CRITIQUE FILM - Le documentaire consacré à Hedy Lamarr, star d’Hollywood dans les années 40, sortira le 6 juin prochain sur grand écran. Ce dernier lève le voile sur l’une des légendes d’Hollywood.
Hedy Lamarr ! L’énoncé de ce nom n’évoque pas forcément quelque chose à tout le monde. À l’inverse, la vision de cette beauté en noir et blanc, presque hypnotique, ravive inévitablement un certain imaginaire collectif. Alexandra Dean lui dédie un documentaire fascinant et dévoile une femme avant-gardiste derrière la photogénie.
La pellicule noir et blanc avait une certaine faculté d’exacerber la sensibilité d’un être, de dévoiler sa beauté profonde, quelque chose de l’ordre de l’indicible, mais qui marquait l’image comme jamais. Qui n’a pas en tête les visages de Marlene Dietrich, de Louise Brooks, de Greta Garbo ? Hedy Lamarr est de ces actrices que la pellicule noir et blanc a immortalisées. Mais elle a également, et comme bien d’autres, conservé une image tronquée. En effet, la star n’existait aux yeux d’Hollywood que par sa beauté. Alors qu’elle était déjà à l’avant-garde d’un certain féminisme et surtout un esprit scientifique qui, dans l’ombre de l’histoire, a été à l’origine d’avancés technologique qui ont abouti au GPS et plus tard au Wifi.
Hedy Lamarr : une femme libre
L’actrice d’origine autrichienne était réputée pour sa vie sexuelle sulfureuse. Ainsi, à son bras, cinq maris se sont succédé. Cette égérie avait aussi été frappée, dés ses débuts, du sceau du scandale. Ainsi, en 1933, elle débuta dans un film autrichien, Extase, qui raconte l’histoire d’une femme délaissée par son mari et qui se prend un amant. Cet œuvre provoqua l’indignation, car elle y apparaissait entièrement nue et y simula un orgasme à l’écran. Celle-ci marqua également à tout jamais sa carrière et sa trajectoire. Extase, qui fut présentée à la Mostra de Venise en 1934, obligea Mussolini aidé par le Vatican à reprendre la programmation du festival. Plus tard, un mari trop jaloux voulut saisir toutes les copies du film. Mais Hedy Lamarr ne resta pas immobile face à cela et elle prit elle-même la main sur sa vie. Elle quitta ce mari trop possessif et fuyait le régime nazi pour Hollywood. À travers ce destin, elle n’accepta ni d’être une femme soumise à son mari ni d’être soumise à gouvernement autoritaire de l’Europe de 1940. Dès lors, elle n’accepta pas d’être bloquée par cette œuvre, et s’obstina à poursuivre sa carrière là où elle seule l’avait décidé, à Hollywood. Une étoile était née.
Ce que la photographie ne dit pas
Derrière la star glamour et l’actrice qui accroche la lumière, l’histoire ne dit pas qu’Hedy Lamarr était à sa façon un précurseur du féminisme. En effet, à une époque où les femmes étaient largement dans l’ombre de leur mari, Hedy Lamarr a décidé d’être celle qui choisit. Ainsi, elle n’a jamais hésité à se séparer d’un conjoint lorsqu’elle le voulait. C’est aussi une femme qui a vécu sa liberté sexuelle, au risque de déplaire. C’est une femme libre qui a fui les régimes totalitaires, c’est une femme qui a pris ses décisions.
Mais surtout, Hedy Lamarr n’était pas seulement une jolie fille, elle était également une personne très intelligente. Elle a tout d’abord compris très vite qu’elle n’avait pas d’avenir dans cette Europe nationaliste qui allait vers la guerre. Elle a compris très rapidement ce que son pouvoir de séduction pouvait lui apporter dans l’industrie du cinéma. Et surtout, elle n’était pas une pin-up, mais une scientifique. En effet, alors que la Seconde Guerre mondiale fait rage, elle met au point un système de codage des transmissions pour les torpilles américaines.
Un destin tragique, une histoire hollywoodienne
Un bon dramaturge appellerait cela l’ironie de l’histoire. L’ironie de l’histoire, c’est qu’Hedy Lamarr a, malgré elle, continué d’être perçu comme une bimbo, alors qu’elle était bien plus. L’ironie de l’histoire, c’est qu’elle a toujours aspiré à interpréter des rôles plus profonds, alors que les producteurs ne l’utilisaient que pour occuper des personnages de jolie fille sexy sans trop d’intérêt. L’ironie de l’histoire, c’est que l’armée américaine n’a pas pris au sérieux ses théories et a préféré faire appel à elle pour distraire ses soldats. L’ironie de l’histoire, c’est que bien des années après la fin de la guerre, ses théories ont été reprises et ont permis de mettre au point des systèmes de GPS et par la suite le Wifi. L’ironie de l’histoire, c’est qu’Hedy Lamarr n’a pas touché un centime pour ce travail. L’ironie de l’histoire, c’est qu’elle a fini sa vie seule, ne voulant pas montrer sa beauté d’autant à présent perdue.
L’ironie de l’histoire, c’est que sa vie est devenue un récit, une véritable histoire hollywoodienne.
Hedy Lamarr from Extase to wifi est un joli film, une histoire passionnante et dépeint un personnage fascinant. Dans le ciel d’Hollywood, les étoiles ont une histoire et certaines d’entre elles sont exceptionnelles.
Hedy Lamarr from Extase to wifi d'Alexandra Dean, en salle le 6 juin 2018. Ci-dessus la bande annonce.