Deux ans après « Le Réveil de la force », « Les Derniers Jedi » rappelle la magie de la saga Star Wars, même lorsque les espérances ne sont pas au rendez-vous.
Avec Le Réveil de la force, Disney avait su relancer comme il se doit la saga la plus célèbre de la galaxie. Cependant, on entendait souvent revenir l’idée qu’il ne s’agissait que d’un remake de l’épisode IV : Un Nouvel espoir. Un ressenti compréhensible, qu’on essayait justement d’expliquer dans notre article « Pourquoi Le Réveil de la force n’était PAS un remake ».
Pour Les Derniers Jedi, le sentiment est par contre plus mitigé. Disposant pourtant de liberté sur ce deuxième opus, avec des personnages déjà bien installés, Rian Johnson, à la tête de la production, reste bien trop proche des films précédents.
Ce sentiment de déjà vu
Et ce, dès les premières secondes, devant l’habituel résumé du film qui défile de bas en haut, qui devrait en faire serrer les dents plus d’un. Ainsi, Les Derniers Jedi semble évoquer, dans les événements et situations, de manière assez directe, L’Empire contre-attaque et Le Retour du Jedi. On repense ainsi à la fuite des rebelles de la planète Hoth et à la rencontre entre Luke et Yoda, d’une part. Puis à la dernière partie du Retour du Jedi, lorsque Luke fait la rencontre de Palpatine, d’autre part.
Néanmoins, Rian Johnson propose une structure de récit inédite dans la saga. Se concentrant sur une durée d’événements assez réduite – quelques heures, un peu à la manière de Rogue One, premier spin-off de la franchise. Ce qui est tout à son honneur, certes, mais qui provoque un sentiment de déséquilibre. Car plutôt que d’avoir un récit global suffisamment important pour faire vivre et évoluer les protagonistes, ceux-ci ne font que courir après un enjeu réduit à peu de choses. Un problème d’écriture qui rend alors le temps long. Et ce ne sont pas des retournements de situation inégaux, facilités par un usage de la force à outrance (on est entre le super-pouvoir et le tour de passe-passe grotesque), qui parviennent à rythmer le film.
La magie d’une saga unique
Les Derniers Jedi a donc de quoi décevoir à ce niveau-là. Et pourtant, la magie de Star Wars est là. Car cet épisode VIII dispose de tous les éléments qu’on attend d’un Star Wars – ce qui faisaient justement défaut à Rogue One. Offrant de nouvelles créatures fascinantes (adorables Porgs) et un mélange parfait entre comédie et épique. Même si Rian Johnson n’a pas une patte comme J.J Abrams (sauf lors de la destruction d’un Destroyer, vrai moment de cinéma), et un humour parfois lourdaud, le résultat reste tout à fait honnête. Offrant un spectacle visuel, dans ses combats dans l’espace comme au sabre laser. Et si l’intrigue générale fait défaut, ce n’est pas le cas du traitement des personnages.
On retiendra avant tout Leia, autour de laquelle tout semble être fait pour rendre un hommage poignant à Carrie Fisher, morte le 27 décembre 2016. Mettant en avant la nécessité de garder espoir, quand bien même la lumière s’éteindrait, on n’a rarement vu la princesse aussi touchante et humaine. Il en va de même pour Luke (Mark Hamill), qui apparaît à des années lumières de l’image de jeune premier qu’il a longtemps porté. Enfin, si Rey (Daisy Ridley) et Kylo Ren (Adam Driver) sont intelligemment développés, la présence d’une seconde héroïne, Rose (Kelly Marie Tran), reste l’une des bonnes surprises.
Les Derniers Jedi fait donc plaisir, en dépit même de moments gênants et de mauvais goût, comme cela avait été le cas dans L’Attaque des clones. À l’image de confrontations télépathiques, à un fil de basculer du mauvais côté. Mais c’est peut-être davantage l’univers en soi qui parvient toujours à ravir, que cet opus qui sert finalement d’entre d’eux avant une bataille finale annoncée.
Star Wars - Les Derniers Jedi de Rian Johnson, en salle le 13 décembre 2017. Ci-dessus la bande-annonce.