CRITIQUE FILM - Dans "Game Night" Jason Bateman et Rachel McAdams voient leur jeu de rôles prendre vie, donnant alors lieu à une comédie divertissante et au concept efficace.
Game Night pourrait être cette énième comédie américaine où les situations plus ou moins drôles se succèdent, où les dialogues sans profondeurs s'enchaînent et où les acteurs semblent totalement perdu. Hors Game Night n'est pas de ce genre, car elle atteint une fraîcheur dans un concept simple et maîtrisé, à la mise en scène intéressante et à l'univers immersif.
Bonne pioche
Jonathan Goldstein et John Francis Daley sont surtout connus pour les scénarios des comédies Comment tuer son boss ?, Comment tuer son boss 2 ?, réalisées par Seth Gordon, ainsi que d'un des derniers long-métrages des studios Marvel, Spider-man : Homecoming. Scénaristes au succès mitigé, les deux associés avaient déjà pu montrer ce dont ils étaient capables (ou non) dans une première réalisation commune : Vive les vacances (2011). Et si ce que l'on retiendra surtout de cette comédie crétine est sa capacité à divertir pendant quelques minutes, ce qu'on retient avant tout de Game Night c'est qu'il n'est pas dans la lignée de ce dernier.
Game Night est une petite réussite de par son concept : un couple de la classe moyenne décide d'organiser, pour pimenter leur vie quotidienne, d'une soirée jeux de société une fois par semaine. Un soir, alors qu'il compte sur Brooks, le frère de Max, pour préparer une soirée à thème réussie, ce dernier pousse le jeu un peu trop loin puisqu'il a préparé son faux enlèvement. Poussez par les jeux, le couple va d'énigmes en énigmes pour tenter de retrouver Brooks. Un synopsis plutôt banal, à l'idée assez originale, qui tire tout son intérêt dans sa mise en scène.
En effet, poussant l'idée du jeu à son maximum, les réalisateurs ont choisi de dynamiser leur film comme un jeu de plateau. Ainsi, le jeu va se mélanger à la réalité, et vice-versa, pour embarquer les spectateurs et les héros du long-métrage, dans une aventure à la fois drôle et pleine d'action. Reprenant l'idée des cases, que l'on peut trouver sur les jeux de plateau, la mise en scène se fait à cette image. Les scènes se succèdent, de manière assez fluide, comme lorsque l'on déplace un pion, de case en case.
Pour garder cet esprit sur la durée et ne pas perdre les spectateurs dans une redondance inévitable, les deux réalisateurs passent du jeu de société au jeu de rôles pour une immersion d'autant plus directe. C'est ainsi que ce couple de la classe moyenne, incarné par une Rachel McAdams brillante qui porte véritablement tout le film et un Jason Bateman convaincant, se retrouvent au cœur de l'action.
Véritable atout majeur du film, Rachel McAdams, est à l'image de son personnage car c'est grâce à ce dernier que l'action interne avance. Son personnage, dont les aptitudes ne sont jamais remises en question, prend les décisions importantes et les réelles initiatives pour faire avancer la partie. Tandis que les autres personnages, à l'image du jeu des acteurs qui les incarnent, sont bien plus effacés et oubliables.
Le véritable point faible du film se trouve alors dans son scénario, car malgré sa base solide et ses bonnes idées, il peine à étonner sur toute la durée du long-métrage. La mise en scène, assez intéressante au début, devient plus automatique au fur et à mesure. Quant à l'image, sans qu'elle soit remarquable, elle reste propre et efficace.
Case départ ?
Malgré ses quelques défauts et ses facilités scénaristiques, Game Night est un bon divertissement qui tient la route. Grâce à Rachel McAdams, excellente (on le redit), le casting se donne parfaitement durant les actions qui se déroulent de manière très dynamique aux yeux des spectateurs.
Si, globalement, il manque un peu plus de créativité à l'ensemble pour permettre au film de se démarquer totalement, le pari de Jonathan Goldstein et John Francis Daley, sur lesquels miser semblait trop risqué, est totalement relevé.
Game Night de Jonathan Goldstein et John Francis Daley, en salle le 18 avril 2018. Ci-dessus la bande-annonce.