Le réalisateur de State of Grace retrouve Brie Larson pour Le Château de verre, et continue de traiter des relations complexes entre un enfant et un parent abusif.
Après avoir été révélé avec States of Grace, le réalisateur Destin Cretton revient avec Le Château de verre. Une adaptation du roman autobiographique de Jeannette Walls dans laquelle il retrouve l’actrice Brie Larson. Le duo de States of Grace reformé, il y avait de quoi présager de bonnes choses. Dommage, le résultat ne parvient pas être entièrement à la hauteur des attentes.
L’histoire de Jeanette Walls est pourtant assez atypique. Avec son frère et ses deux sœurs, elle a eu une enfance pour le moins mouvementée avec des parents instables et irresponsables. Sa mère (Naomi Watts), se prend pour une artiste-peintre, tandis que son père (Woody Harrelson) alcoolique ne parvient pas à garder un emploi bien longtemps. Jeanette a donc vécu en nomade avec sa famille, allant d’une ville à l’autre en squattant des maisons abandonnées et sans être scolarisée. Le Château de verre raconte cette enfance dont se souvient Jeanette adulte (Brie Larson), qui évolue désormais dans un milieu bourgeois, aux antipodes des enseignements de son père.
States of Grace rencontre Captain Fantastic
De prime abord, Le Château de verre peut rappeler Captain Fantastic, Prix du Public et du Jury à Deauville l’année dernière, qui mettait en scène une famille isolée de la société. Il y a de ça bien sûr. Mais si celui-ci se présentait comme un feel-good movie, la nouvelle réalisation de Destin Cretton est avant tout un drame familial concentré sur la relation entre un père et sa fille. Un thème qu’il avait déjà commencé à traiter dans States of Grace qui mettait en lumière les failles et les blessures d’enfants, d’adolescents et d’adultes victimes de leurs parents. Un film d’une grande sensibilité sur la reconstruction personnelle, porté par des personnages à fleur de peau.
Une réalisation un peu trop classique
Avec States of Grace, Cretton se montrait sensible dans sa manière de filmer ses personnages et les émotions qui les submergeaient. Bien qu’il se focalise cette fois sur un groupe restreint, et plus particulièrement sur Jeanette et son père, le cinéaste semble pourtant presque débordé par son sujet. De plus, il s’avère ici relativement classique dans son approche. Utilisant la méthode assez simpliste du flashback pour faire se répondre les souvenirs de Jeanette et la remise en question de sa vie d’adulte, le réalisateur manque clairement d’audace. Il semble également rester trop en retrait, gardant une forme de distance entre la caméra et ses personnages dont il ne capte que le minimum et l'évidence.
Reste néanmoins un parti-pris intéressant. Celui de traiter de l’enfance de Jeanette par le regard « naïf » de cette dernière. Ainsi, les actes irresponsables et dangereux de son père apparaissent comme une drôle d’aventure que Cretton rend étonnamment sympathique. Et même si le spectateur peut se sentir perplexe devant, ceci n’est autre qu’une représentation issue du ressenti de l’enfant impliquée. Ainsi, au fil du récit et tandis que Jeanette grandira, Cretton parvient à délicatement assombrir son propos, jusqu’à faire basculer Woody Harrelson vers un rôle profondément antipathique, constamment repris par de sombres démons.
Une conclusion qui sauve de vraies longueurs
Finalement, bien que Le Château de verre peine parfois à vraiment émouvoir et dispose de longueurs, il s’en dégage malgré tout quelque chose d’honnête. Une sensibilité touchante, qui atteint enfin son but dans les derniers instants. Une scène finale simple, mais juste. On ne peut dès lors qu’accompagner Brie Larson et ses larmes. Car en dépit des pires épreuves traversées, dont certaines laisserons des marques à vie – comme ce corps brûlé et maltraité -, reste un lien indélébile. La comédienne, toujours excellente dans ce cinéma indé et d’auteur, compose à la perfection avec Woody Harrelson, tantôt chaleureux, tantôt inquiétant. Ensemble, ils mènent comme il se doit une relation complexe et conflictuelle entre père et fille. Dommage que le film, lui, n’ait pas eu droit de manière générale au même resserrement et à l’épure qui faisaient la beauté de States of Grace.
Le Château de verre de Destin Cretton, en salle le 27 septembre 2017. Ci-dessus la bande-annonce.