La Haine : 25 ans après, on n'a toujours pas atterri

La Haine : 25 ans après, on n'a toujours pas atterri

CRITIQUE / AVIS FILM - Le 31 mai 1995, le cinéma français était bousculé. L’un des immenses classiques de notre ère et de notre pays voyait le jour : "La Haine", un film puissant, impactant, universel et extrêmement d’actualité.

La Haine, un film nécessaire

Ce qui frappe en premier lieu, c’est la force de La Haine. 25 ans après, le film est toujours d’actualité, et il est encore totalement ancré dans notre époque. 25 ans plus tard le film de Mathieu Kassovitz est toujours autant un brûlot politique, une claque esthétique et un film nécessaire. Nécessaire car il dépeint une réalité encore très actuelle. Il raconte des faits qui se produisent toujours, et il dresse le portrait d’une vie en cité qui a à peine évolué. Et c’est sa pertinence qui lui donne autant d’impact, et de crédibilité. Parce que La Haine pourrait être refait aujourd'hui à l’identique (Les Misérables pourrait en être la version 2019), et aurait toujours un effet essentiel.

La Haine : 25 ans après, on a toujours pas atterri

Parce que La Haine décrit la vie en cité avec énormément de cohérence, de fiabilité, et avec un regard nouveau, détaché des préjugés et des clichés. Un film cru, qui n’édulcore pas la réalité, et donne le pouvoir à une minorité entassée dans des barres d’immeuble. Une minorité qui subit la pression des forces de l’ordre, du regard des autres et de la société en elle-même, qui ne leur offre pas énormément d’alternatives. Matthieu Kassovitz voulait donner la parole à ces communautés, et mettre en lumière leur style de vie et leur quotidien. La Haine a pour lui la force de donner la parole à des personnes qui ne l’avaient pas par le passé, de faire un film de leur point de vue. Matthieu Kassovitz exploite la veine du réel, du cinéma qui a quelque chose à raconter. Il met en scène un sujet brûlant, actuel, important. Et il le filme caméra au poing, en noir et blanc, dans le sable et la sueur, à l’image de ce qu’il veut raconter.

Une mise en scène millimétrée

Parce qu’effectivement, l’utilisation du noir et blanc et la caméra au poing ne sont pas des choix anodins. Par ce procédé, le réalisateur donne une identité forte à son œuvre. Il se met au plus près de ses protagonistes, suit leur routine quotidienne à travers une journée qui va définitivement déraper. Et ces choix techniques, ces choix de réalisations concordent totalement avec le sujet du film. Kassovitz offre un film dur, âpre, violent, où la réalité est lourde, sans échappatoire, sans alternative.

Et par cette mise en scène il donne une force totale à ce qu’il veut raconter, et comment il veut le raconter. Le cinéaste propose un film à la densité physique forte, au sens du langage précis, qui s’adresse à un public large. La Haine s'adresse autant aux habitants des cités qu’à un public extérieur. C'est finalement sa qualité première. Et c'est cette qualité qui rend La Haine aussi intelligent. Il emprunte également au cinéma de Martin Scorsese, lui rendant hommage, et s’inspirant des meilleurs avec beaucoup de respect et de savoir-faire. Cela lui permet de toucher le plus grand nombre et de rappeler avec tact une réalité inadmissible.

La Haine : 25 ans après, on a toujours pas atterri

Matthieu Kassovitz parvient à trouver le juste équilibre. Il propose un mélange parfaitement dosé entre film social et œuvre d’art. Il a compris que pour parler au plus grand nombre, il faut garder une forme de fiction, une forme de cinématographie, un filtre, qui distingue La Haine du véritable film social. Dans son cadrage, dans sa photographie, dans ses effets de mise en scène... Un rendu qui doit également beaucoup au casting impeccable. Bien sûr, il y a Vincent Cassel, totalement révélé dans La Haine. Un rôle culte, un passage indispensable pour cet acteur aujourd’hui international, devenu une grosse pointure. Mais il y a également Hubert Koundé et Saïd Taghmaoui, tous les deux inoubliables. Un trio d’acteurs qui a donné une véritable force à La Haine grâce à un jeu terriblement naturel, sans esbroufe, sans faux pas. Des interprétations folles qui ont donné une crédibilité totale aux personnages et donc au film.

La Haine c’est donc un film beaucoup imité, mais jamais égalé. Une œuvre qui, 25 ans plus tard, est toujours autant d’actualité. Un long-métrage culte, une référence totale, un immanquable.

 

La Haine de Matthieu Kassovitz, ressortie en salle le 5 août 2020. Ci-dessus la bande-annonce. Retrouvez ici toutes nos bandes-annonces.

Conclusion

Note de la rédaction

25 ans après, La Haine est toujours un film nécessaire et indispensable. Une maîtrise totale que ce soit dans la mise en scène ou dans le sujet abordé, qu'il faut absolument revoir sur grand écran.

Note spectateur : Sois le premier