CRITIQUE / AVIS FILM - "Braquage Final" est un thriller efficace qui joue habilement sur la quête historique de chercheurs d'objets d’art devenus braqueurs de banque par nécessité.
Quand la science se met au service de l’histoire
Jaume Balagueró, le réalisateur de la saga horrifique REC, offre à Braquage final son talent pour tenir en haleine les spectateurs avec de multiples rebondissements. Tous les ingrédients de ce thriller, qui lorgne clairement du côté d'Ocean's Eleven, sont en effet réunis pour 90 minutes de pure adrénaline. On accroche vite à cette histoire du coffre central de la Banque d’Espagne réputé inviolable, pourtant cambriolé pendant la retransmission en Espagne de la finale de la Coupe du monde de football de 2010 qui l'oppose aux Pays-Bas.
Braquage final, c’est d’abord la rencontre improbable de deux mondes. D’un côté, une bande de chasseurs d’objets d’art qui ne craint ni les risques ni les défis : Walter (Liam Cunningham), James (Sam Riley), Lorraine (Astrid Bergès-Frisbey), Simon (Luis Tosar) et Klaus (Axel Stein). Ils ont découvert au fond d’un bateau coulé dans les eaux espagnoles au XVIIème siècle, un trésor inestimable dont ils n’ont pas le temps de profiter. Les autorités refusent que des Anglais se l’approprient, et enferment le fameux trésor dans la banque d’Espagne.
De l’autre côté, un jeune ingénieur surdoué, Thom Laybrick (Freddie Highmore), convoité par plusieurs universités londoniennes mais qui n’est séduit, ni par les sommes d’argent, ni par les domaines de recherche qu’elles proposent. Walter, vieux loup de mer, aidé de sa jeune protégée Lorraine, attire l’attention de Thom et éveille sa curiosité en l’invitant à Madrid. Le jeune homme va s’amuser à relever haut la main le défi que lui soumet Walter. À savoir déjouer l’ingénierie du système sécurité bancaire, dit miraculeux depuis 70 ans. Bien sûr, Thom est convaincu de ne pas participer à un vol, mais plutôt à une bonne action.
Une Coupe du monde de football peut faire diversion
Et on comprend alors que Braquage final n'est pas qu’un énième film de casse, mais bien un récit initiatique. Car Thom est confronté à de multiples obstacles et épreuves qui lui permettent de révéler ses nombreux talents cachés, mais surtout de mûrir et de prendre des décisions d’adulte. En devenant le rouage principal de l’aventure, il découvre ainsi le poids de la pression et des responsabilités sur ses épaules, mais aussi le sentiment d’appartenance. Tout en étant par ailleurs l’objet de la méfiance et de la jalousie de James, qui voit en ce gringalet intello un possible rival aux yeux de Walter, son mentor.
Certes, Braquage final n’échappe pas aux clichés un peu faciles qui décrivent des personnages dénués de nuances. Le PDG de la banque d’Europe est ainsi présenté comme naïf, quand Gustavo (Jose Coronado), le chef de la sécurité, parano et méchant, fait de la menace une affaire personnelle. Lorraine, qui prend Thom sous son aile et lui donne confiance, est un peu trop sympa et jolie. Et James, un peu trop jaloux, met beaucoup de temps à reconnaître qu’il s’est trompé sur Thom.
Thom lui-même est dépeint comme un héros sans défaut, qui se dépasse toujours. Ainsi, il n’est pas du genre sportif mais va pourtant bien au-delà de ses possibilités physiques. Et on a encore trop tendance à voir en Freddie Highmore son personnage du génial chirurgien Shaun Murphy atteint du syndrome d'Asperger dans Good Doctor. La présence des services secrets anglais dans l’histoire, par le biais de Margaret (Famke Janssen, hélas méconnaissable en raison de ses nombreux liftings), est également loin d’être convaincante même si le twist final est bien vu.
Enfin, c’est précisément l’unité de temps et l’unité de lieu qui renforcent l’efficacité du suspense du film. Car en toile de fond de la préparation et du braquage en lui-même, l’ambiance et la présence des supporters espagnols en délire sur la place où se situe la Banque donnent le la du rythme effréné. Et on se laisse finalement prendre au jeu de Braquage final, qui fait le job et se révèle à la hauteur de ses promesses.
Braquage final de Jaume Balagueró, sur Canal+ le 30 avril 2021. Ci-dessus la bande-annonce. Retrouvez ici toutes nos bandes-annonces.