Dans "Grand Froid", Jean-Pierre Bacri, Olivier Gourmet et Arthur Dupont gèrent une entreprise de pompes-funèbres à la dérive. Le trio va rapidement aller de problème en problème alors qu'une solution se profile. Comédie très noire signée Gérard Pautonnier, faut-il aller voir "Grand Froid" au cinéma le 28 juin ?
Edmond Zweck possède un commerce de pompes funèbres qui tourne difficilement. Un matin, une veuve entre miraculeusement dans sa boutique. Zweck demande à ses deux employés, Georges et Eddy, de s’occuper de l’enterrement du défunt. Pris au piège par le froid, Georges et Eddy se retrouvent perdus, avec un mort sur les bras. Leur journée devait être une partie de plaisir mais les deux employés ne sont pas au bout de leurs surprises.
Un point de départ extrêmement prometteur
La rue dans laquelle se déroule la première partie de Grand Froid est un théâtre que l’on découvre avec plaisir. Si la voix off n’était pas indispensable, elle contribue néanmoins avec humour à la présentation des personnages.
La rigidité d’Olivier Gourmet s’oppose à merveille à la passivité de Jean-Pierre Bacri. Leur relation hiérarchique est biaisée par leur amitié mais en raison de problèmes financiers, la communication est au point mort. Entre eux se dresse Arthur Dupont, un novice naïf et honnête. Sa positivité est constamment plombée par ses collègues, le climat et les événements.
Ces trois personnages auxquels on s’attache très vite attendent la mort des autres dans une petite ville digne d’une œuvre des frères Coen. Gérard Pautonnier plante son cadre en quelques plans et réussit à en tirer des situations très drôles. Les conversations dans le restaurant situé en face des pompes funèbres résument parfaitement l’ennui qui touche les personnages. La scène où Gourmet et Bacri espèrent un malheureux événement en observant leur rue vide laisse présager un humour noir de haut niveau. Pourtant, le film s’essoufflera par la suite à cause de baisses de rythmes mais surtout d’une conclusion qui empêche le propos d’avoir un véritable impact.
Une réflexion sur la mort étouffée par une fin précipitée
Après une présentation très réussie des trois protagonistes principaux, Grand Froid laisse en suspens quelques ouvertures avec l’arrivée de personnages secondaires. La vision de la mort de Zweck comme un moyen de rentabilité donnait certains des meilleurs moments de la première partie. Hélas, Olivier Gourmet est nettement plus effacé dans la deuxième moitié du film.
En revanche, Arthur Dupont et Jean-Pierre Bacri gagnent en épaisseur. Alors qu’Eddy ne cesse d'aller de l’avant, Georges est de plus en plus obnubilé par sa propre mort. En réflexion permanente sur son épitaphe pour que l’on se souvienne de lui, son apparente solitude le rend aigri auprès des autres. Ce rôle de personnage frustré, Jean-Pierre Bacri l’interprète avec brio. Ses échanges avec Arthur Dupont réussissent à combler le vide laissé par le récit parallèle.
En effet, l’histoire de la famille du défunt et son ton burlesque ne parviennent jamais à nous captiver. La simplicité de la première partie disparaît à mesure que l’on passe du temps dans la voiture perdue qui n’arrive pas à suivre le corbillard. L’insupportable prêtre présent dans le véhicule incarné par l’excellent Sam Karmann ne réserve aucune surprise. Il faisait pourtant forte impression dans ses premières scènes pleines de regards délicieusement méprisants.
Dans les dernières séquences, le profond refus du changement de Georges débouche sur une conclusion hâtive. En bout de course, le script de Joël Egloff finit par nous distancer. S’il possède de nombreux points communs avec les œuvres de Gustave Kervern et Benoît Delépine, il manque à Grand Froid leur émotion pour que cette histoire singulière marque vraiment. Le long métrage est cependant doté d’une mélancolie et d’un humour noir parfaitement communiqués par ses trois têtes d'affiche.
(Re)Découvrez la bande-annonce de Grand Froid, au cinéma le 28 juin :