CRITIQUE FILM - La nouvelle comédie populaire "Le Doudou" avec Kad Merad et Malik Bentalha s’avère être plutôt réussie, mais pêche par manque d’audace et finit par être trop gentille.
Après Les Tuche, Philippe Mechelen et Julien Hervé reviennent avec une nouvelle comédie populaire, Le Doudou. Ils réussissent bien l’exercice, mais malgré un bon scénario et un casting abouti le film pèche par manque d’audace dans la caricature de ses personnages.
Le scénario du film est simple, mais fonctionne plutôt bien et se tient bien pour une comédie. En effet, Michel, interprété par Kad Merad, conseiller municipal et bon père de famille, cherche à retrouver le doudou de sa fille perdue à l’aéroport de Roissy quelques jours plus tôt. Sofiane, employé à l’aéroport, y voit une opportunité de faire de l’argent. Mais Michel ne se laisse pas berner et reconnaît la supercherie. Dès lors Sofiane lui propose vraiment son aide et les deux compères se retrouvent embarqués dans une quête plus compliquée que prévu.
Des codes du genre sont présents
Le Doudou respecte parfaitement les codes de la comédie et plus précisément ceux de la comédie populaire. Ainsi, le film est conduit par un duo comique, un clown blanc accompagné de son auguste. En effet, le personnage de Kad Merad est celui qui doit subir son acolyte, ce qui amène le ressort comique. Malik Bentalha, lui, joue parfaitement le galérien ou le gaffeur, et entraîne forcement le très sérieux Kad Merad. Et forcément, les deux vont se rapprocher à un moment. De plus, après avoir caricaturé la bofferie avec Les Tuche, les réalisateurs dépeignent ici d’autres catégories de la population et souvent en tirant les bons traits. Ainsi, l’aristocratie parisienne, les milieux étudiants aisés et les retraités friqués sont joliment pastichés. Une bonne caricature fonctionne lorsque les auteurs accentuent les traits crédibles et risibles. Et sans nul doute, les meilleures scènes du film sont celles où les auteurs parodient leurs victimes.
Un casting de film comique
Outre la présence de Kad Merad et de Malik Bentalha, le film réunit quelques seconds rôles qui font plaisir à voir. Romain Lancry renvoie irrémédiablement à son rôle de victime habituel. Mais cette fois-ci, le spectateur le découvre un peu plus, et le voit gaffer presque toutes les dix secondes. À l’inverse, David Salles est parfait en molosse complètement déjanté. Et puis Guy Marchand, a.k.a Nestor Burma, quelle belle surprise de le voir jouer les vieux c… Friqués et mesquins ! Enfin, Élie Semoun prête toujours à rire dès que le spectateur le voit.
L’inconvénient : du trop et du pas assez
Une comédie populaire et satirique ne rime pas forcément avec film insignifiant, cela peut aussi être un grand film. Ainsi, Affreux, Sale et Méchant est un classique dans le genre. Le maître Louis De Funès n’y allait pas non plus de main morte pour railler nos défauts. Le gros inconvénient avec Le Doudou, c’est que les gags ne font qu’égratigner. Le film reste toujours gentil et politiquement correct. Jamais il ne va à fond dans la caricature, quitte à déplaire, mais aussi à plaire. L’œuvre reste toujours dans la mesure, alors que les auteurs tapent au bon endroit sur ceux qu’ils chargent. Une fois encore, s’ils y vont, qu’ils y aillent à fond. Malheureusement, Le Doudou reste tout le temps sur la retenue et le film devient complètement inoffensif. Il vire même dans l’exagérément gentille, presque larmoyant à la fin, où tout le monde est beau et où les ficelles sont aussi grosses que des câbles porteurs. Au final, on a le sentiment d’avoir vu un film qui ne prend jamais le moindre risque, qui se moque un peu, mais en faisant attention de ne pas trop brusquer. Dommage.
Le Doudou de Philippe Mechelen et Julien Hervé, en salle le 20 juin 2018. Ci-dessus la bande annonce.