CRITIQUE / AVIS FILM - "L'Appel de la forêt", nouvelle adaptation de Disney du célèbre roman de Jack London, sort au cinéma le 19 février. Avec Omar Sy et Harrison Ford comme maîtres successifs d'un chien pas comme les autres, Buck, le film réussit avec les honneurs sa mission de divertissement familial.
L'Appel de la forêt est un film particulier pour Disney, étant un long-métrage original n'appartenant pas à une de ses grandes licences Marvel, Star Wars ou Pixar. Encore mieux, c'est un film de la 20th Century Fox, développé à partir de 2017, quand les studios n'étaient pas encore une filiale de la Walt Disney Company. Entre le catalogue grandissant de ses programmes destinés à Disney +, la programmation des films Star Wars et Marvel, et l'adaptation en live action de ses classiques animés, Disney livre ainsi un Disney presque old school, avec au moins deux stars et un chien tout en motion capture et animation répondant au nom de Buck.
L'Appel de la forêt : Disney dans ses œuvres
Adapté du roman éponyme de jack London, L'Appel de la forêt réalisé par Chris Sanders n'est pas la première adaptation de ce roman publié en 1903. Le livre a rencontré un très grand succès populaire, et il est retranscrit sur grand écran dès 1923. Plutôt que de se mettre une pression inutile, Disney joue la sécurité en proposant une histoire émouvante et des personnages attachants, le tout dans la reconstitution historique typique Disney : juste ce qu'il faut de réalisme pour voyager dans le temps et l'espace, et une ambiance fabuleuse pour faire sourire et serrer les coeurs.
On suit donc l'aventure de Buck, un chien imposant, entre le Saint-Bernard et le berger australien, qui est enlevé de sa confortable maison californienne pour être vendu comme chien de traîneau dans les froides régions de l'Alaska et du Yukon. Il se retrouve dans une meute de chiens dirigée par Perrault (Omar Sy) et Françoise (Cara Gee), deux convoyeurs postaux. Lorsque le télégraphe arrive, Buck se retrouve entre les mains d'un maître odieux, avant d'être recueilli par un vieil homme solitaire, John (Harrison Ford).
L'Appel de la forêt raconte ces deux épisodes de la vie de Buck, qui forment son aventure et son acclimatation à la vie sauvage. Comme à son habitude, Disney s'assure qu'on s'attache à Buck, un chien joyeux et attentionné, dont on rit d'abord de la gentille maladresse et dont on s'alarme, un peu mais pas trop, du mauvais sort.
Un film qui mélange le passé et le futur de Disney
On pourra noter que, dans les premiers instants, l'hybridation entre animation et motion capture utilisée pour Buck (incarné par Terry Notary) donne des résultats mitigés. Mais l’œil s'y fait assez rapidement, d'autant plus quand d'autres chiens rentrent dans l'image. Techniquement, c'est un aperçu de ce que peut nous réserver Disney à l'avenir, et pour les personnages animés comme pour les décors, c'est globalement réussi. Le travail à la réalisation de Chris Sanders, spécialiste de l'animation, est tout à fait honorable sans être éblouissant.
Le film est découpé sèchement entre ses deux parties et, moment de chauvinisme, la partie avec Omar Sy est bien plus convaincante que celle avec Harrison Ford. Intégré dans la meute de Perrault puis rapidement chef de celle-ci, les péripéties que Buck rencontre dans la première partie sont les plus entraînantes. On s'attache beaucoup au couple Perrault-Françoise, qui a le bénéfice d'être interprété par des acteurs apportant plus de nouveauté et de fraîcheur que le vénérable Harrison Ford. Il y a une forme de "jamais vu" dans cette première partie qui laisse transparaître le fait agréable qu'une surprise est toujours possible devant un film Disney.
La partie avec John, où Buck se retrouve plus ou moins libre dans la région la plus sauvage - la fin de la route pour John et le début d'une nouvelle vie pour Buck, est assez convenue, sans surprise, avec un ralentissement de la narration qui ne s'explique pas vraiment. Comme si Disney avait introduit dans une première partie sa technologie actuelle et une nouvelle génération d'acteurs pour tester de nouvelles choses, avant de réduire la deuxième partie à une recette (trop) connue. Paradoxalement, alors que la première partie s'ouvrait sur les chapeaux de roue et de l'inédit, cette seconde partie a un goût prononcé de "déjà vu".
Film familial par excellence, les amoureux des chiens, de la nature et des bons sentiments devraient être convaincus par L'Appel de la forêt. Celui-ci ne restera pas dans les annales du grand catalogue de Disney, mais il a le mérite d'être une adaptation respectueuse de l'oeuvre de Jack London et de donner à Disney une sorte de temps de parcours, une photographie, un exemple parlant de son cinéma à l'heure où l'arrivée de Disney + va forcément bouleverser les formats et les narrations connues.
L'Appel de la forêt, de Chris Sanders. Au cinéma le 19 février. La bande-annonce ci-dessus. Retrouvez ici toutes nos bandes-annonces.