CRITIQUE / AVIS FILM - Dans "La Proie d'une ombre" Rebecca Hall doit faire le deuil de son mari tout en se confrontant à une étrange présence et en tentant de discerner le vrai du faux.
Du mélodrame horrifique
La Proie d’une ombre débute alors que Beth vient de perdre son mari. Une amie l’accompagne devant le pas de sa porte, essaie de se montrer réconfortante, avant de la laisser rentrer chez elle avec un plat à manger - qui sera aussitôt jeté lorsque Beth se retrouvera seule dans sa grande maison au bord d’un lac. La nuit, des bruits la réveillent, un appel de son mari. Difficile alors pour elle de différencier rêve et réalité. Mais il semblerait bien qu’il y a une présence dans la maison.
On pense en premier lieu à Apparences (2000), thriller psychologique réalisé par Robert Zemeckis. Une référence qui semble assez assumée par David Bruckner avec La Proie d’une ombre. Le cinéaste se concentre sur Beth à la manière d’un mélodrame autour du deuil, avant de révéler une vérité dérangeante sur le mari de Beth. Qui sont donc ces femmes photographiées sur son téléphone et qui ressemblent à son épouse ? Était-il simplement infidèle ou plus monstrueux que Beth n’aurait jamais pu l’imaginer ? Finalement, le film basculera définitivement dans le fantastique, s’approchant d’ailleurs du récent Malignant de James Wan. Un choix osé, casse gueule, qui peut ne pas plaire, mais dont on respecte le jusqu’auboutisme.
Au thriller fantastique
La Proie d’une ombre n’est ainsi pas loin de sombrer dans le grotesque. Mais David Bruckner s’en sort grâce à une mise en scène maîtrisée qui maintient une tension constante. Notamment en évitant au maximum l’usage de jumpscares, une facilité qu’on retrouve trop souvent dans le cinéma d’horreur. Il n’en est rien ici. Et c’est justement parce que les jumpscares attendus ne viennent jamais que la pression est à son maximum. A la place, le réalisateur joue sur les formes et les ombres, fait apparaître des silhouettes ici et là.
Ainsi, à défaut d’être d’une grande originalité, La Proie d’une ombre est particulièrement efficace. On y trouve des thématiques déjà vues autour du deuil et de la mort. On apprendra d’ailleurs que Beth y a déjà été confrontée. Son cœur s’étant arrêté plusieurs minutes après un accident de voiture lorsqu’elle était jeune. Mais pour elle, pas de lumière au bout du tunnel. Simplement le vide. Une vision de l’après extrêmement pessimiste qui ajoute au caractère sombre du film.
Le film permet enfin de retrouver la très appréciable Rebecca Hall dans un rôle qui lui va bien. Pas un grand rôle, ni un grand film, mais une œuvre assumée qui parvient à combler de modestes attentes.
La Proie d’une ombre de David Bruckner, en salle le 15 septembre 2021. Ci-dessus la bande-annonce. Retrouvez ici toutes nos bandes-annonces.