Huit ans après le dernier film avec Jennifer Lawrence, la saga Hunger Games est de retour dans les salles le 15 novembre avec un cinquième film intitulé "La Ballade du Serpent et de l'Oiseau Chanteur". Basé sur le roman de Suzanne Collins paru en 2020, il s'agit d'un préquel se déroulant 64 ans avant les événements du premier film. Réalisé par Francis Lawrence, il revient sur la jeunesse de Coriolanus Snow, le tyrannique président de Panem.
Hunger Games : retour vers le passé
Une décennie après avoir salué l'ultime révérence de Katniss Everdeen, l'univers dystopique de Hunger Games renaît de ses cendres avec La Ballade du Serpent et de l'Oiseau Chanteur. Ce nouveau chapitre nous plonge dans les méandres du passé, soixante ans avant l'insurrection emblématique de la trilogie originelle, lors de la dixième édition des Hunger Games - la première à être diffusée sur les écrans sous le concept d'une émission de divertissement avec présentateur et à introduire la figure du mentor aux tributs condamnés à l'arène mortelle.
Au cœur de cette nouvelle aventure, se trouve le jeune Coriolanus Snow, futur président tyrannique de Panem et antagoniste emblématique de la saga. Étudiant ambitieux au Capitole, il se voit confier la destinée de Lucy Gray Baird, une tribut du District 12, terre natale de la célèbre Katniss.
Adapté du roman préquel de Suzanne Collins paru en 2020, ce film explore les origines du despote de Panem, dévoilant les événements qui ont façonné son âme glacée et son absence de compassion.
Francis Lawrence, architecte des trois derniers volets de la saga, orchestre ce retour aux sources avec une ouverture saisissante. Les "jours sombres" y sont dépeints, témoignant de la première insurrection contre le Capitole et de la genèse cruelle des Hunger Games, instrument de domination et de rappel de la victoire du Capitole sur les Districts.
La scène initiale, où l'on découvre un jeune Coriolanus et sa cousine Tiger en quête désespérée de nourriture, met en lumière les séquelles de la guerre sur l'aristocratie du Capitole et la détermination de Snow à restaurer l'honneur familial qui devra passer par une victoire de sa tribut aux Hunger Games. Cet aspect du récit est traité avec un soin méticuleux, capturant l'essence d'une époque évoquée, mais jamais dépeinte, avec des plans et une architecture du Capitole qui témoignent d'un souci du détail remarquable de Francis Lawrence (déjà aux manettes des trois derniers films de la saga).
Des jeux plus dépouillés
Ce préquel s'adresse indubitablement aux aficionados de Hunger Games, tout en s'aventurant sur un terrain risqué : raviver la flamme d'une saga sans sa figure de proue, Jennifer Lawrence. Les acteurs de renom, tels que Viola Davis et Peter Dinklage, sont relégués au second plan, laissant la lumière sur Tom Blyth, incarnant un Coriolanus Snow en devenir, et Rachel Zegler, interprète de Lucy Gray Baird, déjà applaudie dans le West Side Story de Steven Spielberg.
Ce préquel propose une interprétation des Hunger Games radicalement différente. Exit le faste technologique (même si l'on assiste aux balbutiements) et le spectacle grandiloquent des éditions précédentes (les tributs sont jetés dans l'amphithéâtre décrépi affamés, sans entraînement préalable) ; ici, les jeux sont dépouillés, sordides, confinés dans une arène intérieure qui intensifie chaque affrontement. L'action, resserrée, gagne en tension, mais perd peut-être en éclat, reflétant une brutalité plus crue, moins stylisée.
Toutefois, la représentation de la violence est bridée, tempérée par les impératifs d'une classification PG-13, ce qui empêche le film d'atteindre le degré d'intensité que le récit semble requérir.
La Ballade du Serpent et de l'Oiseau Chanteur se scinde en deux actes distincts : le premier, palpitant, nous immerge dans la violence des dixièmes Hunger Games ; le second, en revanche, marque une transition abrupte vers une cadence plus posée, presque contemplative. Cette dichotomie narrative peut dérouter (on assiste presque à deux films en un), le rythme s'essoufflant après une entame haletante, étirant le récit dans une longueur qui frôle par moments l'inutile.
Néanmoins, c'est dans cette seconde moitié que le personnage de Snow se révèle, sa transformation s'opérant de manière un peu précipitée, néanmoins significative, nous menant aux prémices du tyran impitoyable que nous connaissons.
Tom Blyth incarne parfaitement le personnage complexe qu'est Coriolanus Snow, qui, pris dans l'engrenage des jeux, devient un acteur clé dans la perpétuation de ce système cruel. Cette nuance apporte une compréhension plus riche de la manière dont les jeux façonnent tous les habitants de Panem, forgeant des prédateurs même en dehors de l'arène.
De son côté, Rachel Zegler, sans jamais égaler Jennifer Lawrence, offre une performance convaincante, cependant éclipsée par celle de Tom Blyth. Les fans de la saga apprécieront néanmoins de découvrir l'origine de la chanson phare entonnée par Katniss : The Hanging Tree, ici interprétée par Zegler.
La Ballade du Serpent et de l'Oiseau Chanteur se distingue de ses prédécesseurs par une atmosphère moins grandiose, mais plus intime, reflétant la nature confinée de l'arène où se déroule l'action. Ce choix de mise en scène, tout en étant fidèle à l'esprit original de la saga, offre une expérience différente, plus concentrée sur les émotions et les psychologies des personnages que sur l'éclat des jeux spectaculaires auxquels les fans étaient habitués. Certains pourraient, de ce fait, ne pas adhérer totalement au propos du film.
Hunger Games : La Ballade du Serpent et de l'Oiseau Chanteur est à découvrir au cinéma le 15 novembre.