CRITIQUE / AVIS FILM – Pour sa première réalisation " La famille Hennedricks ", la comédienne Laurence Arné pose un regard tendre sur les rêves d’enfance confrontés aux difficultés et aux joies des familles recomposées. Avec Laurence Arné et Dany Boon.
Comment trouver sa place au sein d’une famille recomposée ?
À l’image de son personnage Justine dans la première scène de La famille Hennedricks, la comédienne Laurence Arné se jette bravement à l’eau en réalisant son premier film. Lors d’une avant-première à Bordeaux, elle disait "vouloir rendre hommage à son enfance et à tous les parents qui mettent de l’énergie à conserver un lien avec leurs enfants". Les "recompositions familiales joyeuses, inspirées de son vécu", ainsi que la charge mentale des femmes qui en découle, sont au cœur même de sa comédie.
Et de famille il est en effet question dans La famille Hennedricks, puisque la sœur de la réalisatrice est co-productrice du long-métrage. Et Ludo, nouveau compagnon de l’héroïne, est interprété par Dany Boon, avec lequel elle forme une vraie famille recomposée. Laurence Arné "a veillé à ce que le projet se monte sur son scénario et son nom à elle, et non seulement sur celui de l’acteur". Elle n’a d’ailleurs pas de prime abord offert à Dany Boon ce rôle inhabituel pour lui.
On découvre donc Dany Boon en père musicien divorcé, qui a la garde exclusive de Joseph (Jehan Renard). Un père maladroit et plutôt cool, dont on découvrira évidemment les autres atouts au long du film. La réalisatrice embarque avec enthousiasme le spectateur dans l’énergie et la bonne volonté de Justine. Avec son fort capital sympathie, Laurence Arné apporte indéniablement à son film un tempo et une générosité qui lui ressemblent.
La musique adoucit les mœurs
Justine et Ludo ont décidé de de se mettre au vert et retapent une vieille baraque au milieu de nulle part. Ils proposent en chambre d’hôte la caravane des parents de Justine. Symbole des souvenirs d’enfance de Justine et de sa nostalgie des voyages, du camping sauvage, des partages et des rires en famille. Car La famille Hennedricks montre très bien l’écart inévitable entre les rêves de la famille idéale et la réalité. Une réalité plutôt dure, puisque Justine jongle aussi avec les problèmes d’argent.
Justine se désole surtout de voir que la greffe n’a pas pris au sein de leur famille recomposée, malgré l’amour que se porte le couple. Elle souffre des différences de mode d’éducation, du manque de communication et d’efforts de chacun. Ludo apprivoise difficilement le fils de Justine Henri (Ferdinand Redouloux). Justine elle-même ne trouve pas vraiment sa place auprès de Joseph. Et les deux garçons n’ont ni le même âge, ni les mêmes centres d’intérêt.
La solution germe dans l’esprit préoccupé de Justine. Reprendre la route avec la caravane et tenter de créer une harmonie familiale. Résistance, mauvaise humeur, cachotteries, fausses notes et révélations seront au rendez-vous. Et une flûte de pan de Justine retrouvée par Henri sera le chaînon manquant pour souder cette famille.
Si Laurence Arné a su doser avec justesse l’ultra-bienveillance de ses personnages principaux, la caractérisation des ex-conjoints est un peu trop archétypale. L’ex de Ludo est tantôt râleuse et donneuse de leçon, tantôt dans une retraite silencieuse, ce qui limite les dialogues. Et celui de Justine (Yannick Choirat) est un "kéké" borné, qui frime avec sa voiture et débine Ludo dès qu’il en a l’occasion.
Avec sa fraîcheur et ses répliques qui claquent à souhait, La famille Hennedricks se révèle alors une comédie familiale et musicale très agréable. Et Laurence Arné rend ainsi un bel hommage aux mères qui réussissent à endosser leur rôle adulte tout en conservant leurs rêves de petites filles.
La famille Hennedricks de Laurence Arné, en salle le 26 juin 2024. Ci-dessus la bande-annonce. Retrouvez ici toutes nos bandes-annonces.