CRITIQUE / AVIS FILM - Après le navrant « Geostorm », Gerard Butler s’essaie de nouveau au film catastrophe. Dans « Greenland - Le dernier refuge », le comédien fait équipe avec Morena Baccarin pour rejoindre un abri alors que les débris d’une comète s’écrasent aux quatre coins du globe.
Direction Greenland pour Gérard Butler
Gerard Butler a semble-t-il envie de se faire pardonner l’abominable Geostorm. Dans ce blockbuster foutraque sorti en 2017 et réalisé par Dean Devlin, le comédien incarnait un scientifique qui tentait d’empêcher une « géotempête » causée par un dispositif révolutionnaire censé réguler le climat sur Terre. Un rôle qui n’était absolument pas fait pour l'acteur qui se consacre désormais aux films d’action, de Criminal Squad à La Chute du président, en passant par Hunter Killer. Avec Greenland - Le dernier refuge, l’acteur retrouve un registre similaire et paraît nettement plus à l’aise, et donc crédible, dans cette production nerveuse et sans prétention.
Gerard Butler prête ici ses traits à John Garrity, un architecte qui vient tout juste de se séparer de sa compagne Allison, interprétée par Morena Baccarin. De retour au domicile conjugal pour fêter l’anniversaire de leur fils, John reçoit une alerte du département de la Sécurité intérieure des États-Unis. Alors qu’une comète était censée passer proche de la Terre, des débris menacent finalement de s’écraser aux quatre coins du globe. Les impacts pourraient bien mener à une extinction de masse de l’espèce humaine. John et Allison vont tout faire pour rejoindre les avions des autorités qui pourront les conduire à un refuge auquel ils ont un droit d’accès, contrairement à la plupart de leurs proches.
Un survival tendu
Après avoir vécu l’anéantissement de notre planète depuis un satellite spatial, Gerard Butler se retrouve donc dans la peau d’un quidam qui tente de survivre depuis la terre ferme. Et le fait de vivre l’effondrement du monde à travers le regard d’une famille américaine ordinaire est sans doute le point le plus original du film de Ric Roman Waugh (Infiltré, La Chute du président). Face aux annonces alarmantes des médias et aux convois militaires qui défilent à toute vitesse, la peur et l’incompréhension gagnent rapidement John et Allison, et leur sentiment d’impuissance vis-à-vis des événements est totalement perceptible.
En adoptant le point de vue de ce couple en crise, Ric Roman Waugh pose les mêmes dilemmes que Roland Emmerich dans 2012, et lance le spectateur dans une course effrénée où les principes d’entraide et de dévouement sont sans cesse remis en cause. Mais contrairement au spécialiste de la catastrophe, le cinéaste évite la surenchère d’effets numériques et l’abondance de personnages secondaires totalement inutiles. Des choix qui nous ramènent en permanence à l’une des questions fondamentales que pose le genre : comment faire face ? Greenland propose en cela des scènes réussies, surtout lorsque la famille est disloquée à cause d’erreurs anodines en temps normal, mais dangereuses dans ce contexte. Le chaos dans les rues et les pillages, les réactions paniquées et égoïstes de certains, la solidarité des autres… Le long-métrage compile de nombreuses situations liées au genre sans en faire trop et avec un véritable dynamisme. Les épreuves subies par le groupe transforment vite le fameux refuge en utopie, alors qu’il avait pourtant obtenu son ticket pour y accéder.
Une affaire de famille
Si ses films sont toujours parsemés (Infiltré) ou truffés (La Chute du président) de scènes d’action, les liens familiaux représentent le pivot des scripts de Ric Roman Waugh. Dans le troisième volet des exploits de Mike Banning, Gerard Butler se retrouvait affublé d’un père interprété par le génial Nick Nolte. Dans Greenland, c’est au tour du grand Scott Glenn - autre gueule mythique et rouillée d’Hollywood - de jouer les vieux briscards protecteurs. Ces personnages frôlent parfois la caricature, et sortent tout droit d’un cinéma hollywoodien révolu auquel le réalisateur, ancien cascadeur à la carrière impressionnante (L’Arme fatale 2, Total Recall, Jours de tonnerre), semble profondément attaché.
De ces grosses ficelles se dégagent néanmoins des séquences touchantes d’un couple qui se redécouvre. Dommage que le final poussif, qui emprunte ouvertement à celui d’Armageddon et ses violons, vienne plomber une sobriété tenue dans les deux premiers tiers du film. Greenland semble quoi qu’il en soit pensé par un réalisateur et un acteur/producteur conscients de leur potentiel et de leurs limites, qui ont le mérite de se focaliser sur leur concept simple et efficace jusqu’au bout.
Greenland de Ric Roman Waugh, en salle le 5 août 2020. Ci-dessus la bande-annonce. Retrouvez ici toutes nos bandes-annonces.