CRITIQUE / AVIS FILM - Les Warren sont enfin de retour dans "Conjuring 3 : Sous l'emprise du Diable". Sans James Wan à la barre, la dimension horrifique en prend un coup, mais le réalisateur Michael Chaves offre un regard nouveau sur le couple star de la saga.
Conjuring : jamais 2 sans 3
Initiés par James Wan, les deux premiers films Conjuring font partie de ce qui se fait de mieux en horreur contemporaine. Imaginés à partir des histoires réelles vécues par les Warren, couple de démonologues américains, la saga a fait des émules. En effet, elle s'est ensuite déclinée en plusieurs spin-offs. Le plus célèbre est consacré à la poupée Annabelle (dont la première apparition date de Conjuring). Mais ne nous mentons pas : aucun de ces épisodes n'arrive à la cheville des films de James Wan.
Cinq ans après les avoir quittés, les Warren reviennent dans un troisième film intitulé Sous l'emprise du Diable. Pour ce nouvel opus, Wan a laissé sa place de réalisateur à un nouveau venu : Michael Chaves. Les deux hommes se connaissent bien puisque Chaves a mis en scène La Malédiction de la Dame Blanche, sous la supervision de Wan. Ce dernier officie également en tant que producteur exécutif sur ce Conjuring 3, pour ne pas laisser son bébé sans surveillance.
Les Warren vont voir ailleurs
La force des films Conjuring réside dans la peur viscérale qu'ils déclenchent chez le spectateur, de par leurs dispositifs en huis-clos. Dans les deux premiers volets, l'horreur vient s'infiltrer dans la tranquillité familiale. Les longs-métrages ne s'aventurent quasiment pas en dehors des murs de ces maisons hantées, et Wan joue avec nos nerfs en usant de stratagèmes diaboliques pour venir déclencher la peur.
Dans ce Conjuring 3, Ed et Lorraine Warren s'aventurent sur d'autres chemins. Délaissant le concept de maisons hantées, le film se rapproche davantage d'un thriller d'enquête que d'un film d'horreur. Pour la première fois depuis le début de la saga, les Warren se retrouvent dans la peau d'enquêteurs qui doivent collaborer avec la police pour tenter d'élucider un mystère. Et pas des moindres. Ils vont devoir tenter de prouver qu'Arne Johnson, accusé de meurtre, était possédé au moment de son crime.
Comme pour les deux premiers volets, ce Conjuring 3 est basé sur des faits réels. Celui-ci est librement adapté du "procès du démon", très connu aux États-Unis, puisque c'était la première fois que la possession démoniaque était plaidée pour innocenter un détenu.
Les premières minutes du film sont saisissantes. Elles sont d'ailleurs les seules à réellement s'inscrire dans la continuité de la saga puisqu'elles se déroulent dans un lieu clos, en proie à une menace surnaturelle. Une fois l'introduction passée, Conjuring 3 bascule dans un autre genre.
Amour toujours
Contrairement aux deux premiers films, le temps et l'espace s'étendent dans ce troisième volet. Notre attention n'est alors pas concentrée sur une menace pouvant surgir de n'importe où, mais plutôt sur l'enquête que mène les Warren. La dimension horrifique s'amenuise, même si quelques séquences restent en mémoire (notamment celle de la morgue), mais elle décevra certainement les amateurs du genre. L'entité démoniaque est également moins effrayante que les précédentes. Mais ça n'est finalement pas si grave, car l'intérêt de ce Conjuring 3 réside ailleurs.
Dans ce film, Michael Chaves a recentré l'attention sur Ed et Lorraine Warren. Pour la première fois depuis le début de la saga, des flash-backs de leur jeunesse sont montrés à l'écran. Avec la disparition de Lorraine Warren en 2019, la dimension intime prend le pas sur l'horreur. Conjuring 3 n'est pas seulement un hommage à leur carrière de démonologues, c'est une déclaration d'amour à ce couple qui nous fascine depuis tant d'années. Nous connaissions les Warren, Michael Chaves nous présente Ed et Lorraine. Leur histoire d'amour est au centre du récit comme elle ne l'a jamais été avant. On prend la mesure de l'admiration qu'ils se portaient mutuellement, et du lien unique qui les unissait. La complicité entre Vera Farmiga et Patrick Wilson renforce la dimension intime du récit.
Le film décevra certainement les amateurs d'horreur par son manque de séquences marquantes, mais a le mérite d'offrir un regard nouveau sur les véritables héros de cette saga : les Warren.
Conjuring 3 : Sous l'emprise du Diable, en salles le 9 juin 2021. Ci-dessus la bande-annonce. Retrouvez ici toutes nos bandes-annonces.