Flo : magnifique portrait d’une héroïne solaire

Stéphane Caillard, une Florence Arthaud plus vraie que nature

Quand on pense à la navigatrice Florence Arthaud, ce sont les exploits de la « Petite fiancée de l’Atlantique » qui viennent d’abord à l’esprit. Puis, l’image de sa fougue, de son regard fixant l'horizon et de son sourire mystérieux. Mais de sa mort tragique en 2015, il n’est pas question dans Flo, le premier long-métrage de la comédienne Géraldine Danon. Même si une très belle scène d’ondes créées par un hélicoptère à la surface de l’eau la préfigure dans un tout autre contexte.

De nombreuses voix de proches de Florence Arthaud se sont élevées contre la vision, les choix et les libertés prises dans le film. Mais peu importe finalement ce qui est vrai de ce qui ne l'est pas. Car la réalisatrice rend à Florence (Stéphane Caillard, remarquable), dont elle était l’amie, ainsi qu’à son instinct de la mer, le plus bel hommage qui soit. Sa personnalité, sa force de caractère, son talent et son charisme sont parfaitement mis en exergue, sans complaisance.

Flo embarque ainsi avec brio et avec cœur le spectateur dans une incroyable épopée. Géraldine Danon s’attache à Florence juste après qu’elle soit victime d’un accident de voiture. Elle la montre dure au mal, alors qu’elle doit réapprendre à marcher. Dès lors, sa vie ne sera plus qu’intensité et vibrations, jusqu’à sa victoire à la route du Rhum en 1990.

Flo, une femme de tous les extrêmes

Même si le rythme et le ton de Flo sont parfois un brin trop emphatiques, la mise en scène permet aussi de saisir les moments d’abattement, voire d’égarement, que Florence a pu traverser. Elle donne subtilement accès aux émotions de cette femme déterminée, courageuse et rageuse. Car de la rage, il lui en a fallu pour se hisser sur ses bateaux, affronter ce milieu macho et oser se mesurer aux marins, chercher des financements, etc. Mais aussi pour convaincre ses parents, Jacques (Charles Berling) et Anne-Marie (Maryline Canto), que sa passion et son talent pouvaient être un métier.

De la rage, il lui en a aussi fallu pour se confronter à ses tempêtes, ses espoirs déçus et ses échecs (les physiques comme les amoureux) qui jalonnent son parcours. Souvent fauchée et à l’affût, rarement apaisée, sa vie était bien loin du calme plat. Comme les bateaux sur la mer si bien filmée par la réalisatrice, Florence tanguait entre joie et chagrin, excès et impatience, mais elle dévorait indéniablement la vie à pleines dents.

Il s’agit bien, dans Flo, de vitesse, de vent, de liberté, d’apprentissage, d’expériences, de découverte des corps, de sexe. Aussi romancées soient-elles, ses deux liaisons emblématiques avec Jean-Claude Parisis (Samuel Jouy) et Olivier de Kersauson (Alexis Michalik) sont des moments forts du film.  

Les noms des autres marins, héros des années 80 à 90, résonnent d’ailleurs doucement aux oreilles du spectateur. Si Tabarly est cité, il n'est pas incarné à l'écran. mais on croise Philippe Poupon (Théo Cholbi), Philippe Monnet (Paul Bartel) ou Titouan Lamazou (Loup Lamazou). On est malheureusement moins convaincu par les rôles secondaires du frère Jean-Marie Arthaud (Pierre Deladonchamps) ou de l’amie Yoyo (Alison Wheeler). Mais grâce à une fidèle reconstitution du milieu de la voile, Flo se révèle un film puissant et maîtrisé sur une femme d’exception, destiné à toucher le grand public.

Flo de Géraldine Danon, en salles le 1^er novembre 2023. Ci-dessus la bande-annonce. Retrouvez ici toutes nos bandes-annonces.