CRITIQUE / AVIS FILM –" C’est la vie " de Julien Rambaldi, est un film choral réussi qui aborde avec humour et délicatesse la mise au monde sous différents angles. Avec Josiane Balasko, Nicolas Maury, Léa Drucker, Youssef Hajdi et David Marsais.
C'est quoi, un père?
Le réalisateur Julien Rambaldi semble aimer les sujets qui traitent de l’intime, comme la famille et le racisme subi (Bienvenue à Marly-Gomont) ou l’amitié (Les meilleurs amis du monde). Dans C'est la vie, avec son coscénariste Thomas Perrier, il s’attaque à la maternité, la naissance, la parentalité, et finalement à ce qui fait qu’une femme devient une mère et un homme un père. Et il réussit, en mêlant humour subtil, émotions pures et réflexions de fond, à donner au spectateur la possibilité de s'identifier à l’un de ses personnages ou de se reconnaître dans certaines situations.
Car C’est la vie est un film choral, qui évite assez bien les écueils de ce type de films. Le spectateur suit en effet de façon équilibrée les parcours de vie en parallèle des cinq couples (les rencontres, les difficultés à avoir un enfant, la nature des couples, la conception). Aucun ne prend vraiment le pas sur l’autre, même si certains couples sont un peu plus charismatiques et certaines histoires plus poignantes. Mais les va-et-vient entre les familles sont bien rythmés et harmonieusement agencés. Les mères convergent toutes vers une unité de lieu (la maternité) dans une unité de temps (un soir de pleine lune, que la croyance populaire considère comme ayant une influence sur le déclenchement des naissances).
Les personnages ont tous un côté attachant et émouvant par leurs doutes, leurs peurs, leurs attentes et leurs failles face à ce moment unique, comme le dit Jean-Baptiste (Antoine Gouy). Lui qui doit gérer la présence intrusive et les lubies astrologiques et d’ode à la Mère-Nature de Mamoune (Anne Benoit), la mère de sa compagne Estelle (Sarah Stern), alors qu’il vit un drame personnel ce même jour, le confrontant encore plus à son rôle de père.
Un soir de pleine lune pas comme les autres
Ce qui est touchant dans C’est la vie, c’est le regard attendri que le réalisateur porte sur les pères- le film aurait d’ailleurs presque pu s’appeler « Naissance d'un père ». Ainsi, Guillaume (David Marsais), en province pour son travail, se démène pour arriver à temps à l’accouchement difficile de son épouse Chloé (Florence Loiret-Caille), enfin enceinte après de nombreuses Fécondations In Vitro. Il brave avec enthousiasme les obstacles et les éléments, avec l’aide de Sandrine (Julia Piaton), une inconnue qui doit absolument rentrer à Paris elle aussi.
Quant à Nathan (Youssef Hajdi), père rôdé de 3 enfants, il organise avec calme, bonne humeur et philosophie la vie de son épouse Manon (Léa Drucker) autour de ses contraintes professionnelles. Work alcoolic brillante, elle dirige une agence spatiale et négocie avec le gouvernement français, les syndicalistes guyanais et les clients qataris... jusque dans la salle d’accouchement, entourée de ses assistants. Le réalisateur a (de nouveau) offert à sa compagne à la ville un beau rôle dans des scènes particulièrement cocasses, avec des métaphores très justes entre naissance et accouchement d’un lancement de satellite.
Deux autres situations parentales moins normées sont traitées avec beaucoup de tact et de réalisme. Ainsi le couple homosexuel que forment Lan (Mélodie Richard) et Clémentine (Fadily Camara) a engagé un musicien looser Gaëtan (Thomas Scimeca) pour féconder Lan. Un géniteur qui se prend soudain d’envie de devenir père, au grand dam de Clémentine. Et enfin, le cinquième couple, qui n’en n’est pas vraiment un puisque Sophie (Alice Pol) et Jérôme (Tom Leeb) se sont rencontrés sur une application et ne le deviendra qu’à la naissance du bébé surprise. Car C’est la vie aborde aussi la place de chacun au sein de la famille, du couple ou même de la fratrie (les réactions de la petite fille qui va accueillir son demi-frère sont impayables). Et ce qui traverse tout du long le film, c’est l’amour et la complicité nécessaires pour accueillir un enfant.
Tout ce petit monde est sous la responsabilité de la sage-femme Dominique (Josiane Balasko) et du nouvel obstétricien Antoine Moretti (Nicolas Maury). Le réalisateur se délecte à montrer avec humour les deux écoles qui s’opposent et se détestent, mais vont apprendre à se connaître, s’admirer et s’apprécier. Ainsi la vieille garde riche de son expérience et de son (trop plein) d’humanité, et le jeune médecin imbu de lui-même et de sa théorie.
Evidemment -et c’est la marque de fabrique d’une comédie réussie -chaque personnage va être bouleversé par ces naissances, se révéler à lui-même et entamer une transformation salutaire. C’est la vie, qui doit beaucoup à la performance des acteurs, dont certains dans des rôles inattendus, est un véritable feel good movie qui remue et interroge, et renverra sans nul doute les spectateurs à des souvenirs personnels.
C’est la vie de Julien Rambaldi, en salle le 28 juillet 2021 – Ci-dessus la bande-annonce. Retrouvez ici toutes nos bandes-annonces.