CRITIQUE / AVIS FILM – Si des films comme « Margin Call » ou « The Big Short » se sont intéressés à la crise économique de 2008, « Default » revient lui dix ans auparavant, avec la faillite de la Corée du Sud en 1997, en présentant aussi bien les responsables que les victimes de cette crise et ceux à qui le malheur a pu profiter.
En 1997, la Corée du Sud a connu une importante crise économique. En raison d’un nombre trop élevé d’emprunts accordés, une réaction en chaîne a provoqué la faillite du pays. Pour s’en sortir, le gouvernement a dû notamment effectuer un emprunt auprès du FMI, qui a alors établi des conditions désastreuses pour les années à venir : licenciements massifs, augmentation des taux d’intérêt, ventes d’entreprises aux transnationales des pays les plus industrialisés…
Faillite globale pour enrichissement personnel
Avec Default, le réalisateur Choi Kook-hee s’intéresse sur quelques jours à ce qui a provoqué cette crise économique et comment le gouvernement a tenté de trouver une solution. Évidemment, dans ce genre de film, le jargon économique est la partie la plus complexe. On se souvient de The Big Short qui schématisait avec humour les grandes lignes de la crise de 2008. Default ne fait quant à lui pas dans la légèreté, mais parvient tout de même à faire comprendre l’essentiel en mettant en scène trois groupes de personnages.
D’abord, il y a Han Shi-hyeon (Kim Hye-soo, excellente), qui travaille à la Banque de Corée et a découvert la crise imminente. Elle fait ainsi partie de la petite équipe gouvernementale qui tente de sauver le pays. Sauf que dans cette situation, des politiques n’hésitent pas à en tirer un profit personnel avant tout. Raison pour laquelle le ministre des Finances poussera pour que le gouvernement se tourne vers un emprunt auprès du FMI.
C’est probablement cette partie du film qui est la plus passionnante. Le cinéaste mettant en scène une sorte de course contre la montre tandis que les plus grandes entreprises du pays commencent à tomber les unes après les autres. De plus, l’intervention du FMI, dont le représentant est interprété par Vincent Cassel, qui en impose, permet de creuser encore davantage les ressorts de cette affaire. Avec Default, on comprend que le FMI n’est pas venu en sauveur de la Corée, mais a profité de la situation pour imposer des conditions leur profitant, et profitant aux Etats-Unis, impliqués en secret.
On peut alors regretter que Default ne se soit pas encore plus centré sur ces éléments et notamment sur la dualité entre Han Shi-hyeon et le personnage de Vincent Cassel. La jeune femme se faisant régulièrement rabaissée (car étant une femme), mais étant pourtant la seule au milieu d'hommes incompétents ou sans morale à pointer les désastres à venir.
En même temps, Default présente Jung-hyak, un jeune trader qui, sentant la crise à venir, décide de parier dessus. On retrouve là les mêmes principes que dans The Big Short, avec une même question morale qui se pose : faut-il se réjouir de sa richesse faite sur la faillite des autres ? Et enfin, avec Gab-su, un homme à la tête d’une petite entreprise, Default trouve de l’émotion. Ce dernier étant une des victimes collatérales de la banqueroute, celui qui est en bas de l’échelle sociale sera le plus impacté, tandis qu’on tentera de sauver les plus grosses entreprises.
Ainsi, Default offre une représentation globale de la crise économique, pointant ses causes et ses conséquences directes. Avec ce film, Choi Kook-hee règle ses comptes avec le gouvernement responsable, mais également avec les banquiers incompétents, ou encore les médias, et offre surtout une représentation effarante du FMI, qu’incarne Vincent Cassel, une nouvelle fois parfait tout en cynisme.
Default de Choi Kook-hee, présenté lors du 14e festival du film coréen à Paris. Ci-dessous la bande-annonce. Retrouvez ici toutes nos bandes-annonces.