CRITIQUE / AVIS FILM - Dix ans après le remake de Fede Alvarez, la saga créée par Sam Raimi continue au cinéma avec "Evil Dead Rise". Un long-métrage généreux qui ne lésine pas sur l'hémoglobine et les morceaux de viande, mais qui ne parvient pas à trouver sa véritable identité.
Une introduction terrifiante pour Evil Dead Rise
L'ouverture glaçante d'Evil Dead Rise reprend tous les codes de la saga initiée par Sam Raimi en 1981, en essayant de les détourner gentiment. Le premier plan est une vue aérienne qui se rapproche à toute vitesse d'un chalet isolé dans les bois. Il ne s'agit cependant pas d'un démon hystérique mais d'un drone qui s'arrête brutalement sur deux personnages sur le point de se faire massacrer.
Ce trait d'humour laisse d'emblée supposer que le réalisateur Lee Cronin ne compte pas totalement abandonner l'esprit de sale gosse qui règne dans Evil Dead II et L'Armée des Ténèbres. Néanmoins, le cinéaste passe rapidement aux choses sérieuses et annonce aux amateurs de charcuterie qu'ils devraient être comblés avec ce nouvel opus. Un scalp fait à la main et une lévitation plus tard, le titre apparaît.
Le spectateur comprend ensuite qu'il est sur le point d'assister aux événements qui ont conduit à cette première scène. Cette introduction n'est donc qu'un prétexte pour faire le lien avec les précédents films, démontrant d'emblée que Lee Cronin a le cul entre deux chaises, désirant à la fois proposer quelque chose d'inédit sans pour autant renier les fondamentaux.
Plutôt que de se diriger immédiatement vers de la nouveauté, il essaie de s'approprier certains des éléments emblématiques de la franchise. De quoi s'assurer la sympathie d'une partie des fans mais cette séquence n'a pas vraiment d'importance dans le récit, valant surtout pour son efficacité et sa violence.
Un nouveau cadre prometteur
Si cette introduction réussit à faire frissonner mais paraît vaine, Evil Dead Rise gagne en consistance dès qu'il dévoile le cadre de son récit. Un grand immeuble de Los Angeles à l'abandon, où les derniers locataires tiennent bon avant de faire leurs valises. C'est dans ce bâtiment magnifiquement glauque, qui évoque un gigantesque manoir gothique mais aussi l'hôtel Overlook de Shining, que le Livre des Morts va apparaître et que de dangereuses incantations vont réveiller des esprits démoniaques.
Dans ce lieu sombre et vétuste, Ellie (Alyssa Sutherland) vit seule avec ses enfants Bridget (Gabrielle Echols), Danny (Morgan Davies) et Kassie (Nell Fisher) depuis qu'elle s'est séparée de son compagnon. Une nuit pluvieuse, ils reçoivent la visite imprévue de Beth (Lily Sullivan). Peu de temps après son arrivée, les ennuis commencent et cette dernière fait tout pour protéger ses nièces et son neveu de leur mère, qui n'est plus vraiment elle-même.
Un massacre jouissif
Débute alors un huis clos - là encore, Lee Cronin reste fidèle à l'univers de Sam Raimi - situé majoritairement dans l'appartement d'Ellie mais aussi dans les sous-sols du bâtiment. Souhaitant conserver le talent pour aller à l'essentiel des précédents longs-métrages, le réalisateur donne très vite les principaux éléments sur ses personnages pour se focaliser sur ce qui l'intéresse vraiment : le carnage.
Peau déchirée à l'aide d'une râpe à fromage, gorge qui se déchire à cause de morceaux de verre avalés sans avoir été correctement mâchés, pistolet de tatouage sur le point de percer un oeil... Le film n'est pas avare en situations répugnantes, qu'il aligne avec énergie mais sans véritable surprise, du moins jusqu'au dernier acte. Une fois que la combativité de Beth se réveille et qu'elle comprend qu'elle a perdu à jamais certains membres de sa famille, que le long-métrage n'épargne pas et tant mieux, elle se saisit du fusil de chasse et de la tronçonneuse autrefois maniés par Ash.
S'il conserve jusque-là le ton sérieux du remake de Fede Alvarez, Lee Cronin se permet à nouveau de l'exubérance et de l'humour dans cette conclusion. Ce qui confirme que le réalisateur n'ose pas vraiment prendre parti, coincé quelque part entre le travail de Sam Raimi et le vent de fraîcheur macabre qu'apportait le film de 2013. Il est toutefois difficile de bouder son plaisir devant un tel défouloir et face à la naissance d'un monstre de corps hideux, qui n'est pas sans rappeler la créature en perpétuelle évolution de The Thing. Ce n'est pas la seule référence présente dans le long-métrage et Evil Dead Rise multiplie les clins d'oeil à certains classiques de l'horreur, ne parvenant pas à s'en démarquer mais offrant malgré tout un spectacle délicieusement atroce.
Evil Dead Rise de Lee Cronin, en salles le 19 avril 2023. Ci-dessus la bande-annonce. Retrouvez ici toutes nos bandes-annonces.