CRITIQUE / AVIS FILM - "Fast and Furious 9" continue de réciter ses gammes pour le meilleur et pour le pire. Cette fois, Vin Diesel et sa "famille" doivent sauver le monde et affronter le frère de Dominic Toretto.
La renaissance de Fast and Furious
Fast and Furious a connu des hauts et des bas. Mais en 2011, avec Fast and Furious 5, la saga a définitivement changé de catégorie, récoltant plus de 600 millions de dollars de recettes au box-office mondial - presque deux fois plus que le précédent. Depuis, chaque film a appliqué une recette simple et efficace. Des enjeux clairs et à échelle humaine avec des adversaires capables de rivaliser physiquement avec Vin Diesel, interprète de Dominic Toretto et au centre de la franchise.
Ainsi, dans FF5, Dom et sa famille volent un riche homme d’affaires véreux pour se payer une liberté sur une île paradisiaque. Un film de casse bien rythmé qui offre une introduction musclée à Dwayne Johnson en Luke Hobbs. Ensuite, Fast and Furious 6, porté par le méchant Owen Shaw, voit Dom et ses compères s’impliquer suite au retour de sa petite amie Letty (Michelle Rodriguez), supposée morte après l’épisode 4.
Puis, avec Fast and Furious 7, on nous a servi la vengeance de Deckard Shaw, le frère d’Owen. On commençait déjà à avoir dans cet opus du grand n’importe quoi scénaristique. La troupe de gentils voyous devant sauver une hackeuse pour pouvoir localiser Deckard, bien que celui-ci passe tout le film à leur rentrer littéralement dedans. Au fond, qu’importe le pourquoi du comment dans Fast and Furious. Surtout qu’ici on retenait avant tout le bel hommage fait à Paul Walker, décédé dans un accident avant la fin du tournage.
Et les limites de la franchise
Mais à force de vouloir faire toujours plus gros avec des cascades encore plus folles et improbables, Fast and Furious allait forcément finir par perdre de “sa simplicité globale”. Jusqu’à l’épisode 8 (là où la saga a vraiment dérapé), on restait encore les pieds sur terre avec juste un bad guy à affronter pour se venger, gagner sa croûte ou survivre. Des motivations et un danger simples. Dans Fast and Furious 8 la “Fast Family” a cette fois dû gérer une crise mondiale. La faute à Cipher, une hackeuse qui forçait Dom à mettre la main sur des codes nucléaires.
Seulement l’ADN de Fast and Furious, ce n’est pas Mission Impossible. Et Dominic Toretto n’est pas Ethan Hunt. Si ce dernier a l’habitude de sauver le monde, Dom reste ce gars bas du front qui règle ses problèmes dans sa grosse voiture et avec une clé à molette entre deux Corona. Ce n’est pas le sauveur de l’humanité, mais de sa bande.
Vient donc enfin Fast and Furious 9 qui voit Dom sortir de sa cabane pour régler ses comptes avec son frère Jakob (John Cena). Un fantôme du passé qui permet de rester encore et toujours dans la thématique (redondante ?) de la famille. Sauf que Jakob se la joue espion hardcore prêt à offrir ses services à un fils de dictateur qui se verrait bien maître du monde. Après un SOS envoyé par M. Nobody, l’équipe de Dom se retrouve ainsi impliquée dans une bien grosse affaire. Leur mission : mettre la main sur une machine capable de pirater tous les systèmes d’armes informatiques du monde. Rien que ça !
Plus c’est gros, plus c’est con
Dans sa trame et ses rebondissements bâclés, Fast and Furious 9 flirte donc avec de l’espionnage high-tech. Ce qui ne colle pas avec Vin Diesel, affublé de son célèbre Marcel blanc et d’un fusil à canon scié. Fast and Furious a perdu son esprit street et manque de légèreté pour ne pas être ridicule. Bien sûr, on n’attend pas de Fast and Furious de se démarquer par son scénario. Le plaisir vient avant tout des courses-poursuites toujours plus folles et des personnages, même secondaires, qu’on aime retrouver.
Sur ces points, Fast and Furious 9 est plutôt convaincant. L’autodérision apportée par Tyrese Gibson est à mettre en avant et rend d’autant plus drôles les séquences d’action plus absurdes les unes que les autres orchestrées par Justin Lin. Explosions dans tous les sens, voitures volantes, destruction massive dans les rues d’Edimbourg et final en apothéose dans l’espace, Fast and Furious 9 est assez jouissif dans ces passages.
Le problème reste ce qu’il y a autour. Principalement un blabla interminable autour de la relation entre Dom et son frère, enrichi de flashback gênants. Si Dwayne Johnson amenait de la légèreté par sa personnalité, John Cena se pose en fidèle assistant de Vin Diesel. Mais c’est bien quand il est sérieux que l’ancien catcheur est à son pire - tout le contraire de The Suicide Squad dans lequel il peut être hilarant. Un ton global qui jusqu’au septième opus disposait suffisamment de second degré. Espérons que les deux prochains films qui concluront enfin la saga sauront retrouver l’équilibre pour ne pas faire sombrer définitivement Fast and Furious dans le nanar indigeste, s'il n'est pas déjà trop tard.
Fast and Furious 9 de Justin Lin, en salle le 14 juillet 2021. Ci-dessus la bande-annonce. Retrouvez ici toutes nos bandes-annonces.