The Pod Generation : Emilia Clarke brille dans une jolie comédie futuriste

The Pod Generation : Emilia Clarke brille dans une jolie comédie futuriste

CRITIQUE/AVIS FILM - On rit, on s'intrigue et on réfléchit devant "The Pod Generation", la comédie dramatique de science-fiction de Sophie Barthes portée par Emilia Clarke. Mais on peut regretter un défaut de sensations, pour un sujet qui avait a priori tout d'une aventure plus charnelle et plus humaine.

The Pod Generation, film ultra-contemporain

Avec son troisième long-métrage The Pod Generation, présenté dans la sections Premières au 49e Festival du cinéma américain de Deauville, Sophie Barthes s'avance en terrain connu. En effet, ses deux précédentes réalisations sont aussi passés par la côte normande, Âmes en stock en 2009 et Madame Bovary en 2015. Représentante d'un cinéma d'auteur élégant et très en prise avec les thématiques contemporaines, c'est dans ce genre que s'inscrit The Pod Generation. Une comédie romantique à l'accent dramatique, développée dans un futur très proche où l'IA est toute-puissante.

L'histoire de The Pod Generation est celle de Rachel et Alvy, un couple new-yorkais qui projette d'avoir un enfant. Mais tous les deux n'ont pas la même approche du projet. Rachel, cadre dans une agence de marketing où l'IA est le premier outil, se voit offrir une place au Centre de l'Utérus, une société qui propose des fécondations in vitro et un développement du foetus dans un "pod", un "oeuf" constitué d'une technologie dernier cri. Sans le dire à Alvy, botaniste et amoureux de la nature, et très critique du développement de l'IA...

Esthétique léchée et casting inspiré

Porté par Emilia Clarke et Chiwetel Ejiofor, tous les deux parfaits pour constituer ce couple, The Pod Generation a quelques airs d'After Yang. C'est-à-dire que ce futur a quelque chose de familier, de logiquement anticipé, tout en réservant quelques surprises. L'IA est ainsi devenue très personnalisée, à la maison comme au travail, devinant et anticipant les envies et besoins des humains.

La nature est devenue un archaïsme et les urbains n'y vont plus, ayant la facilité de passer plutôt des moments dans des "pods nature", qui en reproduisent les sensations. La nourriture est produite par des imprimantes 3D. Le monde de The Pod Generation est propre, ordonné, clair, et très beau dans le cadre soigné de Sophie Barthes.

The Pod Generation
The Pod Generation ©Scope Pictures

La technologie semble avoir rendu tout facile, sans effort, jusqu'à la procréation même. Pour s'éviter les affres de la grossesse, pour formuler une revendication politique aussi, celle de la liberté des femmes à user de leur utérus comme elles l'entendent, les naissances "artificielles" ont donc le vent en poupe.

La star de Game of Thrones et son partenaire masculin développent avec brio l'antagonisme - léger - que leur donne à jouer l'écriture de Sophie Barthes. On rit ainsi à plusieurs reprises, notamment quand Alvy accepte de se rendre chez une IA thérapeutique, représentée par un oeil géant entouré de fleurs. Aussi, on rit de leurs premières hésitations à manipuler le "pod", à manquer de le faire tomber, à le cogner lorsqu'ils le portent. On rit, et on est surtout interpelés par la question que pose la réalisatrice : sommes-nous à l'aise à l'idée de confier autant de vie à la technologie ?

Réfléchir, à défaut de ressentir

The Pod Generation se penche intensément vers une oeuvre comme Her de Spike Jonze. La thématique de la technologie et du rapport que les humains y développent est centrale. Elle est montrée, elle est dite sans être sur-signifiée, mais elle semble capter tout l'effort de Sophie Barthes, qui en oublie en partie l'émotion. En effet, sur un sujet aussi intime, The Pod Generation manque de sensations. Comme si le discours était trop important pour être suggéré par l'image et le son, le film manque de chair, de joie et de peines.

Rachel (Emilia Clarke) - The Pod Generation
Rachel (Emilia Clarke) - The Pod Generation ©Scope Pictures

En réalité, l'inquiétude d'Alvy est plus politique et collective qu'instinctive et personnelle. Le désir de maternité de Rachel n'apparaît pas comme viscéral, mais plutôt comme une étape conventionnelle de son accomplissement personnel, il en apparaîtrait presque "artificiel". Si les personnages sont ainsi sérieusement développés, ils manquent paradoxalement d'humanité.

Une carence qui se traduit par l'absence de cris, de drames, de gravité. Ou, à l'inverse, de joies et de moments d'ivresse. Le "pod" fonctionne-t-il correctement ? L'enfant sera-t-il "normal" ? Un bref instant, un personnage évoque le fait que les enfants nés d'un "pod" ne rêvent pas... L'idée est brillante, terrifiante. Mais elle n'a malheureusement n'a aucune suite.

Malgré sa très jolie production et des interprétations soignées - on retient aussi Rosalie Craig, à la fois glaçante et très drôle directrice du Centre de l'Utérus -, The Pod Generation se concentre trop sur son opposition conceptuelle entre le naturel et l'artificiel. Une dialectique idéale pour traiter de la condition humaine, mais qui perd beaucoup de sa force à défaut d'être accompagnée de sensations, de réelles mises en situation du drame qui doit nécessairement se jouer.

The Pod Generation de Sophie Barthes, en salles le 25 octobre 2023. Ci-dessus la bande-annonce. Retrouvez toutes nos vidéos ici. 

Conclusion

Note de la rédaction

"The Pod Generation" est une jolie réussite, qui mêle au genre de la comédie romantique une anticipation de science-fiction intéressante. Avec ce beau casting et ses très bonnes idées, il reste néanmoins la sensation d'un geste retenu sur les sensations. À voir.

Note spectateur : Sois le premier