CRITIQUE / AVIS FILM - Réalisé par Louis Leterrier, "Fast & Furious X" marque le début de la fin pour la saga portée par Vin Diesel. Un film d'action aussi plaisant qu'idiot dans lequel l'acteur se retrouve plus esseulé que jamais face à Jason Momoa qui lui vole la vedette.
La saga reprend la route avec Fast & Furious X
Il semble de plus en plus évident que les grandes heures de la saga Fast & Furious sont derrière elle. Depuis le génial Fast & Furious 5 (film de casse fun à Rio), la franchise n'a probablement jamais retrouvé un tel niveau. Il y avait bien sûr du plaisir devant le sixième opus et sa partie à Londres. Et une émotion certaine devant le septième (marqué par le décès de Paul Walker) qui permettait de sauver le film. Mais avec Fast & Furious 8 et 9, la saga mettait décidément trop de côté ses fondations.
La base de Fast & Furious, c'est bien cette famille que forment Dominic Toretto et ses amis. Des petits malfrats pas mauvais au volant d'une voiture et qui se retrouvent inlassablement autour d'un barbecue avec une Corona à la main.
Et lorsqu'il faut se lancer dans l'action, c'est généralement pour se sauver les uns les autres. Mais avec le huitième opus, les gadgets ultrasophistiqués ont pris le pas sur les simples coups de poing. Les ennemis sont devenus des terroristes désireux de changer l'ordre mondial. Et la Fast Family s'est transformée en équipe de super-héros engagée par l'Agence pour sauver le monde.
De Fast & Furious, on est donc passé à Mission Impossible version beauf. Dès lors, même si la surenchère d'action absurde et improbable n'a pas faibli, c'est ce qu'il y a autour qui déçoit le plus depuis deux films. Néanmoins, avec Fast & Furious X, Louis Leterrier revient un peu aux bases. Notamment avec de l'action qui reste au sol, tout en assumant l'aspect déjà vu de son récit et l'esprit régressif de l'ensemble.
Jason Momoa, un antagoniste vraiment cinglé
Une fois n'est pas coutume, Fast & Furious X part d'une histoire de vengeance. Dans Fast & Furious 7, Deckard Shaw (Jason Statham) s'en prenait à Dom et sa famille pour venger son frère (Luke Evans), laissé dans le coma à l'issue de F&F 6. Ici, on retourne encore plus loin en arrière. Jusqu'au cinquième opus avec Dante (Jason Momoa), le fils d'Hernan Reyes (Joaquim de Almeida) désireux de venger la mort de son père.
Il serait trop facile de simplement éliminer Dom. Le plan de Dante est bien plus (faussement) compliqué. Avant d'en terminer avec lui, il compte le faire souffrir. Et quoi de mieux pour cela que de le séparer de sa meute et de viser ses amis les uns après les autres ? Sur le papier, pourquoi pas. Dans les faits, les agissements de l'antagoniste sont bourrés d'incohérences, la faute à un scénario à trous et une intrigue qui n'a pour but que de passer d'une scène d'action à une autre.
De l'action qui, pour ce genre de divertissement sans finesse, s'avère convaincante. Moins épuisante bien qu'inégale et peu mémorable, avec son lot d'effets numériques médiocres. Heureusement, le caractère déglingué de Dante sauve la mise. Une attitude inattendue d'un méchant psychopathe qui ne prend rien au sérieux et fait vannes sur vannes dans des tenues excentriques. À l'image de ce passage improbable où Jason Momoa, coiffé de deux chignons, se fait les ongles en peignoir en s'adressant au cadavres de ses hommes de main.
L'acteur est en roue libre dans Fast & Furious X et est probablement la meilleure idée du film avec John Cena. Ce dernier, pourtant si sérieux dans le précédent film, retrouve un esprit comique qui va s'y bien à l'ancien catcheur. Il propose en effet une version bien plus sympathique "d'oncle Jakob".
Vin Diesel et les autres
Dès lors, il n'y a plus que Vin Diesel pour enfoncer le film dans un sérieux dont on ne peut plus échapper avec la franchise. L'acteur, plus bouffie que jamais, accompagné d'un Alan Ritchson (Agent Aimes) tout aussi gonflé, permet certes de faire avancer l'intrigue (centrée sur lui), mais à quel prix. Le déséquilibre de ton est d'autant plus flagrant que "le héros" reste quasiment seul pendant que les autres groupes ont droit aux séquences les plus appréciables. Que ce soit dans les dialogues ou l'action.
Notamment deux combats au corps-à-corps jouissifs et bien rythmés. L'un entre Michelle Rodriguez (Letty) et Charlize Theron (Cipher), l'autre entre Sung Kang (Han) et Jason Statham (Deckard). Le genre de séquence malheureusement trop peu exploitée. Tout comme celles avec le groupe de Tyrese Gibson (Roman), plus délirant et absurde que jamais.
La bouffée d'air frais apportée par chacun laisse une certaine frustration tant on aurait aimé voir davantage Jason Statham, la complicité entre Nathalie Emmanuel (Megan) et Ludacris (Tej), ou encore Jordana Brewster (Mia) - qui n'a droit qu'à une présence anecdotique.
On peut alors tenter de se rassurer. Fast & Furious X n'est que la première partie du final de Fast & Furious (qui pourrait compter encore deux films). Espérons que tous ces personnages secondaires si appréciables auront encore du temps pour nous ravir. D'autant plus que d'autres personnages iconiques feront leur retour. Les teasing à leur sujet en fin de film auront au moins fait leur effet pour qu'on attende la suite.
Fast & Furious X, en salles le 17 mai 2023. Ci-dessus la bande-annonce. Retrouvez ici toutes nos bandes-annonces.