CRITIQUE / AVIS FILM - L'univers « Star Wars » est de retour sur Disney+. Pour accompagner les fêtes de fin d'année, le studio propose une aventure animée « Lego Star Wars » de 45 minutes, qui prend place après les événements de « Star Wars 9 ».
Une proposition avant tout commerciale
Les producteurs devraient pourtant le savoir que les films Star Wars spécial vacances de Noël sont une mauvaise idée. George Lucas s'était déjà briser les dents sur ce concept en son temps, mais Disney ne semble rien avoir appris de cette triste expérience. Le studio aux grandes oreilles propose une nouvelle aventure Star Wars directement sur sa plateforme Disney+. Réalisé par Ken Cunningham, ce moyen-métrage intitulé Lego Star Wars : Joyeuses Fêtes est avant tout une production commerciale. Une proposition qui semble exister simplement pour séduire les fans trop crédules et faire la promotion des petits jouets avant les fêtes de Noël. On s'attendait à tomber sur une petite sucrerie façon La Grande Aventure Lego, on se retrouve avec une publicité de 45 minutes pour les Lego Star Wars.
Lego Star Wars : Joyeuses Fêtes est globalement à éviter. Pourtant, c'est une production qui s'inscrit dans la continuité de la saga. Comme preuve, le générique Star Wars de l'univers étendu déjà présent au début de chaque épisode de The Mandalorian, retentit ici aussi. Mais, le long-métrage cherche à jouer au plus malin et se prend les pieds dans le tapis. Le pitch était pourtant sympathique. Tandis que les événements se déroulent après L'Ascension de Skywalker, Rey tombe sur un artefact qui lui permet de remonter le temps et de débarquer à travers tous les grands instants de la franchise. Mais le scénario, beaucoup trop faible, n'exploite jamais le potentiel de ce pitch.
Un film faussement méta
Alors oui, Lego Star Wars : Joyeuses Fêtes tente de suivre les pas de la franchise La Grande Aventure Lego en jouant avec les références de la saga galactique. Ken Cunningham tente d'offrir une approche constamment décalée, dérivant les grands instants de la licence avec humour et dérision. Pour autant, le comique trop simpliste et souvent trop enfantin ne prend pas, et n'atteint pas la folie de Phil Lord et Chris Miller. Les vannes sont attendues, sans grande originalité, tentant de surfer sur l'aspect méta des autres films Lego.
Le rendu est essoufflé, se contentant de jouer maladroitement avec les poncifs de la franchise. En reprenant le concept de Avengers : Endgame, où les vengeurs retournent dans le temps pour modifier les instants cruciaux de leur continuum, Lego Star Wars : Joyeuses Fêtes trahit une véritable absence de vision artistique. Le film se contente de servir du fan service bruyant à ses spectateurs, en offrant quelques secondes de chaque épisode, mais sans saveur, sans développement ou même un impact suffisant pour donner une quelconque crédibilité au programme. En ressort un mashup fatigué, incohérent, sans grand intérêt.
Ken Cunningham veut jouer au plus malin. En s'amusant sur le côté méta du film, il veut surfer sur la réussite de Batman Lego, en offrant une pelle de références aux fans. Mais si l'exercice fonctionne à la perfection dans le précédent film Lego, ici, tous les essais tombent à plat. La faute à une volonté de trop en faire, alliée à un manque cruel de subtilité.
Lego Star Wars : Joyeuses Fêtes porte de bons gros sabots et ne cesse de faire du coude à son spectateur, en insistant grossièrement sur les références évidentes. Pourtant, d'autres utilisaient ce procédé à merveille, comme l'excellent Teen Titans Go, qui tourne en dérision tout son univers DC ultra sérieux et sombre. Se balader à travers la saga, c'est cool, mais en racontant des choses, c'est mieux !
Un divertissement à éviter
Heureusement, quelques situations font mouche. De rares instants où l'aspect auto-référence fonctionne justement. Des moments de salut où l'humour prend son sens, grâce à une meilleure mise en situation, et une auto-dérision qui trouve son ton. Exemple avec le traitement de Kylo Ren, qui se moque de la fameuse séquence dans Le Réveil de la Force où Adam Driver se ballade torse nue. Une scène qui a fait jaser, que Ken Cunningham dérive avec humour et perspicacité, à la manière de Lego Batman avant lui. La relation entre Dark Vador et Palpatine permet elle aussi de sortir le film de son intrigue prévisible, et comporte quelques instants comiques salvateurs.
Lego Star Wars : Joyeuses Fêtes reste un film paresseux. Presque calomnieuse, cette production prouve une que Disney porte davantage intérêt à l'aspect commercial qu'à l'aspect artistique de ses films. Lego Star Wars : Joyeuses Fêtes donne la désagréable impression que Mickey pompe les derniers centilitres de lait d'une vache fatiguée, qu'il vaudrait mieux laisser se reposer. Plus fan-service tu meurs, plus inutile tu meurs, plus inauthentique tu meurs aussi... Lego Star Wars : Joyeuses Fêtes est un parjure hypocrite, presque vénale, qui séduira, au mieux, l'indulgence de l'enfance.
Lego Star Wars : Joyeuses Fêtes de Ken Cunningham disponible sur Disney + le 17 novembre 2020. Ci-dessus la bande-annonc. Découvrez toutes nos bandes-annonces ici.