CRITIQUE / AVIS FILM - Une religieuse est poursuivie par un démon qui cherche à tout prix à la posséder dans "La Proie du diable". Un énième film d'exorcisme qui ne propose rien d'original, mais qui met en avant une héroïne charismatique.
La Proie du diable : une énième incursion dans un sous-genre lessivé
Sous-genre particulièrement généreux du cinéma d'horreur, le film d'exorcisme a connu peu de hauts et énormément de bas ces dernières années. Entre Le Dernier exorcisme, Le Rite, Devil Inside, L'Étrange cas Deborah Logan, Possédée, Les Dossiers secrets du Vatican, L'Exorcisme de Hannah Grace ou encore l'abominable The Seventh Day, les productions interchangeables se sont enchaînées, reprenant pour la plupart la formule du démon à grosse voix capable de grimper au plafond popularisée par L'Exorciste.
Dans ce contexte, que pouvait bien nous offrir La Proie du diable ? À première vue, pas grand-chose. Réalisé par Daniel Stamm, qui n'en est pas à son coup d'essai dans ce registre puisqu'on lui doit Le Dernier exorcisme, le long-métrage démarre de manière extrêmement classique. Et s'il n'apporte effectivement aucune véritable nouveauté à travers sa mise en scène et n'évite pas la redite par la suite, il réussit malgré tout à susciter l'empathie pour son héroïne charismatique.
Le film raconte le parcours de soeur Ann, interprétée par Jacqueline Byers (Roadies, Bad Samaritan). Maltraitée par sa mère durant son enfance, Ann a toujours été convaincue qu'elle était possédée par une force contre laquelle elle n'a cessé de lutter jusqu'à sa mort. Devenue religieuse, elle parvient à convaincre le père Quinn (Colin Salmon), enseignant à l'école d'exorcisme St. Michael The Archangel située à Boston, qu'elle est prête à effectuer sa première séance.
Elle fait ses preuves en s'occupant de la jeune Natalie (Posy Taylor) et comprend progressivement que le démon qui tourmente la fillette est possiblement le même que celui qui a détruit la vie de sa mère, et qu'il ne compte pas s'éloigner d'elle. Débute alors un combat personnel entre Ann et la puissance maléfique qui la poursuit.
Moins d'effets pour davantage de fond
Pour ses séquences spectaculaires, le long-métrage réutilise des éléments bien connus. Les personnages possédés tirent la langue et convulsent. Les voix ténébreuses sont légion et les corps sont totalement malléables, ce qui provoque les sempiternels craquements d'os. La Proie du diable rappelle également que de plus en plus de cas de possessions sont recensés, histoire d'apporter une caution réaliste à l'ensemble qui remplace la traditionnelle annonce "inspiré d'une histoire vraie".
S'il reproduit des schémas éculés d'un genre qui peine véritablement à se réinventer et compte d'innombrables productions ringardes, La Proie du diable ne tombe pas aussi bas que certains des projets précités et provoque même quelques frissons. C'est par exemple le cas lorsqu'il dévoile le passé de son héroïne, rendant la mère d'Ann terrifiante en ne la filmant quasiment pas, retranscrivant ses changements d'état par l'évolution brutale et glaçante de son intonation.
Le parcours d'Ann permet par ailleurs de dresser un lien intéressant entre possession et dépression, entre exorcisme et culpabilité. Le parallèle est évident et la mise en scène ne fait preuve d'aucune subtilité, mais le long-métrage a au moins le mérite de ne pas se contenter de moments de terreur vus et revus, préférant même s'en écarter pour tenter de faire naître l'émotion avec un twist prévisible.
Une tentative loin d'être complètement réussie et originale mais grâce à elle, La Proie du diable évite de n'être qu'une énième proposition racoleuse qui essaie d'attirer le public avec quelques visages connus des amateurs d'horreur (Virginia Madsen, Ben Cross et Colin Salmon). Ce qui ne l'empêchera cependant pas de tomber rapidement dans l'oubli.
La Proie du diable de Daniel Stamm, en salles le 26 octobre 2022. Ci-dessus la bande-annonce. Retrouvez ici toutes nos bandes-annonces.