CRITIQUE / AVIS FILM - Dans "Coup de théâtre", Saoirse Ronan et Sam Rockwell enquêtent sur un meurtre commis dans les coulisses. Un "whodunit" qui ne réinvente en rien le genre, mais qui mérite malgré tout le coup d'oeil grâce à son duo principal.
Coup de théâtre : meurtre sur les planches
Comment renouveler ou contourner un registre éculé qui reprend systématiquement le même schéma ? Dans l'ouverture de Coup de théâtre, le narrateur Leo Köpernick (Adrien Brody) - réalisateur hollywoodien sur le point d'être brutalement assassiné - explique que le whodunit est un genre qui fonctionne toujours de la même façon. Et le film de Tom George ne déroge pas à la règle, outre le fait qu'il s'agit d'un whodunit dans lequel les suspects participent eux-mêmes à un whodunit.
Un aspect "méta" vendu comme l'originalité d'un long-métrage qui ne joue pas autant avec les codes qu'il le prétend, mais qui se suit malgré tout sans déplaisir. Coup de théâtre débute dans les années 50, lors de la célébration de la 100e représentation de la pièce La Souricière d'Agatha Christie, dans un théâtre londonien. Le tueur se trouve évidemment sur les lieux dans cette séquence d'introduction qui présente tous les suspects, parmi lesquels le comédien Richard Attenborough (Harris Dickinson), le metteur en scène Mervyn Cocker-Norris (David Oyelowo) ou encore l'imprésario Petula Spencer (Ruth Wilson).
Jouant sur une reconstitution impeccable, usant d'artifices comme le split-screen de façon tapageuse, Coup de théâtre s'amuse d'abord à laisser penser qu'il prendra le temps de s'attarder sur chacun des potentiels coupables et qu'il ne cessera de jouer de son cadre limité mais cinégénique, optant pour un huis clos à la manière de La Souricière. Mais le film dévie rapidement de cette trajectoire. Une fois que le narrateur a brièvement présenté chacun des personnages présents sur le lieu du crime et que son cadavre a été déposé sur la scène pour accentuer l'horreur du meurtre, le long-métrage préfère se pencher sur ses enquêteurs.
Un duo d'enquêteurs parfait
Contrairement à de nombreux ouvrages d'Agatha Christie ou à ceux de Margery Allingham, références du genre, Coup de théâtre ne bénéficie donc pas d'une caractérisation précise des différents suspects et ne parvient pas vraiment à semer le doute dans l'esprit du spectateur, ce qu'il ne semble pas chercher à faire à tout prix. Tom George et le scénariste Mark Chappell développent en revanche parfaitement les policiers Stoppard (Sam Rockwell) et Stalker (Saoirse Ronan).
Le premier est un agent usé ayant un penchant un peu trop prononcé pour la bouteille. La seconde est une débutante nettement plus observatrice et adepte des jeux de mots foireux. Ils ne pouvaient évidemment que s'entendre et leurs interprètes prennent un malin plaisir à jouer sur des tons opposés, l'attitude blasée de l'un s'accordant merveilleusement à l'énergie de l'autre. À mesure que le film avance, les détails sur leur personnalité les rendent encore plus attachants et parfois même très touchants. C'est par exemple le cas lors d'une scène où Stalker prend le temps de border Stoppard, complètement ivre.
Si le long-métrage ne s'écarte jamais vraiment de son intrigue meurtrière, ces deux personnages l'éclipsent totalement, au point de rendre le final convenu. Coup de théâtre ne réussit donc pas à trouver le bon équilibre entre le portrait fantasque de ces protagonistes et la recherche acharnée des coupables, comme ont su le faire L'Assassin habite au 21, Le Crime de l'Orient-Express, Hot Fuzz, Les Huit Salopards ou encore À couteaux tirés avant lui. Un whodunit classique et anecdotique, qui doit énormément à son duo principal. Stoppard et Stalker mériteraient d'ailleurs une affaire un peu plus corsée...
Coup de théâtre de Tom George, en salles le 14 septembre 2022. Ci-dessus un extrait du film. Retrouvez ici toutes nos bandes-annonces.