CRITIQUE FILM - Les studios Disney nous offrent une suite aux aventures mémorables de la nounou la plus magique du cinéma. Mary Poppins, brillamment incarnée par Emily Blunt, traverse les générations dans une suite qui, malgré quelques défauts, est une belle réussite.
Le vent est à l'Est, une ombre familière trace un petit chemin dans le ciel bleu Londonien, celle qui était apparue il y a 54 ans sur les grands écrans, signe son retour avec la même énergie et la même magie. Difficile de s'attaquer à un grand classique de la filmographie Disney, pourtant c'est bien le pari que Rob Marshall, le réalisateur, entre autres, de Chicago ou du plus récent Into the Woods (un projet aussi signé par les studios aux grandes oreilles), s'est lancé. Et à en croire les quatre nominations aux Golden Globes 2019 (meilleur film dans la catégorie musical, meilleure actrice dans un film musical pour Emily Blunt, meilleur acteur dans un film musical pour Lin-Manuel Miranda et meilleure bande-originale pour Marc Shaiman et Scott Wittman), Le Retour de Mary Poppins s'aligne déjà avec le premier, qui mettait en scène la merveilleuse Julie Andrews, icône indétrônable.
Emily Blunt : héritière de Julie Andrews
C'était particulièrement risqué d'offrir aux spectateurs une suite aux aventures de Mary Poppins. Le film est un grand classique, un objet culte et presque inatteignable mais décidément pas intouchable. C'est d'ailleurs ce que nous prouve tous les ans le cinéma qui relance la machine à souvenirs, qui surfe sur les succès de la pop culture pour toucher les nouvelles générations et pour, disons les choses simplement, signer des gros chèques. Le Retour de Mary Poppins aurait pu s'inscrire dans la désormais grande liste des œuvres revenues pour offrir le pire. Pourtant, malgré quelques longueurs scénaristiques et les trop grandes ressemblances avec son prédécesseur, le long-métrage est une réussite.
Une petite douceur dans un monde chaotique, rongé par les maux politiques et sociaux. Mary Poppins est cette magie qu'il fallait, cette répartie légendaire et cette présence réconfortante. Il faut dire que la production a engagée une petite perle, un diamant à l'état brut, une actrice qui, à travers les différents projets dans lesquels elle joue, incarne ses personnages plus que tout. On a presque du mal à imaginer une autre Mary Poppins que celle incarnée par Emily Blunt, alors qu'il y a quelques mois, on avait dû mal à imaginer une héritière à Julie Andrews. Il suffit de l'entendre prononcer sa première réplique et notre cœur d'enfant bat la chamade. Et on peut l'avouer sans rougir, si cette suite est une réussite, c'est en grande partie parce que l'actrice londonienne est à sa tête.
Le rythme dans la peau
Au-delà du casting fortement attachant, Emily Blunt bien sûr, mais également Lin-Manuel Miranda qui, à travers Jack, son personnage, montre toutes ses capacités athlétiques à défaut de réellement prouver ses capacités d'acteur, il y a l'énergie globale du film. Ce qui fait la force du premier film, c'est évidemment, après l'histoire, sa bande-originale. Initialement composée par les deux grands noms des studios américains lors de leur âge d'or, Richard et Robert Sherman, cette dernière est mémorable et traverse, d'année en année les générations.
Pour cette suite, on apprécie la démarche des studios à recréer une bande-originale complète, bien que certaines notes de la première soient reconnaissables. Pour succéder à l'œuvre des deux frères, Marc Shaiman et Scott Wittman, se sont lancés tant bien que mal dans cette épopée. Et bien que celle-ci a le mérite d'essayer de ne pas copier, elle ressemble parfois à la première, sans malheureusement jamais l'égaler. On pense notamment aux morceaux Luminomagifantastique, dont le titre laisse déjà transparaître la ressemblance avec le premier, et La Magie des ballons qui ressemble fortement à Laissons-le s'envoler. Seul le temps nous dira si ces morceaux deviendront aussi mémorables.
Toutefois, malgré quelques défauts d'une bande-originale inégale, le film ne manque pas de rythme grâce aux nombreux passages chorégraphiés que les acteurs et actrices exercent avec une énergie folle. Entre deux scènes joliment mises en scène, on retiendra surtout celle des allumeurs de réverbères qui, bien qu'elle ressemble fortement à celle des ramoneurs de cheminées dans le premier, est remarquable. L'atmosphère d'un Londres sous la brume, les petites lumières chaleureuses, une musique charmante et une chorégraphie entraînante. Bien que l'on connaisse la recette, elle fonctionne, et à quelques jours des fêtes de fin d'année, elle est celle que l'on adore retrouver.
Le Retour de Mary Poppins de Rob Marshall, en salle le 19 décembre 2018. Ci-dessus la bande annonce.