CRITIQUE / AVIS FILM - Brad Pitt voyage aux côtés d'une belle bande de tueurs dans "Bullet Train", nouveau film d'action fun mais oubliable de David Leitch.
Brad Pitt, au sommet d’une nouvelle comédie d’action
Pendant que Chad Stahelski continue de réaliser seul les films de la saga John Wick, David Leitch, son compère sur le premier opus, s’attèle à d’autres projets toujours aussi racoleurs. D’abord avec Atomic Blonde (2017), film d’action dynamique avec Charlize Theron pour casser des gueules en pleine guerre froide. Puis avec l’irrévérencieux Deadpool 2 (2018), avant de réunir Dwayne Johnson et Jason Statham dans l’épuisant Fast & Furious: Hobbs and Shaw (2019). Revoilà cette année le réalisateur avec Bullet Train (tiré du roman Marie Beetle de Kōtarō Isaka), vendu sur un concept accrocheur et un casting pas déplaisant.
En tête, Brad Pitt, qui se présente avec une certaine légèreté en tueur à gages engagé pour une mission en apparence simple : prendre un train entre Tokyo et Morioka, trouver une mallette, s’en emparer, et descendre du train. Sauf que Coccinelle (son surnom) est loin d’avoir de la chance. Dans ce train, d’autres tueurs sont également présents pour des missions plus ou moins liées à celle de Coccinelle. Que ce soit pour se doubler où à cause de malheureux quiproquo, tous ces criminels vont tenter de s’éliminer mutuellement.
Superstar qu’on ne présente plus, Brad Pitt est clairement l’attraction numéro 1 de Bullet Train. Affublé d’un look un peu ringard, grosses lunettes sur le nez et bob sur la tête, sa négligence dans tous les domaines amuse aisément. On le sent honnête et prêt à une certaine auto-dérision, comme c’était le cas dans Le Secret de la Cité perdue (seul intérêt du film). L’acteur est là pour s’éclater et il s’en donne à cœur joie pour notre plus grand plaisir.
Le plaisir éphémère de Bullet Train
Pour l’accompagner, Aaron Taylor-Johnson et Brian Tyree Henry font également le job, tout comme Joey King, tandis que Zazie Beetz est malheureusement réduite à une courte scène. David Leitch utilise ainsi des interprètes charismatiques (celles et ceux cités, et d’autres), parfois pour une simple apparition. L’influence du cinéma de Tarantino est évidente avec ces longs dialogues, ces conversations absurdes autour du dessin animé pour enfants Thomas et ses amis, et ces flashbacks à outrance pour rythmer un long-métrage qui ne lésine pas avec la violence.
Seulement, David Leitch n’est pas Tarantino. Certes, on ne boude pas son plaisir devant Bullet Train, avec des scènes d’action assez jouissives sur le moment, mais vite oubliées. Car le cinéaste veut en montrer le plus possible sans jamais s’arrêter. Montrer l’origin story des personnages (l’usage des flashbacks), tout en développant l’intrigue principale et en amusant la galerie. Le tout dans un esprit pop et kawaii pour s’assurer que le spectateur n’ait pas trop le temps de réfléchir.
C’est bien cela le problème. Même si on ne s’attendait pas à ce que Bullet Train soit autre chose qu’un divertissement amusant et explosif sans profondeur, le plaisir procuré ne peut qu’être éphémère puisque David Leitch ne laisse pas de temps de pause, nécessaire pour se fixer sur une image ou une réplique. Car entre deux séquences d’action, les passages « calmes » sont construits sur des répliques qui fusent, comme pour nous maintenir toujours en mouvement. Une véritable montagne russe qui peut être plaisante sur l'instant mais dont on ressort lessivé.
Bullet Train de David Leitch, en salles le 3 août 2022. Ci-dessus la bande-annonce. Retrouvez ici toutes nos bandes-annonces.