CRITIQUE FILM - En 1979, deux familles ont une idée folle : s'enfuir d'Allemagne de l'Est pour rejoindre l'ouest au moyen d'une montgolfière artisanale. Seulement, entre la Stasi qui guette, les problèmes techniques et la dépendance à la météo, le projet se révèle encore plus compliqué que prévu. Commence alors une course contre la montre pour s'enfuir avant que la police ne découvre ce projet considéré comme de la trahison ...
L'histoire de la R.D.A, partie de l'Allemagne sous influence soviétique durant la Guerre Froide, est souvent présentée au cinéma par le prisme de Berlin. Il faut dire que le mur qui coupait en deux la capitale symbolisait bien le "rideau de fer" qui séparait non seulement l'Allemagne, mais aussi les blocs Est et Ouest en général. Dans Le Vent de la liberté, on s'écarte un peu de Berlin, mais l'histoire est toute aussi passionnante.
Good Bye, R.D.A. !
La première chose qui frappe l'œil du spectateur, ce sont les couleurs. Là où le bloc soviétique est régulièrement filmé comme un monde gris, sans trop de couleurs, on nous présente la petite ville est-allemande de Stössneck aussi haute en couleur qu'une banlieue pavillonnaire d'un film américain. Des vêtements aux voitures, tout brille de mille feux, puis s'estompe avec l'espoir des héros... Jusqu'à ce que les couleurs reviennent, éclatent, sur les tissus d'une montgolfière.
Le Vent de la liberté commence sans ambage, sans chercher à nous expliquer pourquoi la famille Strelzyk, au centre du long-métrage, cherche à fuir la R.D.A. Les motivations sont sous-entendues, infusées au fil de l'action et des doutes des personnages. Le carton "inspiré d'une histoire vraie" n'empêche pas de s'attacher à ces derniers, de craindre pour leur peau. Ce n'est d'ailleurs pas la première fois que l'histoire est adaptée sur grand écran, puisque Disney s'en était déjà servi dans les années 1980, pour un film aujourd'hui oublié, La Nuit de l'évasion.
La Grande évasion
Là où le film se démarque, et là où réside un des plaisirs du spectateur, c'est dans sa reconstitution de l'Allemagne de l'Est. Sans diaboliser, sans non plus en faire l'éloge, le long-métrage plonge dans un univers où tout va bien en apparence, mais dans lequel toute pensée contraire au régime doit être cachée. Pas de répression explicite, mais un voisin travaillant à la Stasi ; pas d'interdiction d'écouter de la musique occidentale, mais évitons de l'écouter trop fort.
Comme dit précédemment, le film fonctionne car il maîtrise bien la recette du film d'évasion. Tous les éléments y sont, y compris son méchant, colonel de la Stasi dont le cheminement vient un peu casser le rythme, mais qui vient rajouter de la tension. Bien entendu, quiconque a vu une poignée de films du genre saura prévoir à l'avance le déroulé de certaines scènes. Peu importe : pour peu qu'on accepte les règles du jeu, on se laisse porter par le film, telle la montgolfière en son centre !
Au-delà de cela, Le Vent de la liberté est avant tout une histoire familiale, aux protagonistes attachants - un film d'évasion est difficilement réussi si on ne ressent aucune empathie envers ses héros ! Peut-être veut-il parfois trop se donner des airs de blockbuster : on pense notamment à une musique malheureusement envahissante, qui sonne très Hans Zimmer, mais dans ce que le compositeur a de plus gênant. En dehors de ce point, le film de Michael Bully Herbig n'a pas à rougir devant des films au budget plus élevés. Car derrière cette histoire de deux familles qui veulent franchir le rideau de fer, Le Vent de la liberté reste un thriller grisant, qui arrive à maintenir une tension constante pendant deux heures.
Le Vent de la liberté de Michael Bully Herbig, en salle le 10 avril 2019. Ci-dessus la bande annonce. Retrouvez ici toutes nos bandes-annonces.