CRITIQUE / AVIS FILM - Après de longues années Alexandre Astier a enfin pu monter le film "Kaamelott Premier volet", particulièrement attendu par les fans de la série. Mais l'attente en valait-elle la peine ?
Le retour du roi
Alexandre Astier aura mis plus de dix ans à monter Kaamelott Premier volet. Une longue bataille pour le réalisateur et scénariste qui s’est montré intransigeant pour être à la hauteur de ses ambitions. Il l’a dit et répété, la suite et fin de Kaamelott se fera au cinéma avec une trilogie. Avec un tel projet, il était ainsi nécessaire de combler les attentes des fans qui ont suivi la série sous forme de sketchs de trois minutes à ses débuts, avant de passer à des épisodes de plus de quarante minutes pour les deux dernières saisons. Mais également d’attirer les néophytes avec un récit suffisamment accessible. Et quant aux irréductibles qui n'adhèrent pas à l’humour de Kaamelott, rappelons que le ton de la série a évolué avec son format, devenant de plus en plus dramatique.
C’est donc dans un esprit d’aventure et de tragédie que débute Kaamelott Premier volet. Alors que le roi s’est retiré, laissant sa place au tyrannique Lancelot, le royaume est au plus mal. Des mercenaires saxons sont engagés pour retrouver Arthur et ses anciens sympathisants. Et si certains espèrent en secret le retour du roi, pas sûr qu’Arthur soit prêt à reprendre le pouvoir...
Dans un royaume de Bretagne lointain, très lointain...
Star Wars est certainement une des plus grosses influences d’Alexandre Astier. Des clins d'œil à la saga créée par George Lucas étaient déjà présents dans la série. C’est désormais la construction même de l’intrigue du film qui semble y faire directement écho (le format de trilogie désiré n’est pas anodin). En effet, outre l’excellente composition musicale qui aurait pu provenir de John Williams lui-même, Astier présente son double Arthur tel un Luke Skywalker sur le retour - celui de Star Wars VIII. Un homme anciennement glorieux qui s’est volontairement éloigné du monde et ne se sent plus capable de s’impliquer. Il est néanmoins poussé par des personnages secondaires (dont le Duc d’Aquitaine, très bon Alain Chabat) qui n’attendent que sa renaissance.
Tout doit alors tourner autour du roi, et Alexandre Astier ne se lasse pas de se filmer sous tous les angles pour mettre en valeur son personnage. Rien de nouveau, en soi, par rapport aux derniers épisodes de la saga. Sauf que ce qui fonctionnait éventuellement sur le petit écran, pèche davantage au cinéma où les limites d’une mise en scène sont plus visibles. Du moins, l’indulgence n’est peut-être plus la même. Visuellement donc, Kaamelott Premier volet n’est pas toujours au niveau du grand film d’aventure attendu et recherché. Et ce, en dépit d’une volonté louable de filmer en extérieur. On pense alors à Excalibur (1981) ou Conan le barbare (1982), mais avec quelques décennies de retard.
Un mélange des genres qui tombe à plat
Plus embêtant, les limites de Kaamelott Premier volet se retrouvent dans son scénario et le mélange de deux styles. On l’a dit, la fin de la série avait vu Alexandre Astier effectuer un virage plus dramatique. La première partie du long-métrage (plutôt réussie) tend immédiatement vers le film d’aventure. On assiste à une mise en place des enjeux avec introduction des personnages. Seulement, cette mise en place s’éternise. La faute, en partie, à l’utilisation d’éléments comiques propres à la série.
Dans des épisodes courts de trois minutes, les bêtises déblatérées par Perceval et Karadoc amusent, tout comme les engueulades entre Léodagan et son épouse, ou l'hystérie du Jurisconsulte interprété par Christian Clavier (fidèle à lui-même). Dans un format long, dont le souhait premier est, encore une fois, d’être une vraie épopée, ces passages tombent à plat et cassent le rythme.
Inégal, Kaamelott Premier volet se traîne ainsi en longueur. La comédie proposée n’a pas le mordant de la série et ne parvient jamais à s’imbriquer totalement avec le reste. D’autant plus dommageable que l’ensemble du récit tient finalement à peu de choses, peu de rebondissements et de surprises. On notera tout de même un certain courage de la part de la production et d’Alexandre Astier d’être allés au bout de ce projet. On parle tout de même d’une grosse production française dans un univers de chevalerie/fantasy qui n’est actuellement pas le plus vendeur. Une prise de risque louable et défendable, mais pas suffisante pour combler une aussi longue attente.
Kaamelott Premier volet d'Alexandre Astier, en salle le 21 juillet 2021. Ci-dessus la bande-annonce. Retrouvez ici toutes nos bandes-annonces.