Demons in Paradise : un documentaire important sur la guerre civile au Sri Lanka

Demons in Paradise : un documentaire important sur la guerre civile au Sri Lanka

CRITIQUE FILM - Ce 21 mars sort sur les écrans "Demons in Paradise", un film documentaire courageux sur la guerre civile au Sri Lanka en 1983.

Jude Ratnam raconte dans Demons in Paradise la guerre civile de l’intérieur qui a sévi au Sri Lanka en 1983. Un documentaire difficile et courageux qui découle d’un long travail et qui a pour but d’envisager une réconciliation.

En 1983, Jude Ratnam a cinq ans. Il fuit à bord d’un train rouge les massacres perpétrés contre les Tamouls par le gouvernement pro-cinghalais de Sri Lanka. Aujourd’hui, réalisateur parcourt à nouveau son pays du sud au nord. Face à lui défilent les traces de la violence de 26 ans d’une guerre qui a fait basculer le combat pour la liberté de la minorité tamoule dans un terrorisme autodestructeur. En convoquant les souvenirs enfouis de ses compatriotes ayant appartenu pour la plupart à des groupes militants, dont les Tigres tamouls, il propose de surmonter la colère et ouvre la voie à une possible réconciliation.

Un film humaniste

Le cinéma n’est pas seulement un divertissement. Il est aussi une fenêtre sur le monde et un outil pour comprendre la nature humaine. C’est ainsi qu’il est le plus noble. Demons in Paradise est un film qui entre dans cette catégorie. Rien de distrayant dans ce film, ce n’est pas le sujet. Cette œuvre évoque un événement grave et cherche à saisir et à savoir comment réconcilier des populations meurtries. Juste pour cela, ce film mérite le respect.

Demons in Paradise a également la vertu de se battre contre l’ignorance. N’importe qu’elle personne qui vit dans son confort quotidien ne sait pas forcement qu’il y a des massacres dans un autre pays et surtout ce qu’est un massacre. Demons in Paradise filme des hommes, des femmes, des enfants. Il rappelle que derrière une politique répressive il y a des gens qui cherchent à rester en vie.

En retournant dans son pays, Jude Ratnam fait un travail difficile, mais grand. Un travail qui sert à combattre l’obscurantisme des carnages.

Que demandent les morts ? Qu’on pense à eux ? Qu’on les libère en jugeant les coupables ? Ou veulent-ils qu’on comprenne ce qui a eu lieu ?
Panh

Une caméra à l’épaule qui fait ressentir des sentiments humains

Dans ce documentaire, la caméra suit Jude Ratnam dans des villes, dans des villages, sur les routes. Elle lui emprunte le pas la nuit lors d’une discussion près d’un feu, elle s’approche des personnes, elle est aussi gênée lorsque l’émotion est trop grande. Le spectateur devient l’accompagnateur de Jude Ratnam et comprend à ses côtés ce qu’est concrètement un massacre, ce qu’il implique et dans quel désarroi se trouvent ceux qui ne veulent pas combattre, mais juste vivre ! Cette caméra à l’épaule donne un regard à hauteur d’homme, pas d’artifice pas d’effet, juste un regard.

Le courage du réalisateur

Au début de Demons in Paradise, Jude Ratnam filme son fils. C’est aussi pour lui et pour les générations futures qu’il fait son œuvre. À aucun moment, ce dernier n’est dans la vengeance ou le ressentiment. Il va discuter avec des personnes cinghalaises, comme avec des Tamouls et avec des personnes ayant appartenu à des groupes armés comme les Tigres tamouls. La conclusion qu’il tire est humaniste, honnête et prête à réfléchir, d’autant plus lorsque celle-ci sort de la bouche de quelqu’un qui aurait pu mourir et qui a perdu des proches.

Par cette démarche, Jude Ratnam affronte aussi sa peur. Cette peur qu’il a connue a l’âge de 5 ans lors du « Juillet noir » où étaient organisés des pogroms anti-tamouls. En quelques jours, trois mille tamouls sont tués. Lui et sa famille fuient la capitale dans un train vers le nord pour trouver refuge. Là, comme beaucoup de jeunes, il est tenté par la lutte armée, mais il est dissuadé par leurs méthodes extrémistes. Il se rend compte que pour l’une ou l’autre des communautés, il est un traître.

Demons in Paradise est le type de film qui ne doit pas s’éteindre dans l’anonymat, mais est de ces œuvres qui se doivent d'être vues.

 

Demons in Paradise de Jude Ratnam, en salle le 21 mars 2018. Ci-dessus la bande-annonce.

Conclusion

Note de la rédaction

Avec "Demons in Paradise" Jude Ratnam réalise un documentaire humaniste sur les réalités de la guerre.

Bilan très positif

Note spectateur : Sois le premier