une mise en scène virtuose (à l'exception des passages dans l'avion). Au contraire, sa sobriété est ici une de ses qualités tant elle se montre complémentaire avec le sujet présenté en premier lieu avec un profond réalisme. Dès lors Boîte noire accroche par son suspense et l'interprétation une nouvelle fois sans faille de Pierre Niney, mais également de seconds rôles solides portés par Lou de Laâge, André Dussollier et Olivier Rabourdin.
Boîte noire de Yann Gozlan, en salle le 8 septembre 2021. Ci-dessus la bande-annonce Retrouvez ici toutes nos bandes-annonces.