CRITIQUE FILM - Six ans après le premier volet, la reine des neiges est de retour ! Plus forte, plus audacieuse et plus froide, celle dont l'hymne raisonne encore dans les cours de récré n'a pas dit son dernier mot. Décidée à comprendre l'origine de ses pouvoirs, Elsa s'élance dans une quête solitaire et périlleuse qui ne vous laissera pas de glace.
Avec plus d’un milliard de dollars de recettes, le long-métrage d’animation inspiré du conte d’Hans Christian Andersen fait un pied de nez à Toy Story 3 et est récompensé aux Annie Awards, aux Oscars du cinéma et aux Golden Globes 2014. La chanson d’Elsa, interprétée par Idina Menzel - et Anaïs Delva en français -, devient un tube planétaire et empêche quiconque de prononcer les termes « libéré » et « délivré » sans qu’un air de piano mièvre ne s’y superpose. Pour Jennifer Lee et Chris Buck, la barre est placée très haut. Comment rendre ce second volet aussi convainquant que son prédécesseur ? Peut-être en misant sur un récit plus mûr, un zeste d’autodérision et un visuel à couper le souffle.
Un récit plus mature
Pour Elsa, le passé n’est finalement pas passé. Il est même au cœur de cette intrigue. Dans le premier volet, Anna, Kristoff et Sven se lançaient dans un périple destiné à retrouver Elsa. Dépassée par ses pouvoirs, la jeune fille avait figé à tout jamais le royaume d’Arendelle en hiver. Dans ce nouveau chapitre, celle qui avait fini par dompter ses pouvoirs s’interroge sur leur origine. Happée par une voix lointaine et hypnotique qui semble l’appeler, Elsa suit le chant des sirènes et met une nouvelle fois son royaume en danger.
Pas de grand méchant pour cette nouvelle histoire. Ce qu’affronte Elsa, ce sont son passé et les éléments. A l’heure où Arendelle découvre son ennemi, un royaume voisin plongé dans le brouillard, la reine de la glace remonte le temps et tente de démêler les ficelles d’un conflit qui la dépasse. On pense alors à Vaiana qui espère sauver son peuple en s’emparant d’une quête délaissée par ses ancêtres. Dans les deux cas, la nature est au centre. Trahie, lésée, elle est celle qui se déchaîne et malmène les hommes qui ont trop vite fait d’oublier ses bienfaits.
La base de cette querelle plonge la reine d’Arendelle dans un récit plus sombre, plus mature, centré sur la quête de soi, la responsabilité et la peur de l’autre. Conscients de l’évolution de l’âge du public, les réalisateurs semblent avoir misé sur des problématiques propres à l’adolescence, mais également, au monde dans lequel on évolue. Nous aussi nous aurions bien besoin d'une magicienne pour réparer les dégâts des hommes sur la nature.
Une fable symbolique
La plus grande réussite de l'animé tient à ses prouesses visuelles. La Reine des neiges 2 nous en met plein les yeux ! Là où le premier film se limitait aux paysages enneigés et à des représentations terre à terre, le second nous emporte dans un univers fait de suggestions, poésie et symboles. L'ambiance automnale marque l'arrivée d'un nouveau cycle tout en restant fidèle à la première peinture d'Arendelle. Les décors et costumes sont grandioses, riches, et donnent envie de croire en la magie. Mention spéciale au cheval d'eau qui accompagne Elsa dans sa course effrénée de vérité et qui nous emporte avec lui dans cette vague onirique et spectaculaire.
Tout est calculé pour nous en mettre un plein les yeux, mais ce qui fait la force du film peut également en faire une faiblesse. Si le travail fait autour de l'imaginaire est remarquable, il a tendance à trop souvent basculer vers l'abstrait et trahir une certaine hésitation sur le récit. Les séquences chantées semblent parfois intervenir pour colmater les failles d'une intrigue parfois décousue, brouillonne, où les tourbillons et paillettes ne sont finalement là que pour garder l'attention du spectateur. Si l'on aime se perdre dans cette mise en scène envoûtante et dragueuse, on se demande, parfois, ce que ce nuage de sequins bleu vient faire là.
De l'autodérision !
Autre point fort du film : son autodérision. Jennifer Lee et Chris Buck ont judicieusement contrebalancé la dimension sombre de ce volet par une bonne dose d'humour et d'autodérision. Ainsi, Elsa se moque de sa performance sur "Libérée, Délivrée", Olaf résume à sa façon le destin tragique des deux sœurs d'Arendelle et Kristoff s'offre un solo clippé et ringard où il pleure l'absence de sa chère et tendre.
Olaf est de loin la star du film ! Encore plus naïf, piquant et encombrant que dans le premier, il distille de la joie, du ridicule, mais aussi beaucoup de tendresse à ce long voyage initiatique. Allant jusqu'à l'humour noir, le bonhomme de neige dénote, surprend, et s'offre une place sur le devant de la scène pour notre plus grand plaisir.
La Reine des neiges 2, de Jennifer Lee et Chris Buck, en salle le 20 novembre 2019. La bande-annonce ci-dessus.