CRITIQUE / AVIS FILM : La bande de « En passant pécho » est de retour. Pour ceux qui ne la connaissent pas, tout débute en 2012, quand Julien Royal (le fils de François Hollande et Ségolène Royal) se lance dans une web-série totalement décalée. En sept épisodes, il raconte les (més)aventures de Hedi et Cokeman, les deux pires dealers de tout Paname. Propulsé par Netflix, le jeune cinéaste est de retour derrière la caméra pour porter "En passant pécho" sur grand écran.
En passant pécho : un stoner movie à la française
C'est un genre assez rare dans le paysage du cinéma français. Suffisamment rare pour souligner l'efficacité et la présence de En passant pécho sur Netflix. Porté par Fred Testot, Vincent Desagnat, Hakim Jemili, ou encore Jonathan Lambert, En passant pécho : les carottes sont cuites est la définition parfaite du plaisir coupable. C'est un hommage brillant aux stoners movies. Un genre très en vogue aux USA, emmené par des films variés comme The Big Lewboski, Las Vegas Parano, How High, Ali G ou encore Délire Express pour ne citer qu'eux. Un genre réservé aux fumeurs de ganja, pour son approche décalée, cartoonesque et souvent volontairement stupide. Des divertissements inventifs, régressifs, qui oscillent constamment entre une créativité débordante et une paresse inhérente au genre. En gros, ce sont de petits bonbons à consommer avec modération.
Et En passant pécho est un fier représentant de ce genre. Julien Royal a compris comment fonctionne ce style cinématographique trop absent du paysage cinématographique français. Déjà, à l'époque de la web-série, le cinéaste rendait hommage à ce genre "spirituel", très apprécié des adolescents et des jeunes adultes. En parlant de drogue, d'alcool, de cannabis, de dealer ou encore de "street code", il savait déjà à l'époque comment s'adresser à sa génération et comment diriger un stoner movie. Avec le film, il passe simplement au niveau supérieur. Et même si certains personnages comme Quibron sont absents, les retours de Cokeman et Hedi séduiront totalement les fans de la première heure.
Jusqu'au bout
Julien Royal assume totalement son film et va au bout de son délire. Il pousse au paroxysme son histoire, ses personnages, ses partis pris, et c'est ce qui donne son charme à En passant pécho. L’œuvre ne se limite pas, ne se censure pas, et ça fait franchement du bien. Il ne fait aucune concession, que ce soit dans sa mise en scène, dans l'écriture de ses personnages, ou même dans ses vannes parfois graveleuses. Le cinéaste va même jusqu'à briser le quatrième mur, le temps d'une séquence hilarante avec Fred Testot (qui tire par ailleurs son épingle du jeu).
Julien Royal pousse le "what the fuck" jusqu'au bout, avec une scène d'action cartoonesque, qui n'a (presque) rien à envier à The Raid. Évidemment, on caricature, et Julien Royal est très loin de la maîtrise de Gareth Evans, mais il offre cependant une confrontation entre Cokeman et la police très ludique, qui rappelle parfois la spontanéité du récent Nicky Larson. Spontanéité est peut-être le mot qui résume le mieux En passant pécho. Ça se sent que Julien Royal est heureux de revenir à ses premiers amours et de raconter la suite des aventures de Cokeman.
Pour les amateurs de la série
Cokeman est d'ailleurs toujours aussi extravagant, toujours aussi bruyant et fatigant (mais c'est aussi ce qui fait son charme). Visiblement, Nassim Lyes prend un véritable plaisir à revenir dans la peau de Cokeman, plus fou que jamais, qui tient littéralement le film sur ses épaules (aidés par des seconds rôles impactant). Globalement, En passant pécho est clairement une réussite. Le film offre ses moments d'humour bien sentis, partage une bonne humeur communicative, et sait parler aux fans de la première heure. Ses détracteurs y verront potentiellement un film paresseux.
Un long-métrage qui enchaîne les situations, comme un film à sketchs, sans réellement de transition ou d'originalité. D'autres y verront aussi un film bancal, maladroit, inexpérimenté, notamment via quelques défauts de rythme, et une mise en scène bien souvent simpliste. Surtout, dans sa première partie. Mais cette maladresse, cette immaturité, voire même cette incompétence (diront certains) donne tout son charme à En passant pécho, qui ravira totalement les amateurs de la web-série, mais laissera sans doute les néophytes sur le carreau.
En passant pécho de Julien Royal sur Netflix à partir du 10 février 2021. Ci-dessus la bande-annonce. Retrouvez ici toutes nos bandes-annonces.