CRITIQUE / AVIS FILM - Les retrouvailles ont sonné. La seule et unique abbaye de Downton surplombe le domaine de Lord Grantham. Le temps d'un film, elle accueille les modernités du septième art. Un nouveau chapitre plaisant et plein de bons sentiments.
Un retour séduisant à Downton Abbey
Sept ans après la fin de la série télévisée, et presque trois ans après le premier opus au cinéma, Downton Abbey revient dans les salles obscures. Au cœur du vieux château de plaisance, les aventures de la famille Crawley vont bon train. Alors que les uns vieillissent beaucoup trop vite entre les murs de la résidence familiale, les autres voient leur héritage émerger. Conçu comme un épisode spécial de deux heures, Downton Abbey II : Une nouvelle ère projette un panorama de tous les personnages iconiques du show télévisé. Chacun possède une place attitrée au sein de cette gigantesque fresque aristocratique. Des valets de chambre, aux majordomes, en passant par les nobles Crawley. Pourtant, ils demeurent encore plus indissociables dans ce nouveau chapitre.
Après Michael Engler, réalisateur du premier film, c'est Simon Curtis (Dans les yeux d'Enzo, Goodbye Christopher Robin) qui s'attaque à cette œuvre d'époque. Un monument télévisuel au lourd héritage, qui garde avec lui un public encore attaché autant aux protagonistes de Downton Abbey qu'à son lieu singulier.
Cette fois-ci, Downton Abbey se divise en deux camps. La doyenne Violet Crawley (Maggie Smith) hérite d'une villa dans le sud de la France. Elle décide de l'offrir à son arrière-petite-fille. Afin de découvrir la résidence, plusieurs membres de la famille entreprennent un voyage lointain, accompagnés de certains membres du personnel. À côté, des gens du cinéma viennent tourner un film dans le château, et transforment l'abbaye de Downton en lieu de tournage.
Ainsi, ces deux situations distinctes mènent à un montage qui nous balade entre la noble résidence et l'hexagone français. Une idée pas déplaisante qui permet d'avoir un rythme soutenu qui ne faiblit pas. Car, à la manière d'un épisode TV, chaque personnage apparaît l'un après l'autre en attendant son tour de briller devant la caméra.
Du muet au parlant
Avec cette nouvelle ère, Simon Curtis nous plonge dans la période de la fin des années 1920. Le cinéma souffle déjà ses trentièmes bougies et évolue à vitesse grand V. À cette période, les films muets ne remplissent déjà plus les salles de cinéma comme on le voit lors d'un échange entre Lady Mary (Michelle Dockery) et le réalisateur Jack Barber (Hugh Dancy). La mode est au parlant, suite à l'avènement du son dans Le Chanteur de Jazz (Alan Crosland).
En créant un film dans le film, Downton Abbey atteint une perspective des plus attrayantes aux yeux du public. Une chouette idée bien réalisée qui fait un entre-deux réussi. Entre la satisfaction des fans venus pour leurs personnages préférés, et les cinéphiles plus éloignés du show d'origine. Ces derniers seront curieux de se plonger dans une époque lointaine.
Alors, il est amusant de contempler une actrice emblématique du cinéma muet, jouée par Laura Haddock, se planter complètement face à son pire ennemi : sa voix (avec l'arrivée du son, comme dans Chantons sous la pluie). Autant qu'il est réjouissant de voir Violet Crawley se moquer éperdument du septième art, alors que son interprète (Maggie Smith) est l'une des actrices les plus notoires de la scène britannique.
Le film joue de manière plus subtile avec les sentiments de ses protagonistes. Alors qu'un réalisateur en remplace un autre, le style reste pratiquement inchangé avec son prédécesseur. Le ton british habituel s'harmonise parfaitement avec ces décors somptueux. Pas de quoi changer de recette alors. Seulement une proposition de couleurs plus chaudes qu'à l'accoutumée, en raison d'un cagnard brûlant.
Bien que Downton Abbey II : Une nouvelle ère n'atteint jamais une dimension éblouissante à tous les niveaux, le film attire régulièrement nos regards charmés. Ne trahissant jamais ses origines, il reste dans la continuité de l'œuvre originale.
Downton Abbey II : Une nouvelle ère, en salles 27 avril 2022. Ci-dessus la bande-annonce. Retrouvez ici toutes nos bandes-annonces.