CRITIQUE / AVIS FILM - Cécile de France et Vincent Macaigne sont absolument exquis dans "Bonnard, Pierre et Marthe", biopic romantique sur la vie de couple des deux artistes français.
Bonnard, Pierre et Marthe : vie de couple et d’artistes
Né le 3 octobre 1867 et décédé le 23 janvier 1947, Pierre Bonnard était un artiste-peintre français. Surnommé le "peintre du bonheur", il a immortalisé dans ses toiles colorées des visages, des corps et des lieux, à la campagne ou en ville. Parmi ses sources d'inspiration, il y a donc eu Marthe. Née Maria Boursin avant de devenir Marthe Bonnard (1869-1942), et également devenue artiste après sa rencontre avec Pierre. C'est leur histoire qui nous est racontée dans Bonnard, Pierre et Marthe, dans lequel Vincent Macaigne et Cécile de France incarnent avec brio ces deux figures.
Après la comédie La Bonne épouse (2020), le réalisateur Martin Provost revient donc aux artistes - après la peintre Séraphine de Senlis dans Séraphine (2008) et l'écrivaine Violette Leduc dans Violette (2013).
En amour pour Cécile de France
Sans vouloir faire offense à la mise en scène (élégante avec de jolies idées) du cinéaste, disons d'emblée que la qualité première de Bonnard, Pierre et Marthe est son casting. D’abord Cécile de France, qui rayonne plus que jamais dans ce rôle. La comédienne, avec sa gouaille de titi parisienne se montre charmante, délicieuse, pleine d’espièglerie au début de sa relation avec Pierre Bonnard. Il faut les voir se sauter au coup, courir nus dans les champs avant de sauter à l’eau. La définition même de vivre d’amour et d’eau fraiche.
Même si le récit du film a quelque chose de prévisible, avec toutes les étapes d’un drame romantique, l’attachement pour ce duo reste fort et primordial. Par la suite, l’héroïne Marthe s’assombrit tandis que les années avec Pierre finissent par l’user. Lui, un peu maladroit et au caractère doucement misogyne - correspondant à l’époque –, est également parfaitement porté par Vincent Macaigne.
Et bien que l’infidélité de Pierre fera perdre un peu de sympathie pour lui, « ses raisons » restent à prendre en compte pour maintenir notre empathie. En effet, c’est la peur d’une mort prochaine (mais qui finira par tarder) de Marthe qui sera la première cause de son éloignement. Notons au passage l'utilisation judicieuse de morceaux de Michael Galasso, dont Baroque (entendu notamment dans Chungking Express), créant une émotion certaine empreinte de tragédie.
Un drame romantique élégant
L’amour fou de Pierre et Marthe laisse alors peu à peu place aux reproches et à la jalousie. Une jalousie attisée maladroitement (ou volontairement ?) par Misia, interprétée par Anouk Grinberg, également grandiose. Cette dernière permet à Bonnard, Pierre et Marthe de s’éloigner parfois du biopic romantique classique pour y amener une certaine nostalgie. La nostalgie d’une femme, ancienne muse et objet de désir de tous ses copains artistes qui les a vus s'éloigner et qui a, elle, troqué son piano pour un mariage.
Bien que Misia soit un personnage secondaire du récit de Martin Provost, son parcours est un peu un miroir à celui de Marthe. Elle qui commence par l’amour avant de se découvrir un talent devant les toiles, révélé par une rupture passagère avec Pierre. Dès lors, même dans les moments les moins joyeux (dont un dernier acte émouvant), on ne peut s’empêcher de sourire devant Bonnard, Pierre et Marthe. D'y voir de l'espoir de la création.
Bonnard, Pierre et Marthe de Martin Provost, en salles le 10 janvier 2024. Le film a fait l'ouverture du 76e Festival de Cannes. Ci-dessus un extrait du film. Retrouvez ici toutes nos bandes-annonces.