CRITIQUE FILM - "Escape Game" de Adam Robitel est un blockbuster sympathique mais qui manque cruellement d'âme et de prises de risques. Une escape room sage, édulcorée, qui ne parvient pas à atteindre une dimension gore et sadique nécessaire pour ce type d'histoire.
Présenté en ouverture du 26e Festival de Gerardmer, Escape Game a reçu un accueil assez glacial de la part du public - en atteste notre vidéo durant le festival. Porté par un casting de relatifs inconnus dont la tête d'affiche est Deborah Ann Woll (Marvel's Daredevil), le long-métrage est réalisé par Adam Robitel, l'homme derrière le dernier Insidious. Avec des éléments comme ceux-là, c'est sur qu'on ne part pas au top.
Un petit jeu trop calme et trop gentil ?
Il y a un certain potentiel dans cette histoire, notamment grâce à ce désir de créer un jeu de massacre en se basant sur le concept des escape rooms, qui deviennent de plus en plus populaires à travers le monde. Ainsi, sept clients se retrouvent dans cette escape room de la mort, et vont devoir collaborer ou se trahir pour pouvoir survivre jusqu'au dernier niveau. Un concept de série B simple mais diaboliquement efficace, qui, bien traité, peut offrir un film d'horreur sauvage, gore et sadique. Mais il n'en est rien. Escape Game n'arrive pas à la cheville de ses exemples. Il est beaucoup moins sadique que Saw auquel il se réfère régulièrement, il est beaucoup moins gore que Destination Finale dont les morts tentent de se rapprocher, et il est beaucoup moins inventif que Cube, le jeu de massacre par excellence dans l'univers cinématographique horrifique. Ainsi, Adam Robitel se réfère à des exemples précis et sympathiques, des petits classiques au sein des séries B horrifiques, mais ne parvient jamais à atteindre leur qualité respective à cause d'une approche beaucoup trop épurée.
Escape Game est un film sage. Le gore ne vient jamais vraiment frapper à la porte et les différentes morts manquent cruellement de panache. Sans être sadiques non plus, elles ne sont jamais trash, ou véritablement inventives : une crise cardiaque, une chute dans le vide, une eau glaciale, rien de bien innovent ou de très cinématographique donc. Rien ne fait vraiment peur dans ce jeu de massacre qui ne massacre pas grand chose. Aucun jumpscare, aucune ambiance, rien. Tout est édulcoré pour que le long métrage soit vu par un plus grand nombre. Mais malheureusement, à cause de ce choix marketing, Escape Game manque d'âme, manque de parti pris ! Tout est relativement fade. Les situations s'enchaînent simplement entre les différentes salles sans réelle vision de montage ou de mise en scène. Les personnages sont caricaturaux ou stéréotypés au mieux, totalement stupides au pire, et enfin le scénario n'offre pas grand chose de plus que la théorie du complot mondial des puissants qui s'amusent avec les pauvres.
Reste cependant un certain rythme, qui permet au public de ne pas totalement s'ennuyer. Les spectateurs indulgents passeront peut-être un moment agréable devant ce petit jeu sadique mais gentil. Sans être assez original, surtout à cause de personnages inintéressants et totalement stupides, il n’empêche que ce petit jeu de massacre, qui reste soft, peut paraître sympathique.
Escape Game de Adam Robitel, en salle le 27 février 2019. Ci-dessus la bande-annonce. Retrouvez ici toutes nos bandes-annonces.