CRITIQUE / AVIS FILM - Après son récent retour avec « Le Dernier Duel », Ridley Scott sort un nouveau film : « House of Gucci ». Une manière pour lui de retracer l'ascension et la chute de Maurizio Gucci, et de dénoncer le fonctionnement d'une société pourrie jusqu'à la moelle !
House of Gucci : Ridley Scott confirme son retour
Après une assez longue période de passage à vide, Ridley Scott, 83 ans, revient coup sur coup avec deux succès. Le 13 octobre dernier, le cinéaste a proposé aux spectateurs Le Dernier Duel, un drame historique de 2h33 qui a séduit la presse comme les spectateurs. Ce mercredi 24 novembre, le cinéaste reste dans les longues épopées historiques puisqu’il dévoile House of Gucci. Changement de pays, changement d'époque, mais toujours un film de plus de 2h30 (2h37 pour être exact).
Avec House of Gucci, le cinéaste raconte un tournant de l'empire italien de la mode à la fin des années 1970, emmené par Maurizio Gucci, l'un des fils héritiers de la marque de luxe. Côté casting, Ridley Scott s'entoure d'une distribution hallucinante, notamment composée de Adam Driver (Maurizio Gucci), de Lady Gaga (Patrizia Reggiani), de Al Pacino (Aldo Gucci), de Jeremy Irons (Rodolfo Gucci), de Jared Leto (Paolo Gucci) ou encore de la française Camille Cottin dans la peau de Paola Franchi.
Comme avec Le Dernier Duel, malgré sa durée excessive, House of Gucci demeure globalement efficace et passionnant. Ridley Scott parvient à gérer son rythme, et évite l'asphyxie inhérente aux trop longues productions. Malgré sa durée impressionnante, House of Gucci garde l'attention de l'assistance de A à Z. Il faut dire que le scénario est beaucoup aidé par les faits historiques de ce récit, qui dépassent régulièrement la fiction. Après Tout l'argent du monde, Ridley Scott se plonge une nouvelle fois dans des histoires de familles gangrenées par l'argent, le pouvoir, la jalousie et l’avarice.
Et finalement, House of Gucci et Tout l'argent du monde se ressemblent beaucoup, notamment dans le portrait que fait le cinéaste de la famille, pervertie par une richesse infectée par le désir du toujours plus et rongée par une avarice maladive. Mais également dans son approche, assez désincarnée et froide, surtout au sein du cinéma de Ridley Scott, souvent visuellement très riche.
Casting impeccable pour une histoire digne de la fiction
Même si l'histoire est totalement dingue, Ridley Scott la raconte avec une certaine distance. House of Gucci est un film assez désincarné, qui manque en tout cas de folie visuelle. Le cinéaste opte pour une mise en scène très académique, qui manque d'excentricité, et qui se contente de raconter l'histoire, de manière très factuelle. Forcément, certains pointeront du doigt le manque d'âme de la production, assez linéaire et lisse.
Ce sont finalement les comédiens qui donnent de la vie à tout ceci. Chacun des membres de ce casting apporte un ton et un goût différent au long-métrage. Il y a évidemment Adam Driver, toujours à la quintessence de son style, de sa classe et de son talent. Ce dernier incarne le fils de la famille Gucci avec énormément de retenu et de précision.
Il y a ensuite Jared Leto, qui, comme d'habitude, en fait des tonnes. Totalement grimé et méconnaissable, il incarne le deuxième fils de la famille Gucci. Un personnage excentrique, présenté comme un élément stupide de la famille, un grain de sable propice pour tout faire capoter. Le comédien parvient à trouver le ton juste en cours de route, et signe finalement une prestation touchante, à la fois drôle et navrante, originale et ridicule, superficielle et profonde, certainement à l'image de Paolo Gucci.
Puis vient Lady Gaga, qui incarne avec une force nouvelle Patrizia Reggiani. Dépeinte comme une femme forte et manipulatrice, la chanteuse s'en sort avec les honneurs, et interprète une protagoniste puissante qui porte le récit sur ses épaules. Quant à Al Pacino et Jeremy Irons, ils sont encore une fois impeccables, dans des rôles sur mesures de ténors de la famille Gucci !
Un regard pertinent sur la société capitaliste
Avec House of Gucci, Ridley Scott se sert de l'histoire de cette famille repoussante, pour porter un regard contemporain sur notre société moderne. Via ce récit totalement hallucinant, le cinéaste montre le pouvoir destructeur de l'argent. Même si sa morale est un peu simpliste, le film permet de visualiser la folie de la puissance, de l'argent, de la notoriété, qui pousse n'importe quelle âme dans la perfidie, le mensonge et la trahison. House of Gucci est l'histoire d'un Empire moderne, celui du capitalisme, du luxe, des finances, du matérialisme. Une histoire qui jette un constat sur l'ensemble de notre société, nécrosée par des figures de réussite financière qui ne méritent pas le respect. Et comme tout Empire, la puissance appelle la puissance, et ce jusqu'à la chute...
House of Gucci de Ridley Scott, en salle le 24 novembre 2021. Ci-dessus la bande-annonce. Retrouvez ici toutes nos bandes-annonces.