CRITIQUE / AVIS FILM - Chris Pine et Michelle Rodriguez nous embarquent dans une aventure pleine d'humour avec "Donjons & Dragons : L'Honneur des voleurs", divertissement généreux et efficace.
Donjons & Dragons vu par deux adeptes de la comédie
Qui se souvient du Donjons et Dragons (2000) avec Jeremy Irons ? A priori, pas grand monde. Donjons & Dragons : L'Honneur des voleurs avait donc l'avantage de ne pas avoir à s'embarrasser d'un héritage cinématographique auquel il aurait fallu rendre hommage. Et même s'il s'agit d'une adaptation du fameux jeu de rôle sur table, la matière première laisse suffisamment de marge de manœuvre.
À partir de là, Paramount a eu la bonne idée d'aller chercher (après plusieurs années de préparation) Jonathan Goldstein et John Francis Daley pour diriger ce nouveau film. Un duo qui s'est illustré dans des comédies déjantées en réalisant Vive les vacances (2015) et surtout Game Night (2018), tout en signant les scénarios de Comment tuer son boss ? (2011) et sa suite (2013). Un choix judicieux pour aborder Donjons & Dragons avant tout par le prisme du divertissement où les gags s'enchaînent.
On y suit Edgin (Chris Pine), un voleur qui s'échappe de prison avec sa comparse Holga (Michelle Rodriguez) dans le but de retrouver sa fille. Mais alors qu'il pensait que son ancien ami Fletcher (Hugh Grant) avait gentiment accepté de veiller sur l'enfant, il découvre que celui-ci s'est en réalité allié à une terrible Mage rouge. Le duo n'a alors d'autre choix que de battre en retrait et de former une nouvelle équipe pour récupérer un objet magique qui leur permettra de combattre ce mal.
De la fantasy fun sans être moquée
Une intrigue de base classique, à laquelle s'ajoutent différentes sous-quêtes - autant pour respecter le principe du jeu que pour multiplier les séquences décalées. On le remarque dès la première partie du film avec cette évasion génialement absurde d'Edgin et Holga, repoussée inlassablement par l'interminable récit du passé du héros dans le but de gagner du temps (et de caractériser les personnages et leurs objectifs à venir). On retrouve le même genre de gag lorsque les aventuriers s'éternisent dans un cimetière (extrait ci-dessous) pour interroger les morts les uns après les autres, n'ayant à disposition que cinq questions par cadavre.
La méthode employée par Jonathan Goldstein et John Francis Daley est simple mais d'une efficacité redoutable. Car le duo a toujours en ligne de mire d'amuser la galerie tout en respectant le genre d'heroic fantasy. Il n'est en cela pas question de parodier ou de moquer l'univers. Au contraire même, avec des décors généreux et des costumes de créatures très 80's (sans tomber dans le kitch). Le bestiaire est d'ailleurs riche mais ne devrait pas perdre un public lambda pour qui la fantasy se résumerait à des mages et des dragons.
Chris Pine et Michelle Rodriguez au top
Les réalisateurs de Donjons & Dragons trouvent le bon rythme, avec un comique de situation qui fonctionne à merveille, sans pour autant délaisser l'action (pas révolutionnaire néanmoins). On se laisse prendre par l'aventure composée de combats joliment réalisés, avec un passage par le film de casse, avant un final qui n'abuse pas du spectaculaire tout en lorgnant du côté d'Avengers (2012).
Pour autant, si on peut se satisfaire de Donjons & Dragons, qui demeure malgré tout trop long, c'est aussi grâce au casting. Avec une variété de personnages qui parviennent tous à exister suffisamment. On avait un peu peur que Sophia Lillis (Doric) soit trop mise en retrait. Mais la comédienne, à la personnalité toujours plaisante, se fait sa place en remballant avec plaisir un Justice Smith (Simon) en loser attachant.
De son côté, l'impassible Regé-Jean Page (Xenk) contrebalance, mais se fait évidemment voler la vedette par Hugh Grant en roue libre, Chris Pine qui s'éclate et Michelle Rodriguez qui assure à tous les niveaux. À l'image de cette séquence géniale où la guerrière au physique imposant vient à perdre ses moyens devant son ex, un mini Bradley Cooper absolument hilarant.
Donjons & Dragons aurait même pu pousser les curseurs encore plus loin car l'intrigue globale est parfois un peu trop prévisible et sérieuse. Reste qu'en matière de divertissement, Jonathan Goldstein et John Francis Daley ont trouvé le juste équilibre pour ne pas virer au comique lourdingue façon Thor : Ragnarok (2017). Et avec ces personnages tous si appréciables, on ne serait pas contre si L'Honneur des voleurs n'était que le début.
Donjons & Dragons : L'Honneur des voleurs de John Francis Daley et Jonathan Goldstein, en salles le 12 avril 2023. Ci-dessus la bande-annonce. Retrouvez ici toutes nos bandes-annonces.