CRITIQUE / AVIS FILM - Lou de Laâge vit plusieurs existences dans "Le Tourbillon de la vie". Un mélodrame ambitieux, mais qui ne tient pas toutes ses promesses...
Le Tourbillon de la vie : une héroïne, plusieurs destins
Récompensé en 2011 par le César du Meilleur court-métrage pour L'Accordeur, Olivier Treiner signe son premier long avec Le Tourbillon de la vie. Un projet ambitieux, qui traite d'un sujet passionnant et tente de répondre à des questions existentielles fondamentales : qui serions-nous si nous avions fait d'autres choix ? Qu'aurait été notre vie si nous avions évité certains malheurs ? Est-il possible de forcer le destin ou celui-ci a-t-il gagné dès le départ ?
Le film fait voyager le spectateur entre les différentes vies de Julia, incarnée par Lou de Laâge. Tout commence lors des études à Amsterdam de cette jeune et prometteuse pianiste. Lorsqu'elle apprend que le mur de Berlin s'effondre, elle décide de se rendre en Allemagne pour assister à cet événement historique. La chute de son passeport, retrouvé par une amie ou demeurant invisible sous un lit dans leur chambre, va provoquer une première scission du récit.
Viennent ensuite les rencontres déterminantes, les histoires d'amour marquées par des joies et des drames, les accidents qui la forcent à renoncer à sa passion, les réussites qui la propulsent au sommet, les brouilles et les réconciliations familiales...
Les différents visages de Lou de Laâge
Le Tourbillon de la vie bénéficie donc d'un postulat extrêmement alléchant mais également compliqué à aborder. Le destin et le hasard ainsi que la manière dont ils conditionnent ou non notre existence représentent une thématique qui touche à quelque chose d'intime et influencée par de nombreux paramètres, comme les croyances religieuses. Le long-métrage ne rentre pas dans des considérations métaphysiques et préfère se concentrer sur les faits qui chamboulent et transforment les vies de Julia, qu'ils soient positifs ou négatifs.
Une simplicité qui dessert le propos du film. Ce dernier n'apporte finalement aucune réponse aux interrogations qu'il soulève mais offre à Lou de Laâge un vaste terrain de jeu. La comédienne réussit à interpréter plusieurs protagonistes qui ont certes le même socle, mais que les nombreuses épreuves qu'ils traversent ont transformés.
La révolte, la froideur, l'aigreur, la souffrance, la tristesse, l'abnégation, l'abandon, le renoncement ou encore la joie... L'actrice dévoile en un long-métrage une palette extrêmement large, au point d'éclipser la plupart de ses partenaires. Si ses histoires d'amour avec Raphaël Personnaz, Denis Podalydès, Sébastien Pouderoux et Aliocha Schneider ne provoquent jamais les émotions souhaitées et tombent parfois dans la mièvrerie ou la caricature, les échanges avec ses parents Anna (Isabelle Carré) et Pierre (Grégory Gadebois) sont en revanche toujours justes.
C'est lorsqu'il se penche sur l'évolution de leurs rapports que Le Tourbillon de la vie s'assume véritablement comme un mélodrame, s'accordant le droit d'aller dans des émotions fortes sans retenue et trouvant ainsi le bon ton. À l'inverse, quand il se penche sur la découverte d'une infidélité ou l'impossibilité d'avoir des enfants, le film reste malheureusement lisse.
Une narration hasardeuse
Si certains personnages manquent de développement et que les séquences romantiques ou de rupture n'ont pas la puissance recherchée, c'est aussi parce que Le Tourbillon de la vie se perd dans ses différentes intrigues et ne donne pas suffisamment de repères au spectateur pour qu'il s'y retrouve.
Comment raconter plusieurs vies d'une même personne en seulement deux heures ? Sur cette question, Mr. Nobody reste un modèle puisqu'il ne s'éparpille pas autant et ne navigue pas autant entre ses différents récits, préférant les traiter les uns après les autres.
Dans sa dernière partie, le spectateur doit deviner le parcours de Julia qui lui est présenté. Certaines vies reprennent alors qu'elles avaient disparu, ce qui crée de la confusion. Puis, Le Tourbillon de la vie abandonne les nombreuses pistes ouvertes au départ pour ne se focaliser que sur une seule. Si l'envie de vouloir ramener les différentes existences à la même finalité est compréhensible, elle ne fait qu'amplifier la déception du spectateur, qui aurait justement aimé voir tous les destins de Julia jusqu'au bout.
Le Tourbillon de la vie d'Olivier Treiner, en salles le 21 décembre 2022. Ci-dessus la bande-annonce. Retrouvez ici toutes nos bandes-annonces.