CRITIQUE / AVIS FILM - Ryan Reynolds et Jodie Comer forment un duo parfait dans la comédie d'action "Free Guy", sorte de rencontre entre "The Truman Show" et "Westworld" en plus joyeux et léger.
Cinéma et jeu vidéo au diapason
Les rencontres réussies entre le cinéma et le jeu vidéo sont rares. Pour autant, certaines productions ont su trouver le bon angle pour mélanger ces deux médiums. Les Mondes de Ralph a par exemple fait un choix intéressant en nous plongeant dans un jeu vidéo d’arcade aux côtés d’un gros bras qui ne souhaite plus être le méchant du jeu. Le film d’animation cherche ainsi d’abord à raconter une histoire originale mais en se situant dans l’univers du jeu vidéo. Il y a de cela dans Free Guy, nouveau long-métrage de Shawn Levy, qui arrive sept ans après La Nuit au musée 3.
Ici, le personnage de jeu vidéo que l’on suit se nomme Guy. S’il pense être un simple employé de banque avec toujours la même routine (un café crème le matin pour lui, et le braquage de sa banque l’après-midi), il est en réalité un PNJ (personnage non-joueur) de Free City. Un jeu entre les GTA et Fortnite qui permet aux joueurs de créer leur avatar et de se balader dans la ville pour effectuer des quêtes. Les choses changent pour Guy lorsqu’il se procure des lunettes de joueur et découvre ainsi le monde autour de lui. Un peu facile et pas tellement expliqué, mais cela permet de lancer une comédie généreuse.
Version comique et vidéoludique de Westworld
Par son ton comique, Free Guy rappelle The Truman Show, qui voyait Jim Carrey être, à son insu, la vedette d’une téléréalité. Et en mettant en scène une intelligence artificielle évolutive, on pense par exemple à Westworld ou au jeu vidéo Detroit. Dans ces deux œuvres, des androïdes prennent conscience de leur existence et des violences que leur font subir les hommes. Un sujet toujours passionnant sur la place des machines, leur possibilité de développer une forme d’humanité et ainsi questionner la nôtre.
Évidemment, Free Guy se veut avant tout un divertissement bien moins sombre que les deux cas évoqués précédemment. Une comédie d’action très efficace, plutôt créative visuellement et particulièrement bien rythmée pour un long-métrage de quasiment deux heures. Mais par son sujet et son traitement, le film gagne en profondeur et en intérêt. Ce qui, de prime abord, s’annonçait comme une banalité hollywoodienne autour du jeu vidéo, est finalement une très bonne surprise. Et ce, en dépit d’une représentation un peu réductrice des gamers, du monde des jeux vidéo et surtout de ses grandes pontes, incarnées ici par Taika Waititi en roue libre.
Un duo du tonnerre
À l’inverse, on ne peut que se réjouir devant le duo formé par Ryan Reynolds (dans son registre habituel) et Jodie Comer (toujours très sympathique). Le premier n’en fait pas trop et amuse par sa naïveté et sa bonne humeur. La seconde a droit à suffisamment de variété en interprétant dans le jeu un avatar badass, et dans la réalité une programmeuse solitaire. Shawn Levy trouve le juste milieu pour que les deux interprètes parviennent à coexister, et développe intelligemment la relation de leurs personnages. Ainsi, on navigue entre la comédie, l'action, mais également la romance, avec une finalité qui aurait pu être plus osée.
Entre temps, le réalisateur parvient constamment à surprendre avec des gags parfaitement amenés, à l’image d’un caméo hilarant de Chris Evans. Des clins d'œil à la pop culture sont proposés avec parcimonie. Ce qui nous permet enfin de faire un lien avec une dernière référence, Ready Player One, mais dans un registre bien moins ambitieux que la production de Steven Spielberg. Ce qui n’est finalement pas pour déplaire. La simplicité de Free Guy étant peut-être une de ses qualités premières.
Free Guy de Shawn Levy, en salle le 11 août 2021. Ci-dessus la bande-annonce. Retrouvez ici toutes nos bandes-annonces.