CRITIQUE / AVIS FILM - La talentueuse Noomi Rapace est de retour dans « Lamb », une production islandaise dirigée par le réalisateur Valdimar Johannsson dans laquelle la comédienne élève un étrange agneau.
Lamb : le divin enfant
Noomi Rapace quitte un temps la folie hollywoodienne pour revenir à un film plus simple, loin des gros budgets et des gros studios. La revoilà plongée en Islande, lieu de son enfance, dans un drame fantastique aux relents horrifiques intrigant et efficace. Film minimaliste et contemplatif, Lamb raconte le quotidien d'un couple d'éleveurs de moutons, Maria et Ingvar, qui habitent reclus dans les montagnes islandaises. Lorsqu'ils découvrent un mystérieux nouveau-né, au physique disgracieux et à l'origine inconnue, ils décident de le garder et de l'élever comme leur propre enfant. Lamb est ce genre d'ovni cinématographique comme on en fait peu.
Film fantastique étonnant, le long-métrage propose une approche minimaliste du sujet malgré des thématiques qui auraient rapidement pu tourner à l'horreur. Mais Valdimar Johannsson conserve toujours une forme de calme et de simplicité dans son récit. Le cinéaste refuse de transposer son histoire, qui s'y prête pourtant à la perfection, dans une dimension d'épouvante classique. Même si le film conserve une identité inquiétante et une ambiance parfois oppressante et malsaine, jamais Lamb ne tombe dans la surenchère ou dans une volonté d'impressionner son assistance de manière visuelle ou par une mise en scène ostentatoire.
Valdimar Johannsson propose ainsi une mise en scène simple, sans esbroufe, qui se base sur de superbes décors naturels, une présence restreinte de dialogues, et une ambiance glaciale et constamment troublante. Lamb reste ainsi à la frontière entre fantastique et horreur, sans jamais complètement tomber dans la seconde catégorie.
Des thématiques intéressantes
Valdimar Johannsson aborde des thématiques universelles, mais avec sa propre personnalité. Lamb dérive ainsi les clichés de la parentalité. Son long-métrage raconte finalement une histoire d'éducation, de parentalité, face à ces deux personnages qui trouvent un nouveau-né presque tombé du ciel. Un miracle pour ce couple qui ne peut pas avoir d'enfant (ou du moins semble en avoir perdu un). Un miracle qui peut rapidement tourner au cauchemar. Le cinéaste joue ainsi avec ce cliché cinématographique et confronte la notion de couple à l'enfance, à l'éducation, à l'héritage.
Une approche qui rappelle parfois l'excellent Vivarium, notamment dans son développement du rôle de parent, simple passeur, simple agent de la vie, qui donne tout à son rejeton, avant de passer l'arme à gauche. Une thématique traité une fois de plus avec un style unique, par une volonté de rester dans une forme de simplicité qui menace constamment d'exploser.
Lamb s'arrête également sur l'ancien thème de la créature des montagnes. Valdimar Johannsson retravaille les clichés des films de monstres, de la difformité, de l'unicité. Entre rêves et cauchemars, via un style unique et un design esthétique du nouveau-né et de la créature volontairement perturbants, le cinéaste propose une relecture intelligente. Lamb est un descendant unique, une branche inattendue d'histoires comme celles du Yéti, de Splice, d'Elephant Man ou de La Bête du Gévaudan. Une vieille thématique transformée, modernisée, et surtout unique sous les yeux de Valdimar Johannsson, poussée à l'extrême jusqu'à un dénouement passionnant, impressionnant et totalement iconique.
Lamb de Valdimar Johannsson, en salle le 29 décembre 2021. Ci-dessus la bande-annonce. Retrouvez ici toutes nos bandes-annonces.